La #Compétitivité, c’est surtout une question de méthode et d’état d’esprit

Bien sûr, les esprits simples genre The Economist, Bild et autres FMIstes ou OCDEcrates, vont discutailler des détails genre le juste coût du travail, les filières méritantes et l’aide sociale à l’export de ce qu’on pourrait essayer de re-produire. Mais ce qui compte, c’est le mental.

Parce que pour tout ce qui tourne autour de la compétitivité prix en général et du coût du travail en particulier, la moitié de l’Europe qui ne marche pas aura fini son job de préparation de l’avenir avant même la fin du séminaire gouvernemental des non-compétitifs anonymes de France, alors espérer battre les Italiens et les Espagnols pour la fabrication de godasses de ski ou l’assemblage de bagnoles, c’est comme si Peugeot faisait semblant de croire que lancer un modèle concurrent de la Logan va sauver Aulnay. Au demeurant, il faudrait aller beaucoup plus loin qu’un effet d’aubaine de 30 milliards sur les charges salariales pour avoir un impact un tant soit peu significatif. Reco : que les ministres regardent « Million Dollar Baby » en replay sur Direct8 (sans esquiver la fin) plutôt que Pulvar essayant des lunettes et Bachelot faisant ses vocalises, à leur séminaire de mardi de recomptage du nombre de propositions Gallois.

Parce que tout le barda de soutien aux filières, genre pôles, grappes et autres machins d’obédience nationale, régionale et de financement par endettement direct ou via cotisations à l’Europe, si ça avait dû marcher, on aurait des indices, des signaux faibles dans le vacarme des plans sociaux, des délocalisations et des machines à café des groupes de travail, comités de suivi et autres copiés-collés de ce que les concurrents efficaces ont fait il y a 10 ans pour les plus attardés et/ou un peu embarrassés par la fin du communisme dans le monde normal, et inventé il y a un demi-siècle, genre les clusters, pour ceux qui parlent anglais. Reco : que les ministres recrutent, quitte à devoir les salarier s’ils ne sont pas fonctionnaires ou fonctionnaires détachés ou fonctionnaires en mobilité, quelques conseillers ailleurs que dans les couloirs de Solferino où les déconomistes les plus en vue regardent les Trente Glorieuses dans leur miroir et les experts en commerce extérieur voient l’export dans ses habits du temps des frégates vendues en eaux troubles, des sous-marins passant par le Luxembourg et des navires océanographiques arrosant sur protocole, et/ou des administrations dont ils ont la tutelle et où il ne reste que des juniors bien diplômés mais qui lisent PIF Gadget plutôt que The Economist ou Bilanz, et les quelques seniors qui n’ont pas encore réussi à émigrer vers un fromage hors classe ou à pantoufler dans l’économie mixte (le vrai privé, c’était avant que les actionnaires étrangers imposent de nouvelles méthodes RH).

Parce que la rénovation du soutien à l’export par transfert aux régions du droit d’usage des bases de données de l’agence Ubifrance et des salles de cocktail des chambres de commerce, transfert à la CDC du contrôle de gestion des opérations d’Ubifrance, Oséo et d’un bout de Coface hérité des Trente Glorieuses, et transfert au Quai d’Orsay du comité de rédaction de la version 2013 du guide de l’intelligence économique pour tous, même assaisonné d’un poil de multilatéralisme offensif pour sauver le foie gras dit « français », d’un rien d’environnementalisme économiquement viable pour doper le « green » made by France, et d’un brin de mouillage de maillot collectif côté patriotisme économique et mobilisation des forces vives genre électrochoc verbal en France et à l’étranger, ça ne va pas faire changer la stratégie de sourcing des filiales étrangères des boites françaises, ni sourciller les concurrents installés dans des pays moins nombrilo-dirigistes, moins encore hésiter les générations Y de pays émergents encore clients de luxe importé, de vin de vieux mondes ou de technologies pas trop éloignées des frontières du moment. Reco aux conseillers des conseillers et aux communicants des ministres : tant qu’à se documenter dans des recueils de vieilles lunes d’avant Jacques Delors, (re)lire Lacan sur comment « Faire vaciller les possibles cette nuit » et « Ceci consiste à offrir quelque chose qu’on n’a pas à quelqu’un qui n’en veut pas » plutôt que Gallois sur « Il faut que tout change pour que rien ne change » (ou Karine Berger et ses Trente Glorieuses loin dans le rétroviseur).

Bref, une bonne psy collective, plutôt que des états généraux de l’intérêt général avant liquidation générale dans le désintérêt le plus général mais avec champagne et petits fours pour faire venir les journalistes, sur ce sujet de compétitivité, ça éviterait peut-être les tartuffades les plus indigestes.

Genre cette fixette sur le coût de l’assemblage ou de l’usinage en France alors qu’il n’intervient que marginalement dans le prix de vente, et extrêmement peu dans la compétitivité à l’export, un peu comme le prix du baril de pétrole n’a guère d’influence sur celui du litre d’essence à la pompe. En plus, la baisse du pouvoir d’achat n’est pas politiquement correcte et a de toute façon le concept a déjà été préempté par le fisc pour réduire un pou-ième le déficit budgétaire sans nuire aux dépenses.

Genre cette vieille passion pour le modèle allemand d’il y a 10 ans alors qu’aucun chanteur n’en veut, même parmi celles et ceux qui ne sont pas du genre à meugler à la Bastille. En plus, si on veut aller dans cette direction, autant se faire adopter par les Allemands plutôt que d’essayer de comprendre en français comment ils bidouillent leurs statistiques en allemand, surtout qu’ils ont l’habitude de bien s’unifier avec des communistes qui ne bossent pas, dont les usines sont obsolètes et qui ne savent pas vendre, maintenant.

Genre les loufoqueries et autres « couacs » sur le patriotisme économique dont on aurait entendu parler s’il n’était pas mort d’overdose de mauvaise foi et enterré sous des masses de conflits (confits ?) d’intérêts avec pour épitaphe : « Dead (duck) in France ».

Et genre le gaz de schiste dont le pompage pourrait créer quelques jobs en France chez les champions nationaux d’ingénierie pétrolière, de traitement d’eau et d’embouteillage d’eau minérale, voire à la compta de Total si elle n’est pas encore délocalisée en Inde ou ailleurs, mais dont la France a volontairement raté le train et ferait mieux de regarder vers le soleil et ce qui se passe dans les labos allemands, plutôt que le doigt que les lobbyistes de tous bords et de toutes nationalités nous montrent pendant qu’ils nous font les poches de l’autre main.

Bref, la compétitivité, c’est plutôt avec la tête qu’il faudrait y penser en regardent vers l’avant plutôt que de courir derrière avec ses jambes et d’aller au cocktail de Matignon après avoir cliqué-copié-collé avec ses deux doigts syndicalement autorisés à toucher le clavier et le touchpad, et retwitté ce qui s’en dit de moins consternant dans le cloud en parlant à son iPhone dans le métro (ou la bagnole si on n’est pas pressé et si on peut se faire rembourser les frais de parking et/ou les prunes de stationnement … compétitif).

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