49 victimes (le 50ème mort, c’est le flingueur) dans une discothèque à Orlando.
Pensée pour elles et condoléances aux proches.
Mais marre des manipulateurs de la compassion téléguidée, des professionnels de la récupération politicienne à deux balles, des lobbyistes de l’instrumentalisation communautariste, et des preneurs de malheur en otage.
Si un gros crash d’autobus ou effondrement d’usine de godasses ou de dancing dans un coin un peu loin d’un golf avec piscine mais avec un aéroport et un hôtel avec frigo bar, avait fait 50 victimes ce week-end, ça n’empêcherait aucun blablateur de foot de commenter en rond, après la minute de silence réglementaire.
Si ç’avait été une noyade collective de hooligans ivres-morts (les mots ont un sens) dans une fan-zone quelque part en France, ou un naufrage de bateau de migrants ici ou là, ça n’empêcherait personne de supporter bruyamment, après un toast émouvant à la santé des disparus.
Si une bande de tueurs « fous » (de tel ou tel dieu, d’amour blessé, de ceci ou cela, peu importe) avaient défouraillé sur une terrasse ou dans une école en dehors des zones de moissons électorales, décapité quelques dizaines de paroissiens hors caméras, mis le feu à un village en « zone blanche » sans wi-fi après avoir pris soin d’enfermer les habitants dans leurs cases et édifices religieux, empoisonné ou détourné l’eau potable des milliers de gens n’ayant pas le téléphone portable, on se demanderait tou(te)s si les statistiques et sondages prédisant la victoire de la France à l’Euro sont bien sérieux, sinon scientifiques.
Mais #Orlando (qui est un bled en Floride de 200 000 gros Américains en short bossant directement ou indirectement pour promener, nourrir et blanchir des gros Américains en short en vacances à DisneyWorld ou Universal Resort), c’est un sale truc, du genre à pourrir la préparation des supporters avant le match contre l’Albanie, à obliger les communicants des politiciens à bosser le dimanche pour gratter des éléments de langage permettant de bien surfer sur les vagues d’émotion sans se mettre mal avec telle ou telle communauté (ne pas caresser dans le dos les LGBT, ce serait risquer de perdre tout ou partie d’un électorat au moins aussi nombreux, et plus discipliné, que les écolos, en même temps, ne pas racoler chez les réacs, ne pas draguer les paranos, et ne pas offrir des trucs à filmer aux twittos et autres snapchateux de bonne volonté, mauvaise foi, ou au contraire, après la fin des inondations à Paris, ne pas rebondir contre les délires des islamistes radicaux, et ne pas tenir compte de l’air du temps moitié bienveillance automatique, moitié émotion à obsolescence programmée sur commande, moitié pavlov pour ou contre les flingues pour tous, ce serait une faute professionnelle, voire pire, une erreur électorale d’expert en #ComPol, tant aux USA qu’à Paris et en grande banlieue avec au moins le 3G).
Bref, il va falloir faire avec le compassion-business communautariste goût Orlando et les paquets de pénibleries collatérales y afférentes pendant un ou deux jours, jusqu’à ce qu’un porteur de riz franchouillard emmène quelques journalistes faire un shooting dans un camp de réfugiés, qu’un bateau de la SNCM en grève soit pris d’assaut par des passagers indignés, ou que les Bleus aient passé le premier tour.
RIP les victimes, courage aux proches, bravo à ceux qui ont évité un massacre encore pire (le gars avait apparemment de quoi flinguer deux ou trois fois plus de gens, les secours et forces de l’ordre ont fait du bon boulot) et désolé pour celles et ceux qui se sentent concernés, sont sincèrement inquiets ou bouleversés, ou qui veulent instrumentaliser le truc pour ce qu’ils pensent une bonne cause, mais perso, je réserve mes larmes pour pire.
(Quelques) Compléments
Ce qu’on dit chez Reuters de l’enquête sur d’éventuels liens entre l’assassin et l’islamisme radical international : http://www.reuters.com/article/us-florida-shooting-nightclub-idUSKCN0YY08B
Ce qu’on dit chez Euronews des réactions (récupérations ?) politiques dans le monde : http://fr.euronews.com/2016/06/13/apres-l-attaque-d-orlando-les-temps-des-reactions-politiques/
Ce qu’on préconise chez les Inrocks pour ne pas s’auto-censurer sur le caractère homophobe du massacre http://www.lesinrocks.com/2016/06/13/actualite/fusillade-a-orlando-faut-utiliser-mots-gay-homophobie-11845391/
Un bon papier du Washington Post https://www.washingtonpost.com/lifestyle/style/guns-terrorism-hate-crime-media-go-to-their-corners-in-reporting-on-orlando/2016/06/12/df24d0cc-30d2-11e6-8758-d58e76e11b12_story.html
#CestCompliqué
Reno – 13 juin 2016
PS : byzeway, le Pulse n’était pas seulement un club gay, mais aussi un endroit fréquenté majoritairement par des Afro-Américains et des Latino-Américains … ça n’a pas l’air d’émouvoir beaucoup les twittos, journalistes et autres experts en massacres, radicalismes, communautarismes, et intolérances.