Les communicants de Sarko auraient utilisé un slogan différent (et une autre mailing list) pour la soirée VIPeople du mariage gay. Et auraient demandé à Dailymotion de régler le décalage son-image du « live » à geeklitants. Mais ils auraient sûrement aimé « en être », ce dimanche …
Sarko, grand sportif politicommunicant devant l’éternel, n’aurait pas eu piscine (il faut dire que c’est plus délicat pour la gauche élue sur le fil de trop donner l’impression de caresser les communautarismes clivants dans le sens du poil) ou un déjeuner à Santiago (tiens, comme Ségo quand elle promenait sa doudoune blanche de Montréal à la muraille de Chine via le Chili en campagne électorale aussi) à un an des municipales parisiennes (et françaises, mais il y a moins d’enjeu, c’est surtout Bobo-Média-Geek-Town qu’il faut contrôler en vue de la présidentielle) le jour de l’arrivée du Vendée Globe, un des rares trucs où des français ont une chance (à 8 millions d’Euro de budget, c’est à peu près le seul truc sportif qui passe à la TV à des heures normales sur des chaines pas trop microscopiques que des sponsors français, même les banques à la ramasse, peuvent encore payer) et où on peut faire des photos avec des dizaines de milliers de gens heureux d’être ensemble sans arrières-pensées politiciennes (eux), n’instrumentalisant pas leur mômes comme tout le monde à Paris (eux), et buvant des bulles en riant sans devoir faire attention à éviter les caméras comme tous les people à Paris (eux). En tout cas, les communicants de Sarko auraient sûrement aimé un saut de puce en hélico pour une escapade au bord de l’eau avec leur boss, même s’il leur aurait fallu travailler les éléments de langage dans la bagnole officielle, car c’est délicat de valoriser qu’il ait fallu encore plus longtemps à des marins exceptionnels sur des formules 1 de la mer dopées par des équipes au sol pléthoriques pour traverser un port en Vendée, qu’aux marins fonctionnaires syndiqués de la SNCM pour traverser le Vieux Port de Marseille avec le fleuron de notre flotte (à ce niveau de subvention pour la construction, l’exploitation et les billets, c’est clairement un navire über-nationalisé), le Napoléon Bonaparte. Dans le contexte de rigidité politique en général et de susceptibilité sociétale en particulier, pas possible en tout cas de faire un clin d’oeil sur le pédalo comme les excellents communicants mélenchistes, même si l’humour gay n’est pas bégueule et si on peut toujours rire de tout et tous, même des marins (la marinière, merci de suivre), du moment qu’ils gagnent.
Sinon, Sarko, chef des armées et patron des domaines réservés diplomatique et africain, aurait sûrement très bien fait le job pour célébrer la victoire des Rafales français d’Afghanistan sur un quarteron de pick-ups Toyota apatrides quelque part pas loin de Tombouctou dans le Sahara au sud du nord du Mali (même si BHL était occupé à choisir sa chemise blanche ouverte jusqu’aux tibias pour le cocktail aux Champs-Elysées), avec ou sans éléments de langage, mais les communicants auraient eu un service-après-vente sympa à assurer, même s’ils n’auraient probablement pas été autorisés à jouer trop avec les mots dans un contexte militaire compliqué un peu partout (la guerre en Afghanistan est finie, celle contre le Mexique semble évitée, et les blitzkrieg ratés en Somalie et sacrément rustiques en Algérie devrait faire réfléchir tout le monde avant de décider d’aller libérer des otages par surprise en Syrie ou ailleurs) et une atmosphère civile pas simple en France. Pas question, par exemple, de recycler « honni soit qui mal y pense », même si les rodomontades de l’ennemi britannique de toujours tendent une bonne perche pour un clin d’oeil aux gays genre « homo soit qui mâle y pense », ou un tout public « promis -à réélection- soit qui Mali panse ».
