Le lecteur DVD s’est crashé comme un pélican crétin avant la fin de « In the air » avec Clooney ! Comme Air France m’interrompait toujours le Dernier Samouraï ou Master and Commander pour atterrir ! Râlant, c’était mieux que « concombres et épluchures » à la TV.
Clooney, avec son air de toubib pré-quinquagénaire pour midinettes reconverti en homme sandwich souriant pour vendeurs de café à bobos pas trop écolos, il aura quand même joué dans des trucs très potables, voire édifiants pour les masses dépressives genre Michael Clayton ou the Perfect Storm. Et il fait même des trucs biens dans la vraie vie, entre autres contre des génocides et autres crimes ordinaires contre l’humanité. S’il était un peu écolo, il serait le candidat idéal pour 2012 mais nobody’s perfect, on le sait depuis que JFK et Marilyn ont fêlé le miroir à rêves.
Nobody’s perfect, c’est à peu près avéré. Dommage pour Clooney, sinon il aurait eu le rôle de Dr House.
Mais dans « in the air« , il est épatant.
Tellement convaincant dans ce rôle de mercenaire des RH désabusé qui vire les gens pour compte de tiers comme Travolta flingue dans Pulp Fiction et accumule les miles de compagnies aériennes sans autre fin qu’appartenir un jour au genre de club 2000 dont les membres ont droit à leur nom inscrit sur un avion et à un « bonjour » personnalisé de l’hôtesse, entre autres avantages considérables acquis à vie. S’il avait un chez-lui, il collecterait aussi consciencieusement les shampoings d’hôtels et les pochettes d’allumettes pour la maison de campagne où son ex-femme ne voudrait plus que ses ex-enfants viennent en week-end à cause des tiques et les spéculos sous cellophane du salon des « First » pour le chien en garde partagée qui aurait occasionnellement droit aux tiques parce que ce serait bien qu’il prenne l’air.
Tellement crédible avec ses combines de grand voyageur un peu corsaire. Efficace dans le choix pour la file d’attente des passagers qui enregistreront le plus rapidement et des plats qui offrent le plus de miles au resto de l’hôtel. Performant avec ses smart-bidules qui marchent toujours mais ne l’amusent plus et sa valise cabine qui permet de gagner l’équivalent de 7 jours pleins par année d’un travail qui l’indiffère. On est tellement tous pareils dans la queue des taxis à Roissy (à Honk-Kong ou dans d’autres efficaces cités du monde économique réel, il n’y a pas la queue, on passe à peu près directement de son siège d’avion à celui de la voiture ou du train ultra-rapide et même parfois la porte du taxi s’ouvre toute seule, mais c’est un autre monde … ou pas).
Tellement mécanique dans sa manière de ne même plus être tenté de tenter de sortir du lounge d’aéroport ou de l’hôtel comme s’il était en permanence « lost in translation » dans sa propre vie. On sait tous tellement bien faire la folie d’un café blue mountain à 30 dollars avec vue sur la verdure du seul hôtel de Tokyo qui a un grand parc, et avec 3 les serveuses réglemantaires pour souffler sur la braise et secouer l’eau à température parfaite depuis 7 siècles au moins, en attendant un club-sandwich machinalement standard ou une salade César si c’est un jour de week-end. On préfèrerait ingérer des trucs responsables moins hypermarchisés dans des endroits raisonnables moins climatisés mais ce serait un autre monde … ou pas.
On sent bien qu’il a du faire des trucs sauvages genre une bière au Boat House Café de Central Park, l’excursion en bus VIP à la Grande Muraille de Chine ou une séance du samedi après-midi de la Chauve-Souris à l’opéra de Vienne mais pendant les deux premiers tiers du film, il compte les miles, vire des gens et s’ennuie confortablement avec ses chaussettes de contention, une stagiaire boulet à trainer et une passade avec un cougar quand l’occasion se présente. C’est drôle si on n’est pas allergique à un peu d’auto-dérision. On préfèrerait moins de vérités qui dérangent … ou pas.
Jusqu’ici, tout va bien, mais on sent que le 3ème tiers du film va tirer quelques ficelles supplémentaires et que, quand on aura trouvé un lecteur de DVD, il va falloir être bien accroché au canapé pour ne pas téléphoner au psy avant la fin du film pour discuter un peu de ces histoires de collection de cartes de chaînes d’hôtels et de club sandwich avec les cure-dents plantés dedans. Ce serait pourtant plus raisonnable de juste abandonner ce DVD pour prendre un mois ou deux de vacances en Grèce comme tout le monde, d’aller faire une orgie de calamars frits en buvant du retsina, comme si on n’avait pas de cholestérol ni un avion à prendre pour cultiver les crises et … conserver le statut platinium qui permet d’aller dans les salons où on peut chiper des spéculos pour le chien et les magazines qui ne savent pas grand chose mais disent über-tout sur les maladies du concombre grec, l’agenda des avocats new-yorkais, les tribulations des primaires, la notation des primes des sénateurs, Tchernobyl 2.0 au Japon, les épluchures, à quel guichet aller râler inutilement quand une valise a été abîmée avant d’être livrée en retard, enfin toussa-toussa en attendant le vol 2012.
C’était reposant, l’an dernier, quand le volcan islandais en éruption bloquait le trafic aérien et la porte d’accès aux magazines encore mieux qu’une grève des Ouvriers du Livre ou l’arrêt de l’électricité nucléaire pour le MacBook (l’iPad, tant qu’il ne fera pas téléphone et qu’il ne sera pas un peu étanche pour marcher dans le bain, mon vendeur Apple le gardera au frais, n’en déplaise à Saint Steve Jobs). Et en plus ça permettait aux stagiaires journalistes réquisitionnés l’été à la TV de filmer un truc dont on n’avait pas trop entendu parler depuis un petit moment, comme quand grâce aux filles peut-être on pourrait voir du vrai sport cette semaine si une chaine sans abonnement daigne changer sa programmation de cours d’épluchage de carottes, coupage de cheveux en quatre au PSG et autres échos des toilettes de l’école primaire : la France jouera les demi-finales de la coupe du Monde de foot en Allemagne grâce à une victoire émotionnante aux pénalties de Françaises admirables de talent et de sang-froid contre les Anglaises et si elles battent les Américaines, les Bleues pourront tenter d’un match d’un seul de nous faire oublier le coup de boule de l’un contre l’Italie, l’amok des autres devant le monde entier et la déculotée d’Annecy face à l’avenir.
Bonne nouvelle, un nouveau volcan grogne en Islande.
Mais, surtout, les pilotes on déposé un préavis de grève !
Vivement 2012 les vacances !
Renaud Favier -11 Juillet 2011 – http://www.renaudfavier.com – Net-Land-Art
Le bonus : le cosmogol n’est plus ce qu’il était.
C’est fini pour aujourd’hui, parce que les histoires d’avion et de volcan, c’est bien joli, mais c’est l’heure de la marée dans la vraie vie des vacances en France.









