Des politiciens responsables de demain bossent à Bruxelles, e la nave va. Les Paquebots France et Euro(pe) évitent les icebergs. Jusqu’ici, much ado about nothing malgré le(s) pays de Shakespeare et les capitaines d’hier qui ressuscitent l’agitprop au Sénat du canton parisien.
Le Royaume de Danemark est l’autre pays de Shakespeare pour les quelques milliards de concitoyens du monde qui ne liront jamais le poète, soit qu’il n’aient pas la chance de savoir lire, soit qu’ils manquent de bibliothèques non censurées ou d’accès internet libre, soit qu’ils s’en tiennent de préférence à des slogans courts genre supporter de foot, à une littérature limitée genre militant (tiens, c’est l’anagramme de limitant, amusich, nicht ?) politique, ou le standard littéraire 2.0 genre 140 caractères.
Au pays d’Helsingor, on a appris depuis quelques siècles à vivre avec « quelque chose de pourri » et on n’en fait pas toute une affaire à la française ou une tempête dans un verre d’eau européen comme s’il y avait mort d’homme, le feu à l’Euro(pe) mare nostrum ou des caméras dans les couloirs des grands hôtels pour maîtres du monde des sommets en Europe. Surtout qu’on est juste sympathisant du Roi #Euro au Danemark, et que la couronne est aussi solidement arrimée dans les coeurs et les portefeuilles danois que sur la tête de la Reine (Margrethe, pas Elisabeth, encore que pour le coup, ça se discute). Mais chez Shakespeare 2.0, on (se ? nous ?) dirait que c’est bien que les sorcières qui annonçaient le(s) pire(s) aux Macbeth et autres Rois Lear (lyre ? lire ?) de France et d’ailleurs du moment aient, au moins jusqu’ici, menti.
Au royaume de la social-démocratie à visage tranquillement souriant sans pétrole ni gaz comme les Scandinaves d’en-haut à gauche, sans industrie sérieuse genre automobile ou avions de combat comme les Scandinaves du centre, sans champion du monde 2.0 « à la Nokia » comme les Scandinaves d’à droite, on incarne un genre de 4ème voie d’ailleurs, imparfaite, forcément imparfaite comme SAS (Scandinavian Airlines System, pas le Prince Malko qui ne boit qu’une marque de champagne dans ses costards anthracite de chez #helassurementpastropmadeinfrance parfumés à la marque unique parce qu’il a de bons sponsors comme les magazine gratuits distribués par tous les partis politiques soucieux de littérature d’influence) mais tant qu’à vouloir croire au (pays du) Père Noël, autant regarder les jolies Scandinaves dans la bonne direction plutôt que de rouler à fond vers le mur (se ? nous ?) dirait-on à Copenhague.
Au pays des contes d’Andersen, des jeu de Lego et de la grande roue de Tivoli, l’heure n’est jamais à la folie des grands (grandeurs ? grandes heures ?) et comme l’école marche bien, les môme, grand-enfants et autres notables sont des gens raisonnables comme les autres. Et comme les sportifs, les chanteurs, les publicitaires et les politiciens ne sont qu’exceptionnellement professionnels, l’exil fiscal en bande organisée et le jeu de qui-perd-gagne en assemblée ne sont pas les sports (plus ou moins) collectifs nationaux. Au Danemark, on (se ? nous ?) dirait que quand on s’occupe correctement de l’éducation des enfants en leur racontant les contes d’Andersen avec leurs morales plutôt qu’en les laissant regarder à volonté (en l’occurence, la formule est inadaptée, « à satiété », voire « jusqu’à en vomir » serait plus de circonstance) les trucs les plus débiles à la TV ou les Youtuberies postées par des sectes, lobbies ou simples lapins-crétins sans trop de censure sur le net ni commentaires parentaux, ça peut aider pour éviter de créer des gangs de sauvageons d’en-bas en taille king size mais idées courtes ou des castes de prédateurs d’en-haut à la vue basse mais manteaux longs et morale élastique, en proportions variables mais entre 1 et 99%, en général. Surtout si on n’oublie pas 50% du monde (mais qu’on fait un peu attention quand même à ne pas créer les femmes politiques sur le modèle des hommes).
