Les rédacteurs et lecteurs de nécrologies sont débordés, entre le socialo-dictateur tropical sous fausse barbe humaniste Castro qui a définitvement laissé tombé son, et sa, Havane, le coup de blues mortel du vieux photographe flouteur de nymphettes à poil présumé innoncent de tripotages supposés pas innocents il y a quelques décennies, du temps où t’avais raté ta soirée si tu ne revenais pas avec la libido aussi raplapla que le moral d’un supporter du PS, des wagons de morbacs de compétition plus hystériques que des supporters du PSG, 3 ou 4 numéros de téléphone de coups faciles, sinon gratuits, et une bonne bléno et pire si affinités avec des pratiques sexuelles à risques aussi multiples que tes partenaires, et la mort politique du chauve revenu fesses rouges de la primaire de la droite (et des centres résiduels).
Mais la mort de gens vus à la télé, même quand on les connait depuis des lustres, n’est rien, comparée à celle d’un proche.
Perso, c’est le Boiteux qui me met la larme à l’oeil, aujourd’hui.
Le Boiteux était gentil, très gentil, voire trop gentil.
Parce que les « gentils » ont du mal, dans un monde réel obligeant plutôt à être souvent dur, sinon toujours cruel.
Le Boiteux était solitaire, très seul, voire un peu abandonné.
Parce que c’est comme ça quand Dieu, le destin, les circonstances, ou les trois en bande plus ou moins organisée vous rendent différent, et les autres indifférents.
Je l’aimais bien, le Boiteux.
Mais de loin, trop loin, sans lui dire assez, sans même y penser assez, comme on aime mal, pas assez, plus assez, une vieille personne, un ou une proche vieillissant seul(e).
Maintenant, le Boiteux est mourant, peut-être déjà mort.
Ce qui ne fait pas tellement de différence si vous ne souffrez pas au-delà du supportable, si personne n’attend de vous de signature de documents officiels ou d’expression pre-mortem de dernières volontés, et si quelqu’un parmi vos proches sait où sont les clefs de la voiture et où vous souhaitez vous reposer (ou si vous n’avez pas le choix du lieu, ce qui n’a d’importance réelle que pour vos survivants provisoires qui penseront à vous différemment s’ils passent une fois par an nettoyer votre tombe, s’ils marchent doucement sur vos cendres dispersées au pied d’un arbre ou dans un endroit que vous aimiez, ou s’ils passent de temps en temps dans un coin qui leur rappelle le temps où vous vous promeniez sur cette terre).
Le Boiteux était un veau paisible, qui avait passé l’été au pré, près de « chez nous »
Il est mort seul, ce qui est « normal » chez beaucoup d’animaux que la mort inquiète, voire effraie, et qui est peut-être souhaitable, si l’on veut partir tranquille (le fait est qu’une agonie sur le pré est, d’un certain point de vue, plus « belle » qu’un équarissage dans un abattoir).
Il est mort dans « sa » prairie, un bel et triste jour d’automne ensoleillé, un de ces jours que l’on dit « beau pour mourir », quand on peut, quand on veut mettre des mots sur la mort.
Le Boiteux est mort.
Paix à ton âme, Ami Boiteux, puissent l’herbe t’être douce, le soleil caressant, et les amis nombreux, dans les prairies d’en-haut.
La mort est généralement moins belle que la vie, mais elle est moins moche dans le pré qu’en beaucoup d’ailleurs.
Reno – 28 novembre 2016
PS : d’autres amis, des grands, des proches, des lointains, sont morts dans le passé plus ou moins récent, en deuil, ou en transit ici-bas, qu’ils/elles ne prennent pas ombrage de cet hommage au Boiteux, qui, comme eux, comme vous, comme nous, fut tout, ne fut rien, et puis s’en fut, s’en va, sans bruit …