« Les PME vont finir par quitter la France » (PKM) !

Pierre Kosciusko-Morizet, PDG du groupe PriceMinister. - DR

Crédit : DR pour Radio BFM – Pierre Kosciusko-Morizet, PDG du groupe PriceMinister.

Pierre Kosciusko-Morizet, talentueux créateur et PDG de Price Minister (vendue à des investisseurs Japonais) interviewé sur BFM le jour même des Assises du Numérique : « On en a marre d’être les dindons de la farce, on va forcément finir par quitter la France (intégrale de l’interview dans le 12-15 du 25 novembre) » … si les Sénateurs avaient pris la peine de consulter une seule personne qui connaisse Internet … On se tire une balle dans le pied … on ment aux gens … »

No comment, il lui faudrait un cheval rapide. J’espère qu’il se présente aux élections des chambres de commerce et d’industrie, le « Parlement des Entrepreneurs » a aussi besoin de chefs d’entreprises de cette génération et de cette trempe.

Extraits (source : BFM Business  www.radiobfm.com )

Hedwige Chevrillon : Les sénateurs ont finalement décidé d’adopter la « taxe Google ». On verra ce qui se passe ensuite. En revanche, la taxe sur le commerce en ligne a au moins été évitée. Vous poussez un « ouf » de soulagement. Est-ce qu’il faut s’attendre à des mesures de rétorsion de la part de Google ?

Pierre Kosciusko-Morizet : Je pousse vaguement un ou deux soupirs de soulagement, parce qu’effectivement il y a une des deux bêtises qui a été évitée. Après ce n’était même pas tout le commerce électronique, c’était le commerce avec une dimension numérique. Ça voulait dire qu’une boîte qui commandait à une autre boîte un produit en l’envoyant par mail était taxée, donc c’était complètement absurde. C’était une taxe sur l’économie en fait, c’était prendre 0,5 % de tous les flux.

Ça aurait été bon pour les finances de la France ?

Oui, ou peut-être pour la Poste parce que les gens auraient passé commande en envoyant des lettres pour éviter que ce soit électronique. Je ne sais pas, mais je pense qu’à court terme, c’est toujours bon d’augmenter les impôts. En revanche, les augmenter sur les business les plus « délocalisables », je pense que ce n’est pas une bonne chose, et c’est ce qui est fait là.

Ce qui est assez choquant, c’est qu’elle est en train de passer pour une « taxe de Google », parce qu’on l’appelle comme cela et que cela a été voulu par le président de la République, qui a beaucoup poussé en disant « Google ne paie pas d’impôt et ce n’est pas normal ». Je suis complètement d’accord : je pense que ce n’est absolument pas normal que Google ne paie pas d’impôt, mais cette taxe n’incite pas Google à payer quoi que ce soit.

Ce qui est aberrant c’est que nos sénateurs ne comprennent rien à l’économie, et donc ils veulent taxer Google mais en fait ils taxent les PME françaises. J’explique en deux mots : l’État français va taxer les dépenses Internet en publicité des sociétés françaises, vers les médias français, vers les sites Internet français.

Et donc ils visent Google, qui est basé en Irlande et ils pensent le trouver comme ça : on va dire que dès qu’un annonceur français fait de la pub, même si c’est sur un site étranger, théoriquement on va prendre 1 %.

Moi je pense que cela ne va pas du tout affaiblir Google, parce qu’en fait la publicité la plus rentable, c’est la publicité Internet aujourd’hui, parce que ça se mesure. Donc une société qui se dit « on va me taxer 1 % de mon Internet », je pense que cela va freiner les autres médias. On va voir, mais je n’envisage absolument pas que ça freine les dépenses sur Internet.

En revanche, nous PriceMinister, on est basé en France, donc quand on achète du média sur Internet, on va nous taxer de 1 %. Mais tous nos concurrents américains sont basés au Luxembourg : eBay, Google, Microsoft, Amazon, toutes ces boîtes sont au Luxembourg pour leur TVA et en Irlande pour leur siège social. Elles vont donc acheter la publicité à Google Irlande, comme tout le monde, et elles ne vont jamais payer 1 %.

