Sauf « cheminaderie » de dernière minute, façon OM contre l’Inter (qui a rappelé hier soir la finale France-Italie du championnat d’Europe des Nations en 2000), le bras invisible du sélectionneur de la République française va qualifier une dizaine de candidats en 2012.
Finalement, le changement climatique n’aura pas tellement impacté la saison de la chasse aux signatures. Le risque d’être « 13 à table » est selon toutes probabilités écarté, c’est à peu près sûr depuis les vacances de février, et la seule surprise est de trouver le mystérieux « Solidarité & Progrès » à la place de CAP 21 dont la pourtant médiatique et compétente porte-drapeau va (très probablement) pouvoir se consacrer pleinement à ses clients, son mandat européen et peut-être au club de anciens du Grenelle de l’environnement monté par Nicolas Hulot et Jean-Louis Borloo. Parce qu’à preuve du contraire, elle n’est pas du genre, elle, à faire des ménages comme les politiciens qui capitalisent sur la notoriété payée par les contribuables et les réseaux offerts par les citoyens pour démarrer une carrière de conférencier de luxe (réservé à ceux qui sont passés en interview sur une TV étrangère ou au moins sur Arte ou Euronews), de lobbyiste international (réservé à ceux qui parlent un peu anglais) ou de conseiller de princes (en CDD ou pour des petits jobs en général, même pour celles et ceux qui ont vendu plus de 200 exemplaires de leur dernier « livre » en dehors des clubs de militants).
Finalement, le destin jouant aux dés aura préféré le prolétaire travailleur girondin de tous les jours Poutou à l’éloquent Dominique des 100 jours jacobins : cela fera au moins un motif de sourire pour les 99% qui n’avaient pas trop réussi à planter leurs piquets de tentes dans le béton de la Défense, ni à intéresser beaucoup les médias au pays du 1%. Les concurrents sur l’aile de la gauche mélenronchoneront contre la concurrence sauvage sur le marché électoral et les marchés des campagnes, tandis que les écologistes anti-Besancenot pesteront contre le bilan carbone de la pré-campagne de l’ouvrier de l’industrie automobile qui a ratissé en voiture les soutiens besancenistes un peu partout en province alors qu’EELV pouvait faire le job en quelques e-mails pour assurer la présence de la vieille (de) gauche au 1er tour. La sympathique Arlette 2.0 n’en voudra pour sa part probablement pas trop à son camarade travailleur d’en face qui ne sera pas seul, ni même principal, responsable si elle n’atteint pas la barre des 5%.
Des publicitaires regretteront sûrement un peu que deux candidats potentiels aux talents médiatiques incontestés restent (très probablement) au bord de la route, mais ils se consoleront en participant à la compète publique pour la campagne pour la rénovation du système des parrainages (après les législatives, s’il n’y a rien de plus urgent à légiférer) et en assurant le lobbying à Bruxelles contre l’exil fiscal en Europe, pour un Euro Small Business Act ou à propos du Buy European Act, entre autres nouveautés en attendant les élections européennes. Et s’ils s’ennuient vraiment, ils pourront toujours créer de nouvelles îles dans Second Life ou dans le nouveau truc 3 ou 4.0 à tester pour convaincre les électeurs qui ne jouent pas à Facebook ou Twitter, qui ne font pas leurs courses, leur jogging avec iPod ou la promenade du chien sur les marchés, et qui n’ouvrent pas leur porte aux militants dûment équipés de la clef du facteur dans les beaux quartiers, d’un kit nerf de boeuf-lacrymogène-sirène de supporter de foot dans les banlieues un peu chaudes et, surtout, de bonnes chaussures et d’un gros stock de bonne humeur partout, comme d’hab’.
La bonne nouvelle, au moins pour l’ex-candidat de Chasse, Toussa-Touça et Traditions qui avait renoncé avant les autres à la course aux autographes, c’est que même si on n’a pas de quoi constituer une équipe de foot (moins encore de rugby, mais c’est dans l’ordre des choses, la politique professionnelle est plus proche du foot professionnel que du rugby), c’est qu’on aura plein de photos du « Big Five », et même du « Top Ten » du chasseur français. Et, en plus, on est sûr que la France ne reviendra pas bredouille du safari électoral.
La bonne nouvelle pour les électeurs, c’est qu’on pourra compter les candidats sur ses dix doigts, ça simplifie quand même le tirage au sort pour ceux qui veulent accomplir leur devoir civique sans s’amuser à voter blanc ou à ressortir un vieux bulletin de Jospin ou Chirac mais n’ont pas de préjugés ni l’envie de s’user le neurone. Sur une seule main, en réalité, mais pas la même pour tout le monde.
Enfin, l’important pour les candidats, ex-candidats, futurs candidats et autres consommateurs de sondages est probablement (ou pas) ce qu’on en dit ce matin sur Twitter.
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Renaud Favier Let’s Enjoy Today 😉 * w/ ‘Que Sera Sera’ in « The Man Who Knew Too Much » – renaudfavier.com ♫ blip.fm/~1ajls8
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RF 14 Mars 2012. Retour vers des e-books plus ou moins sur l’avenir en chantant (enchanté ?) de l’environnement urbi et orbi, plus que moins sur le présent de la France Ubu et urbi et souvent avec un rien plus que la dose d’humour noir réglementaire mais tout juste le minimum syndical d’enthousiasme pour ces derniers jours de pré-campagne française avant le printemps.
Renaud Favier : Café du matin à Paris 