
Si vous avez comme presque tout le monde eu, ou eu les foies de choper, le virus chinois, et si vous êtes encore là pour lire ce blog et assez intéressé au sujet pour avoir cliqué sur ce titre de billet intwittable, vous aussi avez sûrement eu l’angoisse de l’attente aux urgences de l’hôpital et de la queue dans les pharmacies (où l’on ne trouvait pas de masques, et guère de gel, pendant le premier confinement), vous aussi avez fatalement ressenti la trouille du truc bénin ou pas qui vous aurait imposé de toucher des poignées de portes, de respirer l’air d’une salle d’attente de cabinet médical ou paramédical (en sachant bien que les personnels de santé étaient et sont beaucoup, plus en danger que quiconque, hormis nos concitoyens le plus âgés, les plus fragiles, et particulièrement ceux qui sont en EHPAD), et vous aussi êtes devenu, ou pourriez devenir, usager de telle ou telle forme de télémédecine.
La télémédecine, ce n’est pas les feuilletons TV genre Dr House (non, ce n’est pas l’épatante chanson de Madness jouée sur le toit de Buckingham pour le jubilé de diamant de la Reine) ou Grey’s Anatomy (non, il ne s’agit pas de 50 nuances de Grey, mais d’une série pour ados aux pas loin de 400 épisodes en 20 ans, et ça continue), ni la vedette de la pandémique télé réalité dont les téléspectateurs sont gavés par les chaines d’information et autres depuis que le virus chinois #Covid19 est la star planétaire la plus vue à la télé devant le ballon de la coupe du monde de foot, probablement plus que Baby Shark, leader toutes catégories sur Youtube avec bientôt 8 milliards de vues, soit peu ou prou autant qu’il y a d’humains vivants sur terre, non, la télémédecine, c’est tout ce qui est compris, dans votre « parcours de santé », entre quand vous téléphonez à un(e) proche de profession médicale pour un avis, et la chirurgie à distance par robot et IA interposés, et ça peut concerner tout le monde du désert médical le plus reculé, au quartier urbain à densité médicale élevée mais médecins débordés.
Concrètement, la télémédecine, c’est comme les jeux vidéos à tableaux, il y a plusieurs niveaux, parmi lesquels :
- téléphoner à son médecin traitant ou spécialiste pour un avis rapide, si son numéro ne renvoie pas vers un secrétariat. C’est aussi basique que prendre un rendez-vous sur DoctoLib ou demander à son pharmacien un dépannage de médicament sur ordonnance. Rien à signaler, on le fait tous de temps en temps, et au prix de la consultation de base à 25 balles, le manque à gagner pour le toubib est facile à compenser par une boite de sucreries, un bon saucisson (le sauciflard industriel standard de grande distribution, un toubib sain de corps et d’esprit ne l’acceptera pas, outre que la marque peut appartenir à une boite globale de salebouffe pas fréquentable, il est à peu près certainement fabriqué avec du porc pas catholique, beaucoup trop salé, et blindé d’additifs franchement pas recommandés par la faculté, bouffez plutôt du brocoli si vous voulez être longtemps patient de votre médecin), ou une bouteille de gnôle maison, le tout non remboursé par la sécu, certes, mais la santé n’a pas de prix. Si le médecin juge impossible de faire un diagnostic, ou une préconisation à distance, ou s’il n’est pas joignable, rien de plus simple pour son patient, que de passer au « niveau » suivant …
- prendre un rendez-vous vidéo avec un médecin généraliste pouvant être n’importe où en France (ou même pas) via une des plateformes adhoc, pour un diagnostic simple. Si le cas le nécessite, le médecin préconisera bien entendu une consultation physique avec un confrère de proximité, ou un passage aux urgences si l’hôpital est plus proche, ou si l’horaire l’impose. Cette option nécessite simplement un ordinateur personnel, voire un smartphone, et le coût et les conditions de prise en charge par l’assurance-maladie et le cas échéant une mutuelle, sont, sauf cas particulier, identiques à ceux de la médecine de ville. Dans la plupart des cas, le médecin sera disponible en quelques minutes, sera habilité à délivrer un premier arrêt de travail, et pourra prescrire des médicaments par ordonnance. Cette option de dépannage peut s’avérer très utile, non seulement pour éviter d’engorger les salles d’attente et de saturer les cabinets médicaux en période de pandémie, mais dans les zones d’habitat dispersé où il peut être compliqué, surtout en cas de météo défavorable, de se rendre chez un médecin, ou à l’hôpital. A noter que la transmission préalable de l’ordonnance en version informatique à une pharmacie dont on est client connu, peut permettre de ne pas se déplacer avant réception par la pharmacie de médicaments pas en stock permanent.
