On a les ambitions qu’on mérite. Après les triomphes d’Afrique du Sud, c’est audacieux de rappeler aux héritiers de Coubertin et journalistes qu’en principe on joue pour gagner et qu’il y a plus de gloire sportive à affronter l’Espagne qu’à s’indigner contre le monde réel.
Mais le foot, c’est comme n’importe quel sport électoral, l’important c’est d’assurer la tonte du gazon et les salaires des apparatchiks entre deux compétitions et un minimum de spectacle autour de deux écrans de pub pour que les sponsors continuent à envoyer des enveloppes de pâtes aux truffes, de belles bagnoles et des 3èmes mi-temps gratifiantes à leurs gens sandwichs.
Si on peut gagner un match ou autre concours de beauté de temps à autres, en principe les supporters achètent plus de colifichets made in China et promènent les panneaux et autres slogans avec plus de coeur et les comités d’entreprises s’offrent plus de billets pour leurs assujettis et de loges pour leur politburo et leurs clients, mais sinon, il suffit de trouver un bon mécène, de préférence français et si possible un tant soit peu attaché aux valeurs du Parti ou ami des dirigeants ou sensible aux décorations et autres honneurs républicains si on dirige une équipe politique, riche de n’importe quelle devise forte si l’essentiel c’est de gagner … de l’argent. Au pire, ça finit en conférence de presse sur les Champs-Elysées … chez un fabricant de chaussures made in China ou en prise de la Bastille … sponsorisée par les Inrocks, en attendant les vacances au Club Med du Qatar mais les salaires sont payés quel que soit le résultat, et l’essentiel c’est la participation, comme aux primaires des EELVistes.
Alors pour l’Equipe de France (rances ?), qu’on perde un match en finale ou qu’on reparte de Rio les fesses rouges dés le 1er tour, du moment qu’on ne doit pas payer d’avance l’hôtel, que l’avion a assez de places en 1ère pour toute l’armada des joueurs et entourages et qu’on fait de l’audimat avec un coup de boule médiatique, peu importe que ce soit Zidane en fin de match, Anelka en fin de rien ou le malgré-lui en Allemagne en fin de partie fine, ça fera toujours plus d’audimat que la crise du Dollar ou le taux de croissance des PME du Qatar ou du ventre des retraités du foot qui étaient assis à la TV devant le tirage au sort, ou vice-versa.
Alors comme c’est Dimanche et bientôt Ramadan, on va dire qu’il faut élever le niveau de jeu spirituel du débat, rappeler les nobles valeurs des sports, fussent-ils politiques, la nécessaire exemplaritude pour la jeunesse, suggérer un peu de jeûne en camp de rééducation à l’obèse du tirage au sort qui nous a mis dans un groupe de 5 où il sera difficile de faire assez de points pour finir meilleur deuxième surtout si on renonce d’emblée à finir premiers devant un autre pays en faillite ou l’on manque d’eau et où des jeunes à deux jambes et deux bras tapent dans un ballon pour le mettre au fond des buts, avec la main ou aures irrégularités si l’arbitre ne regarde pas ce que des milliards de supporters voient ou savent, mettre un cierge ou équivalent à qui on veut pour que les Espagnols fassent en 2014 comme les Français en 2002 et arrivent trop lourds de leurs grosses têtes et pesants de sucres lents aux truffes pour que leur jambes puissent les porter bien loin.
Les vrais sportifs diront que c’est le premier pas qui compte et qu’à coeurs vaillants rien d’impossible et que pour décrocher la lune il peut suffire de le vouloir plus que les adversaires et de ne pas rater le dosage de prozac le jour du match. Oui, le premier, et en visant la lune plutôt que le doigt qui la montre avec plus ou moins d’élégance, c’est plus admirable qu’une tong publicitaire made in China, un but de la main ou un coup de boule(s) ou de crampons pas très indispensable, quand même.
Enfin, en attendant, l’Amérique va à petits pas vers un accord a minima sur sa dette et son dollar mardi, la France court à petites enjambées derrière les breaks diesel qui jettent des confiseries en plastique et des tongs publicitaires, on a les « AAA » (ah!ahçah!) qu’on mérite, mais comme disait un politicien amateur à l’ancienne d’avant que les cochons et les sportifs deviennent fonctionnaires, « … c’est comme l’andouillette, il faut que ça sente un peu la m…, mais pas trop ». Le goût des autres nôtres, on a aussi celui qu’on mérite, surtout si on vote pour.
Et puis l’andouillette, c’est sympa, c’est traditionnel et ça passe bien en barbecue républicain l’été même si quand même, il ne faut pas manger que ça, surtout si c’est du made avec n’importe quoi in onsaipazou, sinon ça finit par avoir encore plus de conséquences que l’overdose d’auto-bronzant au paraben, on commence à jouer selon les règles du jeu d’avant-guerre économique contre la Corée du Sud et on atteint à peine le niveau des primaires ou autres championnats de France de divisions par très glorieuses.
Pour gagner la coupe du monde, il faudra lâcher les charentaises (made in onsaipazou, bien sûr) pour battre une ou deux bonnes équipes, non ?
Renaud Favier – renaudfavier.com – en avant la musique ! – 31 Juillet 2011
Ps : ça ne peut pas être pire que la dernière fois, la météo ne peut que s’améliorer.











