Le Concombre Masqué assène avec humour potager et sagesse jardinière des vérités qui ne fâchent pas toujours les mêmes depuis le temps des Beatles. Il en a vu de belles et entendu des révolutionnaires, mais entre « alter », G20 et Papandreou, « là » il doute un peu.
C’est pas qu’il ne soit pas comme tout le monde en politique, sur les murs Facebook et autres cafés du commerce du monde réel un tant soit peu démago, clientéliste, populiste, vieux réac retraité ou jeune chômeur résigné, provocateur de tout bord, étudiant attardé, artiste, indigné médiatique ou whatever doesn’t work en régime spécial, et tous les autres, plutôt favorable à l’idée qu’on demande aux gens ce qu’ils veulent parce que comme disait cet autre grand fumeur de cigares (Havane ?) de Churchill : « la démocratie est le pire des trucs à l’exception de tous les autres« . Et qu’on ne vienne pas lui raconter que l’Angleterre était un peu moins à la ramasse en principe ou un peu plus irréprochable en théorie du temps de Churchill que le berceau (hospice ?) grec de la démocratie exemplaire aujourd’hui, parce que quand même, quand des amis vendeurs de routes, ponts, bagnoles et parking achetés à crédit demandent poliment entre la poire et le fromage aux collectionneurs de 4-4 japonaises à sièges en cuir ou bagnoles allemandes aux truffes le paiement échelonné d’à peine 50% de leur dette, c’est moins pire que quand des ennemis costaudement armés bombardent assez méchamment tout ce qui bouge ou pas en exigeant le beurre par les canons et en proposant un modèle social alternatif plus inquiétant qu’Erasmus. Les DAB en Euro partout où on va en vacances et un fédéralisme genre de qui marche mieux que si c’était pire dans pas mal d’ailleurs type Etats-Unis d’Allemagne, d’Inde ou d’Amérique, ça n’a pas que des inconvénients.
Le Concombre n’est bien sûr pas contre le principe d’un réferendum de temps en temps si les gens payent assez d’impôt pour que l’Etat puisse le leur offrir comme en très démocratique Suisse au-dessus de tout soupçon, même si le résultat des cantonales est connu d’avance et si un sondage de confiance par internet serait quand même plus raisonnable s’il s’agit juste pour Papandreou de filer sa dém’ pour laisser le parti d’en face piloter le naufrage dans le déluge avec une mutinerie et le feu à bord (déjà, c’est pas du nucléaire, ça pourrait être pire). Sinon, le Concombre n’est pas opposé à l’idée d’innover en politique spectacle et de faire payer 1 Euro le vote comme c’est à la mode dans d’autres pays socialistes où le sport national est aussi la fraude aux aides européennes fiscale mais où les sportifs professionnels sous anti-dépresseurs (ceux dont l’effet collatéral est une gros augmentation de masse musculaire et qui sont bien remboursés par la Sécu) et bien entraînés par des coach compétents formés dans les meilleurs écoles et soutenus sans états d’âme par tout un écosystème de consultants, hôteliers, militants disciplinés et communicants à véhicules aussi rapide que la plume (honni soit qui mal, mâle et/ou DSK y pense) … sont plus performants et n’épuisent pas au-delà du raisonnable, espèrent-ils, la patience des citoyens électeurs la poule aux oeufs d’or. Mais devant certaines réalités émergentes, sinon domestiques, le Concombre se demande si le Roi, les altesses souveraines d’Europe et même quelques autres démocrat(i)es ne sont pas aussi nues que des vérités qui fâchent.
Le Concombre pourrait néanmoins faire comme si de rien n’était et manifester dans les rues contre les pauvretés, complots ploutocrates et autres misères de la planète avec des panneaux ironiques en riant au nez des force de l’ordre comme depuis les sixties ; organiser des facebook-apéros pour cela, contre ceci ou parce que ça l’occupe et que ça le fait marrer de défier les puissances établies au nez et à la barbe des big brothers et autres régulateurs de l’internet comme depuis le début du millénaire ; ou s’habiller chic (mais pas made in France ou même Europe, il ne faudrait pas abuser de la mieux-mondialisation responsable) pour aller au Festival G20 de Cannes proposer aux acteurs de Wall-Street une taxe sur les transactions financières comme on en parle depuis avant le premier film de la dynastie Douglas, aux intermittents du spectacle politique un allègement de charges de travail pour éviter le burnout syndrome du Titanic à la Papandreou et aux médias spécialisés de nouveaux éléments de langage historiques, une photo de groupe émotionnante et un beau communiqué de clôture que la presse jugera « monumental » ou « énorme » si elle est supporter d’un bord, « affligeant » ou « pathétique » si elle est pour l’autre religion, comme depuis des siècles et des siècles. Il (se) dirait que tant qu’à jouer la tirade des nez, autant le faire avec talent, élégance et un peu d’humour.
Le Concombre (se) dirait qu’il ne peut pas faire comme si de rien n’était du tout.
Surtout que quand même, il semble y avoir un peu urgence …
Mais que si Papandreou peut dire n’importe quoi et s’en laver les mains, lui aussi …
Comme le Concombre n’est pas totalement irresponsable, il chercherait quand même à comprendre ce qui se passe, à savoir si et comment il s’est fait « papandréouter » comme on dit dans le Canard ce matin.