- utiliser un équipement de téléconsultation permettant l’usage d’instruments normalisés d’aide au diagnostic. Par exemple un thermomètre sans contact dont la fiabilité est plus assurée que la prise de température sous le bras mais par-dessus le manteau à domicile, un brassard de mesure de la tension moins approximatif que certains que l’on trouve dans le commerce et utilisé sous le contrôle du médecin en vidéo, ou une caméra de fond d’oreille permettant un diagnostic d’otite d’enfant sans devoir prendre une demi-journée de RTT. Un exemple de tels équipements : la borne Medadom (une épatante startup française), que l’on peut trouver dans certaines pharmacies (côté pratique, le patient peut se faire aider et obtenir immédiatement ce qui est prescrit par ordonnance), dans des sites privés accueillant du public (par exemple une borne -généralement en cabine insonorisée pour d’évidents motifs d’intimité et de secret médical- dans un immeuble de bureaux, un centre commercial, ou un espace de loisirs pour éviter un déplacement au salarié ou proposer une option pratique à un visiteur), et dans des espaces publics, ainsi une administration, une médiathèque, ou une mairie …
Et bien entendu, la pandémie de COVID19 change la donne, accélère des choses, pose des questions …
En théorie, tout cela semble « bel et bon », particulièrement en période de pandémie, dans des zones rurales et/ou peu ou mal desservie en services médicaux, mais quid dans la vie réelle ?
Trois exemples de « vécu » personnel :
- Test « à blanc » de borne en cabine chez Medadom fin novembre 2020 : on se croirait dans un photomaton fermé et insonorisé, l’écran est grand et très lisible, les 6 instruments de mesure faciles à identifier et utiliser (mieux vaut être droitier pour s’auto entourer le bras gauche de la bande gonflable pour mesure la tension), aucune difficulté pour s’identifier à l’aide de la carte vitale, en saisissant son numéro de sécu, ou en indiquant son numéro de téléphone et son code secret si l’on est déjà inscrit (idem pour la personne pour laquelle on consulte, par exemple un enfant accompagné), enfin le casque-micro pour communiquer avec le médecin est ergonomique et le son de bonne qualité. A noter qu’il n’est pas indispensable à chaque consultation d’utiliser/toucher les instruments de diagnostic, qu’il est recommandable de toucher avec les mains bien lavées ou désinfectées au gel et de postillonner le moins possible surtout en période de Covid, et que des lingettes de nettoyage sont fournies.
