SuperDupont, le patriote super-héros de Gotlib, serait content que les cendres de Bigeard reposent aux Invalides : quand on a pas ce qu’on aimerait, il vaut mieux aimer ce qu’on peut encore (s’)offrir et ne cracher, ni dans la soupe, même amère, ni dans le Beaujolais Nouveau.
SuperDupont qui est un patriote réaliste ne surestimerait pas les forces du pays des 1% (1% solidarité surtout avec le très notable écosystème de la formation permanente censée compenser durablement les lacunes de la formation initiale ; 1% logement surtout dans les bons arrondissements de la Ville de Paris pour les « Chevènement » et toussa-toussa ; 1% culture surtout pour les artistes sympathisants militants sympathiques et médiacrates intermittents abonnés aux plateaux TV ; 1% de Gaulois ripaillant autour de leur banquet de sangliers pendant que 99% des dockers, contrôleurs aériens, élus en nombre raisonnable, assistés aux moments nécessaires et autres travailleurs et exilés pas toujours seulement fiscaux dans le reste du monde font leur job un peu plus de 35 heures par semaines en n’étant pas payés 39 et plus si affinités avec avantages irrévocablement acquis, privilèges protégés et bénéfices sociaux bien négociés par ce dialogue social que le monde entier nous envie autant que nos écoles, notre système de santé en sursit et nos fromages républicains) mais il (se) dirait qu’on a de beaux yeux restes.
SuperDupont qui est un adulte responsable (se) dirait que la France est devenue un genre de père un peu indigne, géniteur prodige en pré-retraite après son chômage se laissant aller entre deux manifs, une belote et un loto dans sa (trop ?) nombreuse famille européenne où Maman Allemagne fait tourner la boutique et bouillir la marmite pendant que les mômes du Nord font leurs devoirs et de petits jobs pour aider la famille, que ceux du Sud jouent au foot et s’indignent à temps partiel, et que quelques vieux Tanguy pillent le frigo en faisant arriver le courrier de leurs banques en poste restante. Heureusement que les moyens et les langues étrangères manquent aux élites pour le tourisme d’affaire et autres aventures coloniales parce que si elles pouvaient aller plus loin que Marrakech ou Lille, les médias et les juges pourraient être moins complaisants.
SuperDupont, qui a fait son service militaire parce que de son temps on n’imaginait pas de remplacer le 14 juillet et le Père Noël par un passage d’Intouchables le 24 décembre sur Public-Sénat entre un documentaire sur l’électricité par dynamo de vélo d’appartement (made in China, bien sûr) et un plan fixe de la webcam (made in China, bien sûr) du bar (servant à tarif d’amis du whisky importé pour ajouter de l’impôt au déficit du commerce extérieur) pendant les négociations pour les parachutages à Paris ou les discussions sur les exemptions de TVA au « cas par cas », trouverait que ça fait quand même mal au coeur que la Patrouille de France fasse un magnifique baroud d’honneur pour probablement rien dans le ciel de Dubai mais que le groupement de PME High Tech et son pôle de compétitivité soient apparemment aussi mal partis aux Emirats qu’ils sont toujours arrivés ailleurs. « Ciel ! » (se) dirait-il en craignant un syndrome Concorde pour le Rafale qui ne trouve pas de client, même dans les pays qui peuvent s’offrir des Rolls blindées volantes, où il y a vraiment intérêt à dissuader certains voisins nerveux de prendre des initiatives et où on a plutôt intérêt à protéger son kérosène presque gratuit comme les Gaulois protègent leurs cèpes et autres technologies que le monde entier nous envie (et comme les apparatchiks, genre contrôleurs aériens entre deux grèves pour leur pouvoir de nuisance ou d’achat, protègent leurs citoyens assujettis en interdisant au Bourget les démonstrations en vol un peu excitantes pour le public et les caméras avec par exemple plusieurs avions de natures différentes en vol simultané comme à Dubai, mais c’est un autre sujet, ou pas) mais ne nous achète pas parce que on s’est tiré une balle dans le pied en jouant les super-tartuffes sur la convention OCDE pendant que les valises volaient de plus belle entre paradis fiscaux et autres lieux de tolérance financière les Allemands font des trucs plus sérieux, qu’on peut parler anglais avec les Britanniques et les Yankees, qu’on risque moins le scandale public avec les Italiens, et que c’est presque pareil, jamais coincé par des grèves, un refus de crédit bancaire ou la faillite d’un sous-traitant, et surtout nettement moins cher, chez les émergents.
