On n’entend plus parler de boycot du foie gras au salon alimentaire allemand de Cologne en octobre : les viriles déclarations de politiciens gaulois en début d’été ont sûrement permis de trouver une solution favorable aux intérêts des électeurs et/ou des autres oies françaises.
Parce que quelle que que soit la langue que parlent les volatiles importés dans les basse-cours pour sauver la tradition européenne, la gastronomie française et toussa-toussa genre les salades à la féta à l’ancienne de chez Zorba en bisbille avec le FMI et les tomates-mozza bio de chez le plan de rigueur à la Bunga-Bunga, et même si on n’élève plus trop d’oies dans les fermes façon « le bonheur est dans le pré » et si ça serait très étonnisch nicht que les canards soient les seuls à avaler du rienkedubonsansOGM alors qu’on se tape toutes sortes de couleuvres et autres bizarreries alimentaires, ça serait quand même consternant qu’encore un des doigts français montrant la lune soit coupé, assez incompréhensible que le lobby ad hoc soit le seul à ne pas avoir su défendre bec et ongles ses intérêts bien compris et très surprenant que les rois de la politique médiatisée du début d’été se promènent nus maintenant que l’automne et les élections seront bientôt venus.
Surtout qu’après le coup du concombre espagnol suspecté contre tous les principes de la présomption d’innocence et les graines égyptiennes convoquées par les juges alors qu’elles avaient évidemment perdu la mémoire puisque leur ancien chef doit venir en brancart à son procès (lui), les Allemands n’ont quand même pas trop de leçons de respect des tables de la loi agro-alimentaires à donner et tant que leurs politiciens continueront à tergiverser sur le sauvetage de la Grèce comme des zélus gaulois se chamailleraient sur une niche fiscale, leur seule supériorité politique est d’avoir un ministre d’origine asiatique (sur un « vrai poste », de l’économie, pas un sous-portefeuille de truc pour radical de service ou un fauteuil rouge confortable réservé par le Politburo pour un partenaire électoral de circonstances) sans que les politiciens dépressifs du pays n’y trouvent trop à moraniser (c’est comme moraliser mais en beaucoup plus crétin et en faisant rigoler tout le monde tellement c’est pas crédible) ou petitephraser comme s’ils n’avaient rien de mieux à faire, par exemple bosser sérieusement comme des politiciens Allemands (qui ont comme nous leurs experts en questions de constitutionnalité plus ou moins préalables mais c’est une autre histoire, ou pas, et de toute façon ils s’occupent de l’avenir de l’Europe et pas d’un bout de passé de la France, ceux-là).
Parce que sinon, l’Allemagne gave un peu aussi : leur industrie des animaux que d’autres mangent parce que c’est bon … pour la balance commerciale, pour ne rien dire de leurs frometons que d’autres mangent parce que c’est bon … pour les parts de marché, n’a pas trop de leçons à donner, sauf sur comment être pour ça aussi champions du monde de l’export pendant que les politiciens gaulois dénoncent les coûts de production agricole en zone Euro malgré le AAA ou promettent des guichets uniques pour mieux soutenir l’export agro-alimentaire (ou whatever doesn’t work du même genre) comme les professionnels du bouclier arverne portent Abraracourcix.
Alors évidemment, ça la fiche mal ce botulisme de la tapenade (la revanche du concombre ?) juste après les campus d’été ; les vacances des huiles la « très injuste » mise en cause fiscale des sodas. Déjà qu’on avait du mal à croire que tous les vendeurs des marchés faisaient rouler sous les aisselles de jolies provençales des olives bio récoltés à Garlaban par les fils de Pagnol pour produire ces merveilleuses purées vertes et noires qui agrémentent si bien les apéros de rentrée gaulois, si on n’avait pas la foi du charbonnier chevillée au corps et l’humour un peu satellisé avec le CAC à 3000 et le chômisme au beau fixe, on aurait pu avoir un genre de crampe de foi(e), sinon de haut-le-coeur, ce matin en entendant qu’on ne peut même plus faire confiance à la tapenade, entre le scoop de Morano au petit déjeuner chez Bourdin « la France s’est engagée sur un chemin de vraie réforme des finances publiques et de bonne gestion » et les nouvelles révélations sur le coupe-faim déguisé en anti-diabétique depuis plus de 40 ans, avant même que la politique ne change d’âme et que l’espoir fiche le camp dirait peut-être Hugo s’il n’avait cessé d’écrire après le sauveur n° III de la République, déjà trop petit pour lui.
Confiance … Vous avez dit « confiance » ? Comme c’est con … fiant.
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 5 septembre 2011
Ps : la bonne nouvelle, c’est qu’il n’y aura pas que des toasts à la tapenade à la pendaison de crémaillère du nouveau QG du centre et qu’on annonce la présence du prophète des grenelles et plus si affinités pour cet apéro Facebook de rentrée des républicains radicalement écologistes, sociaux et toussa-toussa pour lancer la version 2.0 rév. 21ème siècle de la stratégie « Chirac 1974 » -trahir son ancien patron pour le faire perdre en espérant gagner la fois (foi ?) suivante après que la gauche gauloise (« Gau-Gau ») se sera encore ridiculisée- même si ça va être un peu dur d’aller chercher de bons conseils chez celui qui avait bien réussi son coup même s’il a dû attendre 14 ans la récolte des olives et si fatalement, sa mémoire de la politique à la française s’évapore un peu et sa foi (autre foi ? autrefois ?) devient aussi fictive que la confiance que méritent certaines vocations de sauveurs de la République.
C’est fini pour aujourd’hui.
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