Au pays du design scandinave … on s’est mis au bling bling comme tout le monde parce qu’on a beau être fondamentalement social-démocrate et avoir plutôt moins mauvais goût que la moyenne des téléspectateurs, on est plutôt dans le camp de l’économie de marché tendance Lénine qui disait « dites leur ce qu’il veulent entendre » au temps où la politique pouvait et qui dirait aujourd’hui « vendez leur la corde pour les pendre ce qu’ils veulent acheter à crédit« . Et on s’est aussi mis à la délocalisation compétitive comme tout le monde parce qu’on a beau avoir un vrai sens de la solidarité à visage humain et avoir plutôt moins tendance que d’autres à acheter n’importe quoi fait n’importe où par n’importe qui dans n’importe quelles conditions parce que c’est moins cher et qu’on s’en fiche d’entretenir un cercle vicieux, il y a aussi au Danemark des réalités aussi simples qu’en France genre c’est bien beau de faire marcher les agences de design de logos et les agence fabricantes d’éléments de langage et slogans genre « made in France » ou « origine France » ou « vive la France » ou whatever doesn’t work, quand il n’y a plus d’outil industriel ni de savoir-faire ni de fournisseurs ni de sous-traitants, c’est plus compliqué, même s’il y a des clients solvables. Mais quand on dit qu’on va faire du haut de gamme et s’adapter au goût des clients et s’associer si nécessaire à des partenaires européens et qu’on va l’exporter pour essayer de ne pas trop ajouter le déficit commercial aux déficits budgétaires et autres spécialités économiques de pays qui n’ont pas compris que ce qui se vend c’est la feta made in Denmark, le fromage à tartiner made in onsaimemepasou et le fromage rapé made in Germany, on est sérieux, à Copenhague. On dirait, au Danemark, que quand on parle business, c’est mieux quand ce n’est pas pour ne rien dire genre viriles mais vaines paroles de fonctionnaires en RTT Grenelle du Rafale, excitantes mais artificielles perspectives de Small Business Act d’eurocrates de permanence entre deux sommets à Bruxelles, ou engagements politiquement corrects mais économiquement dépassés de militants des guichets uniques pour tous au nom de la continuité territoriale.
Au pays de la Petite Sirène, on a fatalement cédé aux … sirènes et on est dans le même bateau que tous les citoyens du monde réel, en Europe, qu’on le veuille comme ceux qui ont en principe plutôt à y gagner, ou non comme les Anglais et autres sceptiques qui pensent y avoir plutôt à perdre. Dans le même monde 2.0, qu’on en soit fana comme les mobigeeks (geek mobiles, on en rit comme une baleine, non ?) qui spielent sur bousier.com avec leur PC d’une main, traficottent sur e-bay sur leur Mac de l’autre et négocient avec leur smartphone grâce à SIRI ou Dragon, qu’on en soit juste sympathisant comme les partis politiques et autres enseignes commerciales pas trop à l’aise devant les principes de gratuité et d’instantanéité, ou franchement réfractaire comme ceux qui n’ont pas trop le goût de l’avenir de la liberté de parole, de choix ou de pensée. A Copenhague, on (se ? nous ?) dirait qu’on sera bientôt au 21è siècle, qu’on espère que 2012 sera enfin l’année d’un nouveau millenium et qu’il faut serrer les dents et sourire comme dit Christine Lagarde qui rappelle aussi avec sa casquette FMI qu’il faudrait recapitaliser les banques et de préférence en mettant les profits en réserve plutôt qu’en endettant encore les Etats ou la BCE qu’il ne faut pas abandonner le navire et l’avenir de l’Europe même si l’eau est sombre, la météo sérieusement hivernale et les promesses et bonnes résolutions encore moins crédibles que d’hab’ en période électorale.
Glaedelig Jul et toussa-toussa.
©2011 Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 9 décembre 2011
PS : au pays de #COP15, on sentait déjà au sommet de l’environnement de Copenhague que le réchauffement climatique ne serait pas stoppé par des discours politiques de fin d’années, des jamborees d’écolapparatchiks en bord de mer ou les bonnes intentions d’électrons libres velléitaires aussi prompts à annoncer leur candidature à ceci-cela qu’a renoncer pour partir en croisière quand la météo se complique. Que plein d’autres joyeusetés environnementales passées, présentes et futures devraient être encore longuement discutaillées en présence des caméras pas occupées ailleurs de chaines TV dont les queues de budgets permettent l’envoi de journalistes avec webcam à l’étranger pour les voeux verts et indignations biodiverses de fin d’année, à Cancun ou Durban en attendant Rio. Ce qu’on ne pouvait pas vraiment prévoir à Copenhague fin 2009, c’est que l’écologie politique française porterait si ostensiblement des lunettes rouges et des oeillères roses sponsorisées avant même la disparition des dernières neiges du Kilimandjao, moins encore qu’EELV viserait le championnat mondial de la tartufferie de la politique politicienne, catégorie amateur, encore qu’on sentait déjà un bon potentiel, y compris avec cette conférence de presse « retour de Copenhague » de l’apparatchikesse en chef qui s’était auto-félicité d’être venue à bilan carbone optimisé mais qui repartit sans trop d’états d’âme en avion pour arriver à l’heure à sa conférence de presse. A Copenhague, on aurait probablement la délicatesse de ne pas parler de l’écologie politique à la française, ni de l’instrumentalisation électorale du vote des étrangers, ni des affaires aussi diverses qu’avariées du Sud au Nord de la France et jusqu’à New-York à l’Ouest et Karaki ou même Taiwan à l’Est, mais on (se ? nous ?) dirait quelques chose comme « 2012, vaste programme …« .
C’est fini pour aujourd’hui parce que maintenant que l’Euro(pe) est sauvée des eaux, il faut aller casser la glace pour pêcher le poisson, retrouver la blague de l’indien et le pêcheur viking, et cuire le pain noir pour les « smørbrød » (bio évidemment, ou responsable au moins, et sans excès, bien sûr, c’est la crise pour tout le monde, même au pays de la Flexsécurité à visage humain) de Noël.
Andersen aussi twitterait, si on était encore au temps des fables morales.
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