Il (se) demanderait à qui profite le crime, si les spéculateurs à la baisse et autres mains (nains ?) invisibles contre l’Europe ont pu gagner en une demi-journée plus qu’un investisseur en bons du Trésor « AAA » (Allemagne, Autriche, les Autres sont en examen) en 2 ou 3 ans et s’il n’y a pas eu de délits d’initiés en cerise sur le gâteau (ceci dit, si des spéculateurs Grecs ont pu reprendre un peu d’argent aux marchés et ne l’ont pas immédiatement exilé vers des paradis fiscaux, c’est toujours ça qu’on ne demandera pas aux contribuables européens et ça compenserait un tout petit peu la salade grecque dans laquelle l’Europe est plongée).
Mais comme le concombre a été à l’école et a lu quelques classiques, il (se) dirait que la Grèce, l’Europe et le monde n’ont pas tellement changé depuis 2000 ans et que la tragédie repose toujours sur un coup de théâtre imprévu alors que tout semblait aller vers le mieux dans le meilleur des mondes. Et que tant que les « grands » et boursiers seront en RTT et les « petits » et chômeurs en vacances scolaires, sauf si Bunga-Bunga fait des siennes sur un tapis rouge ou vert sur la Côte d’Azur ou que les premiers rôles de la comédia del arte politique et économique oublient leur texte ou leurs éléments de langage au Festival G20 de Cannes, jusqu’ici, tout va bien.
Et sur l’actualité brûlante, le Concombre qui a été bouc-émissaire d’e-coli pas plus tard que l’été dernier dirait que carboniser Charlie Hebdo, c’est pas écologique, et puis c’est comme mettre le feu au Reichstag, incendier l’Euro(pe) ou autre réserve naturelle subventionnée par les touristes ou simplement se brûler les ailes (ou pas …) comme un politicien imp(r)udent en cédant à toutes sortes de tentations plus ou moins licites (le petit truc marrant un peu populiste ma non troppo et qui change de l’affaire DSK dont on se fiche un peu maintenant et des Karachieries qui peinent toujours un peu surtout les proches des victimes, c’est ce reportage allemand sur des députés européens de tous bords, y compris les donneurs de leçons patentés de pays supposés au-dessus des petits arrangements, en train de faire la queue avec leur valise au petit matin du vendredi à Strasbourg pour toucher leur per diem avant de partir compter ailleurs leur rémunération mensuelle moyenne de plus de 14 000 Euros, « plus que celle de la chancelière Merkel » signale le journaliste qui n’a pas le temps d’interviewer quiconque sur la fiscalité favorable ou le régime de retraite spécial avant d’être duement expulsé par la sécurité … française), c’est un peu moyen … âgeux, ça ne devrait pas se faire, on ne devrait pas agir comme cela dans un monde libre et civilisé. Même si le Concombre dirait comme Jack « qu’il n’y a pas mort d’homme » et que les journalistes de Charlie savent aussi bien que les politiciens populistes, les manifestants parfois simplistes et autres commentateurs souvent approximatifs, qu’à jouer avec le feu, de temps en temps on se chauffe un peu les doigts et que ce n’est pas grave tant que les (é)lecteurs sont solidaires et que les autre apprentis sorciers du referendum n’utilisent pas leur droit de vote pour mettre le feu au Reichstag et à l’Europe et plus si pas d’affinités, comme en 1933, pour ne citer que l’exemple le plus récemment tragique de folie collective européenne.
Enfin, même s’il veut bien mettre ses lunettes opaques pour éclipses et regarder ailleurs pendant que les responsables sont supposés manger leur chapeau notre salade grecque, le Concombre qui a bien connu Mongénéral se souviendrait qu’il disait : « il ne suffit pas de sauter (des charentaises ?) comme un cabri en criant l’Europe, l’Europe, l’Europe … ». Alors il n’ironiserait pas en transposant à l’Euro, l’Euro, l’Euro parce qu’il est un peu responsable et inquiet quand même mais ne ferait pas plus un chèque en blanc aux zélus européens qu’à ses notables politiques des cantons, ni une confiance plus aveugle aux apparatchiks bruxellois ou mondiaux qu’à ses fonctionnaires et banquiers de proximité, enfin pas plus crédit aux politiciens professionnels que les professionnelles aux politiciens et autres clients pas trop fiables.
Il demanderait aux candidats à telle ou telle élection ou parachutisme d’annoncer la couleur et de commencer à dire un peu ce qu’ils font, suggèrent ou proposent plutôt que de commenter à la radio les feux de forêts (criminels selon toute vraisemblance mais il ne faudrait surtout pas culpabiliser les incendiaires qui sont des érotomanes pyromanes comme les autres sans lesquels on ne pourrait pas faire campagne électorale chez les indignés où ça brûle) à la Réunion et discutailler à la TV des incendies grecs sans vouloir voir que les braises sont sous les pavés (et d’arrêter de publier des dissertations de stagiaires à la rentrée littéraire et faire coller des affiches clandestines moches, polluantes et illégales sur les palissades de chantiers en dehors des périodes officielles de propagande électorale). Sous certains claviers, aussi. Et pas seulement chez Charlie.
« Vive la France libre » pourrait dire le Concombre.
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 2 novembre 2011
Ps : le Concombre sait bien qu’il vaut mieux ne pas chercher à connaître le derrière de toute chose, il a assez de nez pour ne pas le fourrer n’importe où, même si parfois, lui-même doit se demander quel est le bon côté du (de la ?) manche.
C’est fini pour aujourd’hui, parce qu’on n’a pas que « ça » à faire.
Il faut aussi qu’on aille voir ce qui se passe sur Twitter (entre autres réseaux sociaux, vies électroniques et activités connexes du monde réel)












