Ce serait prendre Audiard en otage et chercher l’incident diplomatique, mais justifié, que d’écrire que « sur ses vieux jours, il avait un peu faibli, surtout de la tête ». Et honte à lui pour quelques daubes subventionnées au titre au gentil cinéma national. Mais Jean Yanne manque.
D’abord, quand on entend ce qu’on entend partout et qu’on voit ce voit sur Youtube (ou Dailymotion, c’est pareil, mieux en principe si on est patriote français parce que made in France, mais moins pratique si on est pressé et qu’on ne cherche pas Bergé en direct live de chez Ribes -le milliardaire twittos assis confortablement au 1er rang, pas le pianiste chantant debout sur scène pour gagner sa vie d’artiste-, parce que l’ergonomie made by France est un poil moins instinctive), on se dit qu’on aurait dû mieux écouter Jean Yanne quand il nous avertissait, avant même les ravages du walkman, puis des itrucs et concurrents, contre les risques sonores du yé-yisme francophone et autres globish happenings woodstockiens, avec le prophétique et musicalement éblouissich nicht « J’aime pas le rock » : http://www.youtube.com/watch?v=6ynsYP0nqF8
Ensuite, quand on voit ce qu’on voit partout sur les écrans et qu’on entend ce qu’on entend du coin de l’oreille quand la TV est allumée aux heures des plateaux avec VIPeople et politiciens causant de choses et d’autres qui ne vont plus maintenant comme à la grande époque d’Aujourd’hui Madame, mon pauvre Monsieur, et sur lesquelles leur avis circonstancié semble indispensable pour meubler entre le temps utile pour la pub’ et les films pornos à deux balles de très tard le soir / très tôt le matin qui servent à attirer les citoyens (é)lecteurs en manque de bromure sur les sites internet de rencontres, on se dit qu’on aurait dû plus et mieux regarder les films de Jean Yanne des seventies, notamment le très remarquablich nicht « Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » :
Et puis, quand on croit savoir ce qu’on croit savoir sur un peu tout #InRealLife et qu’on pense ce qu’on pense quand on regarde les chaines d’infos françaises, on se dit que même s’il se beurrait la tartine avec moins d’élégance qu’OSS 117 et si ses dialogues un rien datés étaient parfois un poil moins oscarisables que les silences intemporels de Jean Dujardin, on devrait passer plus souvent ses films à la TV publique pour éduquer les masses citoyennes, plutôt que de gaver de petit jeux plus ou moins stupides et grands « je » à ego plus souvent surdimensionné que le neurone, les veaux morts ou vifs mais à cartes électorale toujours en activité, par exemple le très pédagogisch nicht « Erotissimo » :
Mais surtout, cette cravate géante marron en laine, désaxée « à la Hollande » avant même le programme commun et le grand O’ de la promo Voltaire, sur costard caramel en velours et chemise tergal avant le retour de la mode du temps de Séguéla 1ère époque dans les dîners en ville à Paris, pour causer de « L’apocalypse est pour demain » et d’écologie, avant même les bouquins d’Attali 3ème période (on dit en ville qu’il écrit ses livres lui même, maintenant, pas comme quand il était über-débordé à l’Elysée et toussa-touça, ou dans sa seconde période où il était à plein de fours et moulins alimentaires et faisait croire à ses journalistes groupies les plus crédules qu’il écrivait entre 4 et 5 heures du mat’, avant de devenir patron de banque -sociale- plus apaisé et conférencier de luxe aux horaires plus cools, comme tout le monde de la génération Tonton qui mangeait déjà moins de vache enragée que les djeuns d’aujourd’hui qu’elle emploie en convention de stage ou en indemnité de chômisme pour ne pas empiéter sur ses bonus ou menacer ses fauteuils en cuir, il y a 30 ou 40 berges, et préfère les pâtes aux truffes aux lasagnes incertaines, maintenant qu’elle est confortablement