La France 40ème au classement de Shanghai : ça pourrait être pire

Le Monde, encore plus prompt à la franco-flagellation en période pré-électorale, ne rate pas l’occasion d’un articulet franchouillard pour la sortie du classement de Shanghai survolé as usual par Harvard et consorts. Ce serait pire si on classait les universités … d’été.

Parce que bien sûr, le 68ardisme a bousillé le certificat d’étude : les mômes qui ont 21/20 savent que la retraite peut commencer à 23 ans du moment qu’ils se réservent un régime spécial seulement pour eux ; une minorité bruyante sauvée du boulot par la règle des 80% d’une classe d’âge au bac pense qu’il vaut mieux manifester -quand il ne pleut pas- pour la promesse d’une retraite -et si possible un poste dans un fromage du post-syndicalisme étudiant- que rêver au fond d’amphis d’un avenir qui chante ; et la plupart des djeuns normaux regarde les images d’Espagne, de Grèce et d’Angleterre et se demande s’il vaut mieux en pleurer, en rire ou essayer de bosser quand même au cas où cela pourrait servir à quelque chose sur un malentendu. Mais c’est pire ailleurs, il y a plein de coins où les mômes ne vont même pas à l’école.

Parce que bien sûr les meilleurs étudiants chinois vont réaliser ou compléter leur cursus aux Etats-Unis par réalisme et facilité linguistique pendant que les meilleurs indiens vont en Grande-Bretagne par atavisme et qu’il n’est même pas certains que autres, ni même les meilleurs francophones, privilégient les facs françaises, fussent-elles au bord de rivages ensoleillés ou même aux marges de la ville lumière. Mais c’est pire ailleurs, depuis la fin du socialisme réel international, même les jeunes révolutionnaires tiers-mondistes les plus arc-boutés contre le crypto-ultra-libéralisme ploutocatrique boudent, à tort ou à raison, l’Université Patrice Lumumba.

Parce que bien sûr le lien Université-Recherche-Entreprise est sinon un des sacro-saints chainons manquants à la société française, sinon on n’aurait pas réussi avec autant de constance Concorde, le Plan Calcul, le Minitel et 30 ans de déficit budgétaire avant même l’invention de Claude Alègre et autres crises, au moins un synapse un peu défectueux du génie national.

Mais d’abord, ce classement fondé sur le comptage des profs ou anciens élèves Nobel ou Fields et des citations et articles dans la presse scientifique en anglais est visiblement fait pour ignorer l’excellence à la Française et sous-estimer le génie des enfants des Curie (hennit le bourricot qui pense d’écuries …) et autres familiers de l’atome (penser « crochu » serait oublier que l’ancien Régime est aboli depuis un bon moment, sinon vraiment sur les papiers et autres pédigrées, en principe sur le papier et dans les textes de lois). C’est pas notre genre de beauté à nous, les savants fous qui ne parlent pas français, mais peut-être que c’est mieux comme ça.

Et puis si l’on regarde bien, cocorico !, on est devant les Allemands ! Enfoncés Heidelberg, Manheim et le Max Planck ! Et même les Suédois qui ont inventé le Nobel et les Hollandais qui font pousser des tomates sans soleil, on leur met les fesses rouges ! En fait, à part les Suisses qui ont sûrement échangé leur classement contre une semaine de ski à Zermatt, les Canadiens anglophones qui n’en ratent pas une pour nous énerver nous autres, et les Japonais dont tout le monde sait qu’ils sont complices des Chinois, il n’y a que des Yankees et assimilés devant nous avec une petite incertitude sur le Danemark mais ça doit être le 1% du classement, un genre de discrimination positive comme chez nous pour les concours internes à Météo France ou les élections à EELV (que ceux qui penseraient que c’est peut-être nous le 1% du classement ou celui qui achète sa place quitte immédiatement cet écran, surtout que c’est comme pour les Jeux Olympiques ou le Foot du 21ème siècle, ça se saurait si on avait besoin de faire comme tout le monde !).

Et puis, si les Chinois voyaient les Powerpoint sur les grands enjeux du monde ou les verbatim des débats sur les plans de table et autres complots de couloirs des Universités d’été que certaines institutions organisent rituellement autour des sacro-saintes vacances d’été gauloises pour rassembler leurs notabilité et évoquer leur passé, présent et parfois futur, ou l’inverse, on serait pas loin du bonnet d’âne, limite camisole blanche …

Cela pourrait être pire, mais alors on ne serait probablement pas 5ème puissance du monde pour très longtemps.

Renaud Favier – renaudfavier.com – en avant la musique ! – 15 août 2011

             

Ps : un truc limite abracadabrantesque, au-delà des trimestres qui durent 6 semaines au plus quand il n’y a pas de grève et de l’effrayant gâchis des filières sans débouchés ni toujours beaucoup de contenu, c’est que les frais d’inscription aux universités d’été soient fiscalement déductibles en frais professionnels et/ou de facto financés par l’impôt pour les partis politiques et assimilés subventionnés, alors que les investissements d’avenir que sont les frais d’inscription et de scolarité des étudiants des écoles et vraies universités qui forment en principe les futurs entrepreneurs et autres créateurs d’emploi ne sont pas déductibles pour l’impôt sur le revenu des parents alors que les écoles financées par l’impôt de fonctionnaires salariés et retraités en régime spécial financé par l’impôt sont quasi gratuites et rémunèrent même leurs étudiants en certains cas. On a la formation professionnelle qu’on mérite. Cela pourrait être pire, certainement, mais pas beaucoup plus « fiscalement injuste », limite « lapin crétin » pour utiliser des vocables aussi à la mode que « crise », « indignation » et « responsabilité » dans les powerpoint et autres discours et encombrants à étagères de libraires préparés pendant les vacances par les stagiaires des communicants des politiciens professionnels pour les discours de rentrée aux universités … d’été et autres banquets républicains.

C’est fini pour aujourd’hui.

Une idée plus "21è siècle" du désir d'avenir

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