On avait déjà les Eurocrates contre le lait cru et Luc Ferry contre les laids crus (by ze way, ça sent fort, non ? son néo-silence assourdissant, il a dû tomber sur une pâte dure). Aujourd’hui, E-coli attaque le pays qui n’avait encore que 365 fromages du temps du Général.

Lui, il achetait ses timbres. Maintenant, c'est l'inverse (relire Hirsch). Il y a quelque chose de pourri, un genre de "chienlit" comme il disait, au Royaume de France
On ne s’en rend pas encore trop compte, on est encore à l’apéritif de la crise et il fait encore soleil. On a mis une jolie nappe sur l’herbe grouillante d’E-coli en plus des saletés chimiques devenues habituelles et on sait qu’il y a encore plein d’insectes et autres vers menaçants vivants et que peut-être même un peu de pluie radioactive est clandestinement tombée sur le sol national mais jusqu’ici tout va bien. C’est le temps des cerises, le ciel est presque aussi bleu que pendant les Trente Glorieuses et en plus on a les RTT, le GPS, les iTrucs et #FF, alors même si on sent bien qu’on risque de ne pas avoir fromage et dessert et même s’il pourrait pleuvoir avant la fin du repas (sinon, si la sécheresse revient, il y a aussi risque d’incendie déclenché par le BBQ, comme en Grèce), les récoltes sont bonnes, la chasse aux sangliers rôtis est encore ouverte et notre vie est plus belle que celle de beaucoup d’autres passés, présents et futurs.
Et puis avec la mode du vintage, on a même un revival des banquets républicains où si on est sage et généreux donateur pour la campagne on est invité en bout de table pour couper le pain et applaudir les zélus passés, présents et futurs en trinquant à la santé des déficits, des financiers et des additions qu’on laissera sur la table (les dessous de table, c’est une autre histoire, ou pas, mais ça ne marche pas en pique-nique, ou alors il faut enterrer les enveloppes et ensuite ça fait des histoires dont on parle encore 20 ans plus tard, ou pas si les parties prenantes, le mot est bien choisi, sont encore aux affaires) à payer un jour par d’autres.
Et puis on plein de politiciens qui vont nous promettre comme avant-hier (genre les Jeanne d’Arc de banlieues ouest ou du Poitou et les rebelles bien assis dans les fauteuils en velours du 21è siècle), comme hier (genre les candidatures tellement inutiles de has-been qui font juste la propagande et la notoriété de leur sous-parti avant les législatives parce que le financement des partis est ainsi fait comme l’ont auto-décidé nos zélus) et pire encore comme aujourd’hui (genre gloutons des primaires ou vieux piliers de cuisine en tablier ou hésitants qui rassemblent tous les vides à toutes fins utiles, mais on n’a pas encore tout vu), qui nous promettront, disais-je, les mêmes lendemains qui chantent et déchanteront, des parapluies plus ou moins percés (made in ailleurs, bien entendu) ou même des parachutes dorés comme des staphylocoques pour nos retraites et des boucliers garantis bio contre tout.
Cela ne sera pas un luxe, ces politiciens qui nous feront de belles promesses, parce que le Prozac est inabordable depuis qu’on a l’inflation, l’Euro et plus de mutuelle et qu’on a collectivement un peu créé les conditions d’une sorte de changement un peu préoccupant à force de ne pas s’occuper du jardin en espérant qu’il suffisait de modifier le climat, de polluer à grands jets et si nécessaire de trucider un peu en masse pour se débarrasser de tous les prédateurs et gênants réputés sauvages et/ou nuisibles et/ou inutiles et/ou whatever works pour tuer son chien (ou l’abandonner au bord de la route des vacances, c’est plus humain, pense-t’on, mais ça dépend un peu comment les pépères de l’Académie vont redéfinir le mot « humain » quand ils auront fini leur brainstorm sur « civilisation », leurs corrections pour « France » et leur copier-coller sur « élections »). Ach, le changement, gross Malheur.
Mais revenons à nos fromages 2.0 de http://www.france.fr.