- Test réel pour un lumbago devant écran d’ordinateur de bureau le 24 novembre 2020 en début de soirée : écran ergonomique, création du compte personnel en 2 minutes par saisie de données d’identité, de numéro de sécu, du numéro d’une carte bancaire (en principe, consultation gratuite cette année Covid, sinon seul « reste à charge » facturé si pas mutuelle, sauf cas manifeste d’abus et/ou refus de l’assurance-maladie par exemple en cas de suspicion d’usurpation de titre ou d’identité), et d’un mot de passe à choisir … demande de consultation … annonce d’une attente de maximum 10 minutes pendant laquelle on est invité à vérifier que micro et caméra de l’ordinateur sont opérationnels … contact avec médecin qui pose les questions de base comme le ferait un médecin en consultation … je signale que c’est un problème « annuel » en saison de plantation d’arbres au jardin, indique les médicaments préconisés habituellement par mon médecin traitant, fais quelques mouvements face caméra pour aider le médecin à analyser la situation, et obtient des conseils et et une ordonnance avec un anti-inflammatoire un peu moins puissant et plus certainement disponible sans délai en pharmacie, le médecin me suggérant de reconsulter, si possible mon médecin traitant, si cela ne suffisait pas. En 15 minutes chrono, plus qu’à aller à la pharmacie avec mon ordonnance en PDF directement transférable à la pharmacie par mail et/ou depuis l’appli sur smartphone.
- Test réel le samedi 9 janvier 2021 à 8h01 du matin (ouverture du e-service) à domicile via mon smartphone pour ce que je pense être une entorse du genou intervenue la veille au soir : idem, moins de 5 minutes d’attente, questions de base, consultation … le médecin me fait une ordonnance mais me recommande de voir un médecin en réel car « un genou, c’est sérieux, et une entorse, ça peut être compliqué et cacher un souci de ménisque, bref, ça doit s’ausculter en réel, et ça peut justifier une IRM, donc soit urgence à l’hôpital avant l’heure de pointe, soit médecin, traitant de préférence », affaire pliée (mieux que ma jambe) en 10 minutes, j’aurais pu téléconsulter dans mon jardin, dans ma voiture, ou depuis n’importe quel lieu d’accident; c’est épatant … de fait, j’attends 9h pour téléphone à un médecin de proximité ouvert le samedi matin qui a la gentillesse d’accepter de me recevoir à midi … diagnostic confirmé, ordonnance un peu plus « musclée », et recommandation de consulter mon médecin traitant pour décider ou pas d’un IRM … mon médecin traitant ne travaillant pas le samedi mais joint sur son portable valide aimablement les préconisations de ses deux confrères et complète par sms l’ordonnance d’une attèle (qui s’avèrera très utile) et d’une IRM compte-tenu de mes antécédents qu’il connait (chute de parapente …) … direction la pharmacie, zéro souci, coût pour moi zéro euro (mutuelle), coût pour la collectivité 2 consultations de généraliste et la pharmacie sans encombrement des urgences et avec un risque COVID aussi limité que possible … 5 jours plus tard, ça va bien mieux et je me prépare à prendre un rdv pour l’IRM via Doctolib, vive la télé-médecine !
Pour plus d’information sur la télémédecine en général, et la borne Medadom récemment mise en service à la mairie de Saint-Denis le Ferment, tout sera dans l’Impartial daté du 14 janvier 2021.
RF – Saint-Denis le Ferment (territoire de bonheur et santé, 1h de Paris, 1h de la plage), 13 janvier 2021
PS : mais si la consultation à l’ancienne vous manque comme les terrasses de café et de restaurant, et les salles de cinéma ou de théâtre, il n’y a pas que les séries télé et les (extraits de) films dans le ouaibe, pour retrouver le sourire en attendant le vaccin malgré confinement plus ou moins volontaire, et couvre-feu plus ou moins casse-pieds, et vice-versa …
PS 2 : sinon, pour la télémédecine en zone rurale avant la borne à la mairie de Saint-Denis le Ferment (pour la petite histoire, très peu d’établissements publics, et sauf erreur ou omission de l’auteur de ces lignes, aucun territoire de bonheur à moins d’une heure de la mer avec parking gratuit et d’une capitale mondiale du tourisme et de la culture bientôt -à nouveau-ville olympique, ne propose à ses citoyens de borne de télémédecine en mairie), la référence, c’est MASH …
Ping : Et surtout, Bonne Santé ! | Renaud Favier : Café du matin à Paris