SuperDupont qui a travaillé dans une PME dans sa jeunesse, du temps où ça se faisait de trouver du job quand on était jeune et de fabriquer des trucs en France, se souviendrait que déjà émergeaient des concurrents japonais et que déjà certains fantasmaient sur le réveil de la Chine mais que comme personne ne comprenait les modes d’emploi mal traduits en anglais et que personne n’aurait imaginé une Aerospace-Valley géante à Dubai, un Euro à 1,35 et un litre d’essence au prix d’une petite centrale nucléaire (que les Emirats achètent à la Corée du Sud, mais c’est un autre sujet, ou pas), on n’en faisait pas toute une affaire et personne ne se plaignait d’avoir perdu sa valise en croco ou de manquer de Berlutti sur mesure. Et que comme on n’avait pas de médiateur de la sous-traitance, du crédit ou de whatever doesn’t work, on n’avait personne à qui se plaindre et les ministères et la presse économique avaient d’autres chats à fouetter, alors on bossait le nez sur la chaine sans trop se poser de question (sauf chez Lip mais c’est un autre sujet, ou pas). Et comme les construct(u)eurs de gros machins vendus par des ministres (ou par les commerciaux des co-actionnaires mais c’est un autre sujet, ou pas) n’avaient pas inventé la diplomatie industrielle et la politique de concurrence en Europe, les délocalisations dans les pays clients et/ou à bas coûts de production ou le goodshoring à Tanger et autres zones à monnaie et droit social aussi compétitifs que ce crédit d’impôt recherche que le monde entier nous envierait autant que notre AAA et l’aéroport de … Schiphol d’Air France s’il n’était pas un cautère financé par l’emprunt sur la jambe de bois d’une fiscalité lourde et multi-couches appuyée sur un code du travail qui n’est pas un petit livre rouge pour rien, SuperDupont se dirait que « Ach, les fromaches françouzes, gross ponheur, mais encore meilleur si made by Germany #onsaipazouetonsenfoudumomentkesaigarantibioetmoincher et si c’est des autres qui mangent le pain noir ».
SuperDupont qui est un Européen convaincu parce qu’il a été con et vaincu à chaque fois qu’il y eu des guerres en Europe depuis grosso modo la mort de Monsieur 14, sait que la paix n’a pas de prix même si les indemnités des députés européens sont encore plus surprenantes que celles des élus des cantons et autres -mauvais- gestionnaires d’immobilier social en France. Et comme à tort ou à raison il pense qu’on est en train de remettre un peu d’ordre dans les subventions agricoles aux grands héritiers terriens et que globalement l’Allemagne a plutôt financé les rond-points, fonctionnaires et hôtels de régions et sous-régions en France avec les profits sur les bagnoles qu’elle vendait aux propriétaires de niches de famille, bénéficiaires d’avantages républicains et autres exilés fiscaux plus ou moins fréquentables, il pourrait (se) dire que le binz européen a pour principal défaut de faire grimper les prix de l’immobilier dans les coins sympas mais qui n’intéressent pas les rois du pétrole parce qu’il n’y a pas d’aéroport privé à proximité. Pour les tripoux à l’ancienne, le foie gras traditionnel et le fromage au lait cru, SuperDupont (se) dirait que de toute façon il achète sur e-Bay ou à l’hypermarché et que personne ne veut prendre la suite de l’artisan du village et que ces sont les notables du coin eux-mêmes qui ont auto-saboté leur centre-ville commerçant, notamment en se réservant les places de parking et en se partageant les mètres carrés constructibles sur les terres agricoles sabotées pour cause de religion de la jachère autour des routes d’accès aux DAB, à la mairie et à Pôle Emploi. Alors, que les bureaucrates de Berlin Bruxelles imposent la féta danoise et le paté de foie de porc allemand, peu importe du moment que le supermarché du coin a un petit four pour réchauffer le pain industriel congelé et un rayon bio du terroir pour vendre de la bonne conscience : la vie est belle en France, d’ailleurs on a -provisoirement, comme pour l’autre- un AAA en attractivité malgré #PS ; #EELV ; tout les inondations en saison des pluies et les touristes viennent visiter des musées et de l’immobilier au cas où les prix ou le cours de l’Euro baisseraient même avec l’Euro à 1,35 et une TVA normale sur certains hôtels, quelques produits et divers services. « We need You-rope » (se) dirait SuperDupont qui a le sens de l’humour gaulois et parle anglais.
