Ici, les rats content (des histoires) ; les rats roux coulent (la boite, nec fluctuat) ; les rats chauves sourient (volent, mais bas) ; Lucifer rat masse la mise (mise au pot t’as mis ?). Mais quand l’appétit va, tout va, Faust pas s’enfer (Denfert, c’est les autres).
Mais reprenons le fil de l’histoire.
Les rats proliféraient depuis qu’une réglementation européenne avait interdit l’usage de la mort aux rats et que la dernière usine de pièges de France avait été délocalisée dans un pays où l’on élevait les bestioles aux OGM pour les servir en brochettes aux touristes.
Les joueurs de flute anti-rats s’étaient exilés. Harcelés de longue date par le collectif pour le droit à la ratitude, ils avaient été mis en préretraite quelques années auparavant lors de l’arrivée des sound-machines dans le métro. Ils s’étaient installés à Marakech comme tout le monde et gagnaient leur vie en charmant des serpents chloroformés pour bobos sous psychotropes.
Les chasseurs ne savaient plus guère chasser (encore rat…é).
Quant aux chats, ils avaient été titularisés à la fin du siècle précédent (au titre d’une loi de 1983 du nom d’un ministre communiste, pour une fois, ce n’est pas la faute des 35h ou de l’ISF) et, ayant changé d’emploi administratif et de grade syndical, ne quittaient plus guère leurs bureaux que par très beau temps.
Tout allait assez bien dans un monde de rats qui avait rarement été meilleur pour ceux des champs, des villes ou d’ailleurs.
L’un d’eux, rongeur cupide et manoeuvrier accompagné d’un serviteur limité mais fidèle surnommé Sancho ne pense pas, avait une ambition (surtout des instructions, mais cela revient au même).
L’assemblée permanente des ratons industrieux pas francs avait décidé de soutenir l’aventureux projet de prise de contrôle d’un grand restaurant pas loin des Champs-Elysées (là où les Bleus avaient l’habitude de dépenser leurs primes de match). Nom de code de l’opération : « Ratatouille au Curry (Rat bien le dernier ?) pour l’Equipe de France ».
Le rat cupide avait bénéficié de complicités et notamment de l’amitié du simplet de service.
Il faut dire qu’on lui aurait donné le Bon Dieu sans confession, à l’angelot gardien du cupide.
Un sursaut était possible mais comme souvent à Paris, le « chef » soucieux de son siège (en cuir de fonction) s’occupait de peu d’autre chose que de la vitesse des monte-charges et de la couleur des cartes magnétiques d’accès au parking.
Les brunes ont compté pour des prunes : c’était une affaire de rats, pas un business pour les souris.
Ainsi, le rat s’est-il installé dans le fromage.
Il a pu tranquillement saboter …
Séduire …
Tous se sont laissés ensorceler par le fumet de la ratatouille au curry, même les gourmets réfractaires à l’invasion de la « world cuisine » et les gastronomes hostiles aux barils de vins d’origines incontrôlées.
Plus personne n’osa bientôt appeler un chat … un chat, le scénario était écrit.
Y aurait-il un O’M(alley) pour s’opposer aux rats et à leurs idiots utiles ?
En principe, everybody wants to be a cat …
Mais Faust a donné d’autres espoirs aux petites gens et il se trouve toujours un sans-grade à noeud papillon pour prendre sa vessie pour une lanterne.
Alors il ne faut jamais oublier que les rats cupides sont … patients (et l’inverse).
Et toujours se souvenir qu’un chat n’est pas que domestique
Et surtout, se méfier de tout le monde ! En attendant, bon appétit fin 2010 😉
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Moralités : il faut nettoyer la cuisine, regarder sous la toque du commis, aiguiser les couteaux et ne se tromper, ni de chat pour la chasse aux rats, ni de longue cuillère pour manger avec Lucifer en 2011. Accessoirement, on pourrait rappeler qu’un restaurant, c’est en principe fait pour accueillir et bien servir des clients, pas pour se goinfrer dans la chambre froide.
Renaud Favier – 29 décembre 2010 – http://www.renaudfavier.com
Le bonus : il est sûrement inconvenant de dîner dans la chambre de Lucifer, même avec une longue cuillère, mais tant qu’à être descendu en enfer en 2010, autant boire un verre avec Belzébuth, c’est toujours ça que les rats n’auront pas en 2011 😉
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