Enfin, Sarko chef de Guaino, se serait réjouit de voir son fonctionnaire collaborateur toujours écrivain (de talent) mais devenu politicien professionnel (comme Villepin est out et que Monti a pas mal réussi en Italie, c’est malin de tenter de préempter le positionnement de brillant techno en semi-réserve de la République mais scout toujours prêt de plus haut grade -comme Gallois- mais avec des cheveux -pas comme Gallois- avec un cerveau en ordre de marche -comme Gallois, mais plus du côté droit- et une certaine idée de la République -comme Gallois, mais en écrivant des essais plutôt que des rapports pour essayer d’expliquer le monde réel aux bonobos-), sembler presque sympathique aux téléspectateurs, face à une sorte d’hybride de Betty Boop et Roselyne Bachelot pratiquant le dialogue social télévisuel « à la Georges Marchais » à l’heure où il n’y a (hélas, trois fois hélas) vraiment rien de regardable du coin de l’oeil à part Mazerolle, et ses communicants auraient pu (dé)montrer combien son influence est positive sur ses proches, même si ça ne suffit pas pour empêcher sa femme de chanter (ceci dit, tant que les politiciens professionnels cohabiteront avec des people post-soixanthuitardes du médiacosme parisien en overdose de champagne, ils ne pourront pas se plaindre qu’elles braillent et twittent un peu comme … des people post-soixanthuitardes du médiacosme parisien en overdose (ou privés) de champagne, pas aussi fort que Noah quand il est dispo pour un concert des Inrocks à la Bastille, ni aussi brillamment que les autres amis de Bergé quand ils sont de passage à Paris, mais avec une légitimité politartistique incontestée.
Enfin, du moment que l’union civile pour tous est plébiscitée dans la rue et votée au Parlement, et vice-versa, peu importe son slogan (« mariage », ça fait un peu ringard, genre vieux Royaume comme l’Espagne ou la Suède, mais ça plait aux sondagistes parisiens en cour, ça rassure mieux les bébés-Thalys difficiles à endormir qu’une union de parents comme dans les pays anglo-saxons modernes, et ça permet de surfer sur le vieux fantasme égalitaire genre « naître libre et égal à l’endroit » du droidelomisme parisien très tendance depuis que tous les autres organisateurs de dîners en ville se sont exilés et ne peuvent plus tenir table ouverte à Paris, Ré ou dans le Lubéron -Marrakech et Tangers, c’est permis- que 6 mois moins un jour par an …), peu importe que ce soit un autre Président intérimaire qui assume la paternité et soit le héros des lambdas défilant en famille dans l’Est populaire (de toute façon, avec la crise, ils n’ont pas les moyens de faire les soldes de fringuasses siglées made in Bangladesh, de godasses françaises assemblées au Maghreb, ou de clefs USB d’avant le wifi made in China dans les magasins ouverts le dimanche) et de la teuf aux Champs-Elysées pour les VIPeople intermittents pas en vacances et autres VIPeople du village parisien bossant de l’un ou l’autre côté des caméras et spécialement revenus de week-end, et peu importe qui est la mère, du moment qu’il y a un maire qui peut célébrer et être réélu par ses citoyens heureux mariés, content de se préparer à devenir très vite tous égaux en droits (au chômisme, mariage ou pas, en attendant la faillite de ça aussi) d’essayer comme tous et toutes les mères du monde d’élever et aimer tous les enfants des uns ou des autres, grâce au Président normal (et libre, et chef), à la République égalitaire, et au microcosme fraternel.
Tous cocus, maintenant ? Rien de nouveau sous le soleil (ni de très surprenant à ce que le retour de la IIIème république (courant Woodstock, canal méthodique) en France soit celui du Vaudeville à Paris, et vice-versa), pas besoin d’être communicant politique professionnel, moins encore sarkozyste) pour le twitter (pour être invité aux teufs VIP de propagande des Inrocks, c’est un autre sujet, surtout si on n’est pas abonné).
C’est comme ça, maintenant, et vice-versa …
Renaud Favier – 28 janvier 2013 – Café du matin à Paris
PS : pour les gens, même les politiciens, on a en principe quelques moyens pour les raisonner (même si la psy pour tous, était une névrose de Jung plus qu’une réalité freudienne), et on a même des livres pour psychanalyser les contes de fées, mais quand les sociétés tournent amok (et surtout si les communicants sont talentueux et les médias bien encadrés comme en Allemagne dans les années 30 et en France depuis une trentaine d’années), c’est plus compliqué, surtout avec toutes ces drogues dans les sports professionnels, avec tous ces pays amis mais néanmoins concurrents qui ne sont pas mécontents de voir l’adversaire se tirer des balles dans les pieds en pleine guerre économique mondiale et combat permanent pour la suprématie européenne, et avec tous ces cas individuels convaincants et communautarismes convaincus sur lesquels d’habiles propagandistes peuvent surfer aussi souplement à Paris que sur la neige fraiche ou la bienpensance de saison.
PPS : le truc le plus lapin crétin, dans toutes les guerres, presque aussi pire que de négliger la propagande, d’espérer que l’intendance (ou l’intelligence) suivra, de laisser le commandement à des Maginot et autres diplômés bien (galon)nés dépassés par les évènements et se jetant en chantant dans tous les pièges, ou de bâcler le recrutement des troupes de base, c’est de sous-estimer les adversaires (ou de se tromper d’ennemis, ce qui est très différent).
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