Bref, (le dernier) Beigbeder n’est pas (si) mal (que sa consternante tournée des plateaux parigots pour téléconsommateurs de junkulture sur commande et rigolade potache, voire pire niveau Camping 3, pouvait le laisser craindre).
Pas la peine d’en faire un roman comme le Beigbeder jamais peigné toujours en descente d’after qui sait écrire quand il a une idée qui tiendrait en 3 phrases (mais que ça n’empêche pas d’être un vidéaste potable quand il a un scénario qui tient en 10 lignes), ou un discours comme le maquillé permanenté moisi qui ne sait compter que jusqu’à 10 mais que ça n’empêche pas de se prendre pour un homme d’affaire (alors qu’il n’est qu’un surfeur), voire un homme politique (alors qu’il n’est qu’un politicien amateur) … le dernier Beigbeder est plus comestible que la pizza froide du « fooding lounge » qui à remplacé le Pub Saint-Germain, à l’Odéon (l’honnêteté oblige à reconnaître que, si les pizzas devraient au moins être servies dans des assiettes tièdes, les serveuses de chez « In Pizza We Trust » sont jolies, que le cadre est agréable si on aime les grands machins tendance infligeant de la globbish food à leurs victimes, que la musique est aussi potable que la bière, et que les clients sont moins faisandés qu’à la plupart des terrasses à drogués de la clope et autres vieilles gloires du coin pour artistes retraités, intellos autoproclamés et mondains parigots ordinaires).
Si on manque de temps, mais qu’on préfère quand même se faire la toile dans un vrai ciné plutôt que de se contenter d’extraits sur Youtube pour blablater en ville, ou que le cousin geek qui vous file les films piratés gratos est encore en vacance ou déjà en taule, ne pas rater les publicités d’avant le film, y’en a des marrantes ces jours-ci pour la semaine du ciné pas cher, et de jolies comme d’hab’ pour des parfums permettant de claquer du fric avec plaisir olfactif, ne pas dormir, même si vous sortez de 2h de métro en grève après une journée toupourrite et une chute de grêle, pendant le 1er tiers du film qui est franchement réussi, aussi impertinent que bien filmé, intelligemment scénarisé et brillamment dialogué (« bucalité », si c’est pas du vécu, c’est sacrément inspiré)… se réveiller pour la fête déjantée en Russie qui sauve le second en rappelant un peu « The Trip », en plus contemporain, et beaucoup « Charlie and the Chocolate Factory », en encore plus sale grand gosse, et résister à la tentation de partir au début du 3ème, parce que la scène « à la Inglorious Bastards » est ratée, ou bâclée, mais pas idiote, que les images bucoliques du final sont émouvantes, et que la musique du générique rappelle que ce mec n’est pas seulement un joyeux fêtard superficiel touche-à-tout pas assez bosseur pour ne pas gâcher ses talents.
Bref, le dernier Beigbeder se laisse (plus) regarder (que pas mal de daubasses pour lesquelles la place est aussi chère dans les quartiers de Paris sans trop de casseurs, mais qui valent moins le coup si on aime les films avec pas seulement du Q pire que dans LUI, mais aussi un poil de QI, comme dans LUI -celui d’avant, parce que maintenant, faut le lire vite-).
Bonne toile.
Renaud Favier – 16 juillet 2016