installée dans la vie et bien accrochée aux agréables fromages socio-républicains bien hérités qu’elle a créés sur fonds publics, genre l’IMA offert au sémillant Jack, ou empruntés momentanément au zélites et familles d’avant, genre … ou …, ou même …, et aussi …, sans oublier …) ou des stagiaires de Nicolas Hulot (on dit en ville que personne ne sait s’il écrit une ligne des bouquins qu’il signe, mais que c’était vraiment lui sans doublure, sur les images des séances de cascade d’Ushuaïa sur TF1 et sur la photo sous les épluchures au happening des écolocrates d’EELV sur toutes les chaines d’info permanente -tiens, dans info, y’a « un » et « faux », informatisch, nicht ?-), à Apostrophes de chez Pivot, on se demande comment on peut s’en passer, maintenant que les intellos chics et chocs d’Île de France, et même certains politiciens français parmi ceux qui ont moins de 70 ans et ne passent pas leur vie entre manifs et cocktails « casual-chic », ne mettent plus de cravate pour s’écouter parler face caméra (BHL, c’est encore autre chose, il s’inspire des nus de Courbet pour exhiber ses pensées sur le monde depuis ses origines jusqu’au trou noir final, et exposer ses parties intimes à grands coups de menton bronzé bien lifté mais moins convaincant que les lèvres au botox de son ex, et de décolleté souvent plus profond que ses paroles) ou faire leurs conf’ à ScPo : http://www.youtube.com/watch?NR=1&feature=endscreen&v=o32IluX7V3w
Heureusement, il y a les DVD, Youtube, quelques bouquins … et le N°3 de « Schnock », la revue des Vieux de 27 à 87 ans, avec Jean Yanne en « une », rienkedubon dedans, et en couverture la citation qui a rassuré trois générations de conservatismes de tous bords et inspire les média-rebelles plus ou moins autobronzés de partout et/ou botoxés ici ou là, les politiciens, sportifs et autres intermittents de spectacle plus ou moins convaincants n’ayant pas (encore) assuré leurs arrières en France ou à l’étranger, et autres twittos de tous âges soucieux de leurs points retraites : « La révolution ? Oui ! La pagaille ? Non ! » http://larevueschnock.com/?p=534
Renaud Favier – 17 février 2013 – Café du matin à Paris
PS : by ze way, dans « Indochine », beau film inspiré d’excellents écrits et d’une Histoire qui avait du talent, Jean Yanne est magnifique (« tigresque » dirait Audiard, si lui aussi n’avait pas une bonne excuse pour ne plus rien écrire sur ce/ceux qu’on voit et entend, maintenant), même dans les scènes où il est (déjà) invisible.
PPS : no comment sur la vision désespérément hyper-réaliste de l’économie française de Jean Yanne avant même les Peugeot, Montebourg et autres socio-dialoguants, ça serait politiquement incorrect, maintenant, même si c’est moins loufoque que ce dont on discute dans les think-tanks proches de akik-rooms, moins auto-censuré ou superficiel que ce qu’on lit dans les rapports d’experts commandés par le gouvernement en séminaire entre deux vacances scolaires, et moins désespérant que #InRealLife quand on essaye de faire marcher une boite sans subventions ou autres distorsions de concurrence, d’exercer aussi durablement que possible une fonction économiquement viable et/ou socialement utile en échange d’un salaire, ni délirant genre « Rolex-Audi-Truffes » avec résidence secondaire en Ré, chalet de ski dans les Alpes et #samsuffijamais au Maroc, et insuffisant pour atteindre la fin du café au comptoir le matin entre le métro et le boulot (dodo au boulot, ce n’est pas pour tout le monde, il faut avoir passé les bons concours et/ou été assez élu pour avoir droit aux fromages avant le dessert de la retraite) ou trouver normalement un job normal, genre avec un truc utile à faire et une rémunération ni indécente par le bas, ni pornographique vers le haut, en France, maintenant. http://www.youtube.com/watch?v=lmNuGAylY00