Il y a les fromages à pâte dure, goûteux mais qu’il faut attaquer avec une rape et un(e) moral(e) d’acier, genre les niches fiscales et autres avantages acquis sur les résidences secondaires des exilés nécessiteux ou les cartes à places de parking « handicapés » pour 4-4 diesel GTI géants et autres véhicules puissants à confortables sièges en cuir made in far away et autres spécialités que le monde entier nous envie de moins en moins en rigolant de plus en plus (by the way, les autres pas français sont maintenant plus ou moins 99% et plus des citoyens du monde, alors nos convulsions et autres discours inoubliables à l’ONU ou ailleurs les laissent plus indifférents que la sortie du nucléaire d’Angela ou un hochement de tête chinois, inutile de dépenser des impôts pour traduire les discours de campagnes électorales en anglais ou les mettre sur http://www.france.fr, tout le monde s’en fiche encore plus et les lit encore moins à l’étranger, il suffit de faire de grandes gesticulations, de porter le costume qui fait le moine de son Parti (ainsi que les tongs marquantes pour les plages en été) et d’inviter quelques leaders d’opinion (by the way, opinion publique, ça dit tout si les mots ont un sens) et caméras à une bonne cantine de temps à autres et une bonne partie de campagne est faite.
Il y a les fromages à pâte pressée (rien à voir avec les jeunes gens pressés de faire de l’audimat aux primaires 2012 pour 2017 et plus, quoique …), les plus communs et faciles à manger et à faire avaler aux zélecteurs de tous âges qui s’y reconnaissent bien. Souvent plein de trous, des solidarités sociales à la fiscalité générale, ils paraissent plus facile à râper mais il y en tellement, que les meilleures mécaniques s’engorgent avec.
Il y en a de coulants, genre les subventions à toutes sortes de professions menacées par le monde réel mais labellisées « intérêt général pour l’emploi visible » et/ou disposant de bon lobbyistes, mais en principe même les politiciens les plus roublards ne peuvent plus promettre qu’on rasera longtemps gratis avec l’argent du contribuable disparu ou de l’Europe en péril.
Il y en sûrement de malodorants, limite pestilentiels. Tout le monde le sent, le sait, mais on n’a pas le droit de poser de question, même préalable, il y a présomption d’excellence.
Il y en a certainement de très, beaucoup trop, gras. Certains le savent mais ils sont bien cachés, on n’a pas le droit d’en parler et il vaut mieux ne pas s’en approcher.
Il y en a peut-être de toxiques, limite radioactifs. Comme ces produits étrangers périmés ou déclarés impropres à la consommation mais remalaxés sans états d’âme et repackagés sans remords chez d’autres étrangers, dont on espère qu’ils ne sont vendus qu’à l’étranger, mais ce serait inconvenant d’en parler.
Et puis il y en a d’honnêtes, de sublimes, mais ceux-là, bientôt on n’en parlera plus, c’est comme pour la monnaie, la politique ou la vérité : la mauvaise chasse l’autre, en général, si les producteurs et les consommateurs ne se battent pas. Ensemble, s’ils veulent avoir une chance que les mômes de leurs mômes puissent aller à une école raisonnablement abordable sinon gratuite (parce que le Père Noël est une ordure, on le sait depuis les années 80), pas trop ramollie du bulbe parce que sinon autant aller tout de suite en taule ou à l’hospice, et où on apprenne aux mômes que « fromage de la république » c’est aussi un truc fait par d’honnêtes gens avec de l’honnête lait et vendus par d’honnêtes commerçants à d’honnêtes consommateurs. C’est plus rare, c’est en voie de disparition, mais ça existe encore en 2011.
Renaud Favier – 24 juin 2011 – http://www.renaudfavier.com – Net-Land-Art
Le bonus : commentaires de cour à Versailles en 2008 sur E-coli un arbitrage relatif à un vieux dossier instrumentalisé depuis que le Royaume est entré en période pré-électorale.
C’est fini pour aujourd’hui, il faut profiter du beau temps pour le pique-nique.
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