Qu’en dirait … une agence (de notation) « différente » ?

Si un calligraghe francophile était chargé de définir une note pour représenter la France, il s’inspirerait probablement assez librement de la Tour Eiffel. Un mathématicien pas trop « maths modernes » aurait certainement une vision un peu plus brutalement scientifique.

La vérité est bien entendu entre les extrêmes. Ailleurs, parce qu’ici tout finit par des chansons.

La France ne mérite probablement ni un « B » un peu infamant et assez éloigné de sa culture qui ne valorise pas trop le B…usiness, ni un « 20 » très au-delà de ses mérites du moment, que même les disciples les plus fidèles du bon Docteur Coué et autres croyants du « French Paradox » n’osent revendiquer (nb que le « C » qui apparait sur certains visuels de la saison média doit être un « G » un peu raté, ou alors un hommage un peu subliminal au Docteur C…oué, parce que sinon, ce ne serait plus « grave et sérieux » comme on le disait il y a quelques semaines, ni même « très grave » conformément aux éléments de langage d’encore ce matin, mais pas loin de « catastrophique ». Ou alors, ce serait un C…omplot, mais on ne sait plus très bien d’où il pourrait venir tant tout le monde aurait à perdre à un C…rash).

Les zexperts du « Bonheur National Brut« , qui classent le Bhoutan aux premiers rangs mondiaux, nous donneraient certainement une excellente note en considérant l’excellent niveau de solidarité au sein de la société française, des plus hauts sommets financiers avec par exemple ce petit-fils exemplaire qui prend soin de sa grand mère diminuée (qui le vaut bien) aux plus bas échelons économiques avec ces habitants de quartiers défavorisés qui offrent toujours des logements à des sans-abris des années après la mort de l’Abbé Pierre, en passant par ce mari qui loue un étage entier de chambres de bonnes à la Muette (amusich, nicht, pour ceux qui apprécient le talent de chanteuse de la Première Dame …) pour des fonctionnaires aux revenus modestes.

Les organisateurs des championnats du monde de l’administration publique donneraient une « wild card » à la France même si cette dernière n’a momentanément pas trop les moyens de s’offrir l’envoi en classe business d’une délégation au « Davos des Avantages Acquis », à un congrès mondial des financiers de collectivités territoriales ou au « Festival des Régimes Spéciaux des Zélus » (et si la fréquentation des hôtels de luxe n’est pas trop recommandée aux agents publics entre le coup du Sofitel, l’affaire du Carlton et la cerise sur le gâteau du Ritz). Ce n’est pas au moment où les sondages gaulois, revenus en grâce on ne sait pas trop pourquoi ni comment ni d’où, annoncent avec autant d’assurance que d’inutilité et de marge d’erreur le triomphe de l’équipe Corrèze-Poitou-Nord en 2012 que les sponsors des RGPP et autres consultants en révolutions administratives permanentes vont déclasser une des vieilles gloires historiques de la modernité publique.

Si une agence immobilière évaluait le pays, elle hésiterait un peu devant devant le hiatus entre l’état de la plomberie et l’accueil assez froid envers les plombiers polonais ; elle se demanderait comment recycler tous les panneaux solaires made in China installés à la va-vite sous la pression conjuguées des lobbies et bienpensances vertes et dont la durée de vie n’a guère de raison d’être très supérieure à celle de l’électro-ménager ou des autres gadgets électroniques inutiles imposés par des bureaucrates genre détecteurs de fumée ou autres capteurs de vagues dans les piscines enfermées derrière des barreaux aux normes bruxelloises ; elle ne comprendrait pas comment et pourquoi le mètre carré vendu par des héritiers ou loué par des rentiers est 2 ou 3 fois plus cher qu’en Allemagne … mais elle serait bien forcée d’admettre que la Corse France est le plus beau pays du monde et qu’une nation qui a su construire Versailles mérite un triple AAA quelles que soient les dérives des marchands de rond-points paysagés, des dealers de permis de construire et des acheteurs de verrues pour parvenus (qui, à toute chose malheur est bon, ont tendance à aller faire pousser leurs insultes au goût et à la décence outre-méditerranée, hors Euroland, ces temps-ci).

Une agence sanitaire s’extasierait devant le pays de Pasteur, du Professeur Montagnier et du Docteur Gubler entre autres « French Paradox » malgré le sang contaminé, les dérives financières de l’administration de la santé publique et les affaires « à la Mediator ». Elle regretterait probablement que la France soit à la ramasse pour les startup bio-médicales, qu’on doive importer jusqu’aux infirmières à force d’avoir castré nos capacité de production d’à peu près tout et que les médecins qui ne sont pas radiologues dans les beaux quartiers ou ophtalmos soient aussi désespérés que les profs et les patrons de PME … mais comme aucun pays ne semble vraiment meilleur pour donner au juste prix une juste santé (de préférence un peu préventive) à ses citoyens, elle nous laisserait sûrement notre « AAA ».

Une agence de location de bagnoles ferait peut-être moins confiance à un pays où les inspecteurs du permis de conduire sont en grève, où les parlementaires pensent que la suppression du téléphone va faire ralentir les bagnoles surpuissantes et où les patriotes citadins achètent des 4-4 pour aller prendre des auto-stoppeuses étrangères au bois ou des aspirateurs à femmes du monde made in Germany avec réchauffe pâtes aux truffes dans le coffre. Mais elle laisserait son « AAA » à un des berceaux de la civilisation de l’automobile, (par ailleurs en pleine guerre contre les délocalisations l’île Seguin les espions asiatiques).

Enfin, sans se faire un film sur la ri-lance qui a fait pschitt ou autres ajustements budgétaires qu’aucune Soeur Anne ne peut voir venir en lisant dans le marc de boisson sucrée vendue par ce bon Dr Pepper Coué, ça ne devrait pas être sorcier de trouver une agence qui ait un peu le goût du risque et qui serait prête à croire au scénario au moins jusqu’à l’an prochain. Surtout si on gagne au rugby.

Sinon, on va devoir créer une agence. Un observatoire des agences aussi. Et une commission d’enquête sur les observatoires. Et un poste de haut-commissaire aux commissions d’enquête sur les notations. Et surtout un sous-ministère du AAA et un (grand) corps de fonctionnaires ad-hoc. De catégorie « Aaa »

Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 19 octobre 2011

          

Ps : on ne devrait pas plaisanter avec le « AAA » au pays des amateurs d’andouille à l’ancienne. Surtout que la note, c’est quand même un symptôme, comme une température qui indiquerait une maladie. Et ce serait déplacé de sourire devant la métaphore du thermomètre en rappelant comment on l’utilise, en général.

C’est fini pour aujourd’hui, parce qu’il faut regarder un peu l’impact sur les taux d’intérêt pour les Etats-Unis quand ils ont perdu leur « AAA » (de fait, comme les « liquides » ne savent pas quoi faire de leur argent, les USA sont du bon côté du manche et empruntent pas cher avec ou sans AAA) et faire tourner un peu Excel pour vérifier si une hausse du coût de la dette nous couterait plus cher que la crétinerie ordinaire des génies de l’emprunt en Franc Suisse, l’instinct financier des investisseurs en avions renifleurs et assimilés, les pertes en lignes pour cause diverses et (a)variées allant des exils fiscaux jusqu’aux régimes spéciaux apparemment aussi inréformables les uns que les autres ou la démagogie électorale apparemment aussi inévitable de la part des uns ou des autres.

A propos renaudfavier

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5 commentaires pour Qu’en dirait … une agence (de notation) « différente » ?

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