SuperDupont (se) dirait que si tous les étrangers qui peuvent se payer une Mercedes (dont la pub TV est, accessoirement nettement plus sexy, fun, limite « djeun » que celles de construct(u)eurs un peu plus nationaux et un peu moins rigoristes, en principe) veulent venir en France et si on est obligé d’importer des médecins et des infirmières parmi pas mal d’autres professions pas trop délocalisables, ce serait quand même dommage que tout le monde vote comme des avec ses pieds et choisisse le parti de partir à l’étranger. Surtout si un gouvernement pas trop clientéliste et un peu responsable fait en sorte qu’il ne suffise plus d’avoir une résidence secondaire en Suisse ou un appartement en multi-propriété à Bruxelles pour échapper à toute taxation et même aux amendes sur l’autoroute avec la grosse bagnole made in Germany immatriculée hors de France mais avec quand même un macaron tricolore dans le vide-poche en cas de mauvaise rencontre avec une maréchaussée, un autocollant handicapé ou autre facilitant le parking gratuit sous le siège et le DVD d’intouchables à l’arrière pour distraire les gosses sur le chemin du déjeuner dominical, du club de sport ou la visite chez le médecin de -bonne- famille sponsorisé par le déficit de la Sécu. SuperDupont qui peut être un peu simpliste, parfois populiste, comme tout le monde qui regarde la TV même s’il sait que ce ne serait pas responsable de voter pour les méchants protestataires de trop à droite ou les gentils protestataires de très à gauche, sourirait en pensant qu’on a les films qu’on subventionne, les acteurs qu’on peut se payer mais pas Kevin Costner ou Sean Connery et les Intouchables qu’on mérite mais que parfois sur un malentendu ça fait un bon film français qui marche en France qu’on ne se tire plus de balles dans les pieds parce qu’on s’est déjà amputé les deux jambes et que bientôt on n’aura même plus de petit bras musclé pour tenir un pétard ou une pancarte anti-nucléaire ou whatever works encore en France.
SuperDupont qui est gaulois mais a l’esprit sportif a déjà oublié la petite déception au rugby en Nouvelle Zélande et a mis de côté le mauvais souvenir au foot en Afrique du Sud pour s’intéresser aux pages sportives des journaux sérieux avec les échecs (tant qu’à perdre …), le poker et la bourse. Comme il cherche à élever le niveau de ses blagues de comptoir et fréquente des cafés où on passe BFMTV pour savoir si le CAC est en marée haute au-dessus des 3000 ou à marée plus basse, il sourit en se disant que Juppé chez Bourdin, c’était (enfin!) un vrai match genre Champion’s League (pendant que #PS et #EELV jouaient à la balle au prisonnier) alors que d’habitude les indignations et promesses des invités chez Bourdin 2012 sont à une certaine idée de l’avenir de la France ce qu’un match de première division française est à un Real-Barça. SuperDupont (se) dirait qu’à coq donné, on ne regarde pas les dents et qu’un chapeau porté et mangé pour compte de tiers c’est moins grave qu’un pantalon baissé à tort et à travers, une mini affaire de logement social occupé par un membre de famille c’est beaucoup moins pire qu’un scandale dans une chambre d’hôtel de luxe occupé par un membre sans trop l’esprit de famille et qu’en tout état de cause, le seul truc qu’on puisse vraiment reprocher à IBM, à part qu’il ressemble à Giscard, c’est de penser et parler comme un haut fonctionnaire old school, du genre qui croirait encore en l’Etat, la France, l’Europe, l’intérêt général, la civilisation et tous ces trucs d’avant la crise et les jolis succès français de novembre au ciné.
Vive la France, quand même.
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 18 novembre 2011
Ps : SuperDupont, bien que fan de Line Renaud et très pro-européen ne serait-ce que parce qu’il se souvient que tout le monde ne dormait pas très confiant ou très rassasié du temps des guerres chaudes ou froides, et nostalgique de la social-démocratie à visage humain du temps où le design et les mannequins scandinaves faisaient rêver les vrais gens (se) tandis que les auteurs abscons, la météo soviétique et les cinéastes ennuyeux fascinaient encore plus que Mao et le Che les intellectuels parisiens des deux rives, (se) dirait que l’American Dream avait quand même du bon et que les Beach Boys en chemisettes vintage, c’était quand même autre choses que Lulu Gainsbarre et Thomas Dutronc en duo sur des paroles de Camille et du bruit de Guetta.
C’est fini pour aujourd’hui parce que personne, même Gotlib, n’a que SuperDupont à s’occuper de alors que c’est la crise mondiale, que l’hiver menace et que l’inflation arrive, ou vice-versa.
Et puis comme la bise est en train de venir, il faut Twitter, maintenant.

























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