Donc moi je reste en France, j’ai mon concurrent qui part au Luxembourg qui paie le tiers de la TVA que je paie – c’était déjà incroyable mais c’était le cas avec eBay – et en plus maintenant quand ils vont acheter du marketing, ils ne vont pas payer de taxe alors que moi je vais payer 1 %. On marche sur la tête !

Et Google ne va jamais rien payer, les gens qui vont payer ce sont les PME françaises qui ont fait le choix de rester basées en France pour payer leurs impôts en France. En fait, ces PME françaises vont finir par partir. Le boucher du coin qui achète trois mots clés va rester, mais une boîte comme nous, on va forcément finir par partir. On en a marre d’être les dindons de la farce, et on ne peut même pas expliquer ça aux sénateurs, parce qu’ils ne nous prennent pas au téléphone.

Ce qui est incroyable, c’est qu’ils sont dans leur bulle, ils estiment qu’on défend nos intérêts, ce qui est vrai bien sûr, mais à un moment, ce sont des gens qui n’ont même pas  Internet chez eux, qui font un truc sur Internet sans même demander à un expert d’Internet son avis. C’est incroyable !

(…)

Renaud Favier, 26 novembre 2010

Le bonus : parce que tant qu’à être dans le langage de vérité, autant faire la différence entre auto-emploi (nécessaire, comme le sont les petits boulots de survie dans les pays dits « en développement », qui servent soit à nourrir la famille, soit à payer un billet vers le mirage de l’emploi dans un pays dit « développé) et création d’entreprise à potentiel de croissance et autres startups (indispensable, si on veut rester en première division économique, maîtres de notre destin, capables de financer notre « modèle social », l’éducation, la recherche, l’entretien des infrastructures qui sont un de nos principaux facteurs d’attractivité, la sécurité intérieure et extérieure, la dette etc …, pas se mettre en lévitation entre grève, Prozac et exil économique ou fiscal). JC Volot, autre talentueux créateur d’entreprise, est Président de l’Agence Pour la Création d’Entreprises (APCE) et Médiateur de la sous-traitance.

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2 Responses to « Les PME vont finir par quitter la France » (PKM) !

  1. Avatar de Eric Eric dit :

    Cela ne fait qu’une taxe de plus ! Il y a 220 taxes et impôts en France en 2010.
    Nouvelles taxes entre 2007 et 2010 :
    – Taxe pour le RSA (entre 1 et 2 milliards)
    – Taxe sur les assurances et les mutuelles (1 milliard)
    – Taxe sur l’intéressement et la participation (400 millions)
    – Taxe sur les stock-options (250 millions)
    – Franchises médicales (850 millions)
    – Hausse des cotisations retraite (150 millions)
    – Taxe sur la publicité des chaînes privées (incalculable)
    – Taxe sur les compagnies pétrolières (150 millions)
    – Taxe pour financer la prime à la cuve (100 millions, supprimée en 2010)
    – Taxe sur les ordinateurs (50 millions)
    – Taxe pour copie privée des disques durs externes et clés USB (167 millions)
    – Taxe sur le poisson (80 millions)
    – Taxe sur les huiles moteurs (44 € par tonne de lubrifiant)
    – Taxe sur les imprimés publicitaires (incalculable)
    – Hausse de la redevance télévision (20 millions)
    – Contribution exceptionnelle (exceptionnellement reconduite chaque année depuis… 1991) sur les ventes en gros de produits pharmaceutiques (50 millions)
    – Taxe sur la téléphonie et internet (80 millions minimum)
    – Taxe sur les grosses cylindrées (malus auto annualisé : 160 € par an par auto)
    – Chèque transport (pas de plan de financement pour l’instant)
    – Taxe carbone (5 milliards )
    – Taxe sur la maladie d’alzheimer (2 milliards )
    – Taxe spécifique pour les banques, égale à 0,4 à 0,8 pour mille de leurs fonds propres réglementaires, destinée à financer leur supervision (100 millions)
    – Contribution économique territoriale (CET) composée de la cotisation foncière des entreprises (CFE) et de la cotisation sur la valeur ajoutée des entreprises (CVAE)
    – Taxe de 0,12 % sur les services de restauration CHR (café-hôtel-restaurant)
    – Taxe de 1% sur le montant des campagnes publicitaires sur les régies en ligne et due par les annonceurs français.
    – Taxe de 14 % sur les retraites chapeaux

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