« Nous savons », mais les vérités (et gaz) qui dérangent (ou pas) sont comme les fleurs de cerisier. Elles n’ont pas l’odeur tenace du jasmin : elles attirent les abeilles, durent peu et s’envolent dans le vent sans laisser de traces. On verra bien s’il y a des cerises. En 2012 …
De toute façon, schistes ou pas schistes, grâce au changement climatique (pas seulement, « Nous savons » que les cerises hors-saison, c’est pas très bobio), le panier est déjà bien rempli (il est possible qu’il y ait quelques crabes au fond)
Pour Renault aussi, « Nous savons ». No comment, on ne tire pas sur une ambulance (ou une formule 1 Red Bull, même si le logo Renault en avait disparu Dimanche au Grand Prix de Chine), surtout quand il y a encore pas mal de gens à nous dedans. Même si la charette anti-espions laisserait un peu perplexe quiconque ne serait pas en phase terminale de la maladie du « Nous savons ». Et puis on doit quand même reconnaître que la stratégie du tout électrique, c’était joli sur les powerpoint, avant qu’on se rende compte que l’électricité aussi c’est une énergie moyennement propre (les lignes haute-tension dans les montagnes, faut aimer) et peut-être menacée par les contre-vérités et autres godzillas (les sushis radioactifs, faut s’y habituer, c’est comme Allègre à la télé).
Sur Tchernobyl, Fukushima et autres radioactiveries, grâce aux zexperts en tout, « Nous savons ». Qu’il faudrait discutailler, troppo ma non allegro genre Grenelle entre Gaulois, même si les sachants savent depuis le siècle dernier comment s’indigner plus ou moins bruyamment pour entrer dans le jeu sans faire changer quoi que ce soit à un système bien confortable ou bomber le torse devant le mammouth avant de vite rentrer dans sa grotte bien chauffée, sinon éclairée, au nucléaire. Et ne savent pas utiliser une webcam.
Partout au-dessus des nappes phréatiques, « Nous savons » que l’exploitation du gaz de schiste en France est une bonne idée à importer d’Amérique, sinon l’ex-ministre de l’environnement n’aurait pas autorisé les prospections malgré les « incroyables avancées du Grenelle ». Et sinon Total (dont le logo était sur les Formule 1 Red-Bulls dimanche en Chine) ne pourrait pas continuer à aider la France avec la TIPP et le maintien d’emplois de pompistes : ce serait ennuyeux parce que « Nous savons » que les dividendes vont aux fonds d’investissements étrangers et que l’impôt sur les bénéfices des sociétés du CAC n’est plus ce qu’il était (un ex-Ministre un peu médiatique en stand-by à la baie des anges tient d’ailleurs des propos assez courageux sur le goût des fiscalités paradisiaques).
Et devant notre écran Internet ou TV (dont nous préférons ignorer le bilan carbone, la consommation de nucléaire et l’impact sur l’emploi en France) « Nous savons » bien qu’il ne faut pas croire tout ce qu’on voit, même à Sarko-Info, parce que parfois c’est juste de l’humour (espérons-le)
Et puis « Nous savons » que le réchauffement climatique, c’est pas sûr : c’est Allègre qui l’écrit, alors c’est comme les tables de la Loi. Sauf que Dieu qui sait tout et qui aime le dégazage de schisme, maintenant il cause à la TV (et malheureusement pas seulement aux Guignols)
Mais tout ça, c’est pas grave parce que même si la chaleur vient du diesel et des gaz de vaches, comme l’essence devient inabordable et que la sécheresse en France va nous obliger à délocaliser une partie du cheptel, « Nous savons » que comme ça on aura des pâturages libres pour manger du foin et cultiver des galettes de tofu. Et avec des bons OGM résistants à la sécheresse et aux odeurs de gaz de schiste, on va pouvoir se régaler de hamburgers « vintage » comme dans la pub à la télé (1955, grande année pour les steaks qui seront un jour peut-être garantis sans huile de palme ?). Sous nos parasols climatisés par panneaux photovoltaïques bio-dégradables qui créent de l’emploi de serveurs de frites à temps partiel dans les fast-foods.
« Nous savons » que la vérité dérange. Nous le savons depuis longtemps, avant Galilée, bien avant qu’Al Gore jette l’éponge en 2000, très très avant Wikileaks et Twitter. Nous le savions déjà en 2002, et en 2007 : ce n’est pas seulement à Hulot qu’il faut jeter la pierre pour n’avoir pas su comment se débrouiller aux élections 2007 et de n’avoir pas osé tracer la voie (voix ?) d’un autre « possible ensemble ».
Il faudrait peut-être (se) poser moins de questions de constitutionnalité et lire les professions de foi des candidats ou les programmes (pas TV, des Partis, comme leur nom ne l’indique hélas pas) la prochaine fois. Pour en savoir plus. Ou mieux. Ou pas, parce que des fois, on préfère ne pas savoir, sinon on va encore devoir doubler la dose de Prozac alors qu’on est déjà champions du monde et qu’on n’a pas encore de rapport de commission théodule sur l’impact sur le moral des poissons gaulois des rejets de résidus d’anti-dépresseurs dans les eaux usées. Et puis aller voter, même si « Nous savons » grâce aux sondages et aux zexperts que ceux qui seront au second tour ne sont pas candidats parce que le blitzkrieg, ça a souvent bien marché contre les Français (la guerre de 100 ans ou les tranchées, c’est de très vieilles histoires, maintenant on a des munitions pour 2 semaines, forcément, ça marche moins longtemps que du temps de Bourvil).
C’est quand l’Université de tous les savoirs ? Avant les élections ? Quelqu’un sait ? « Nous savons », bien sûr ! C’est tout le temps, partout. On peut voir toutes les conférences depuis 2000 en cliquant ici ou sur l’image
Qui sait ? … Sara Montiel ? Buena Vista Social Club ? Bing Crosby ? Celia Cruz ? A chacun(e) sa vérité, à vous de (sa)voir.
Renaud Favier – 19 avril 2011 – http://www.renaudfavier.com
Le bonus : Gabin, lui il sait, mais c’est du savoir vintage d’avant qu’on ait importé les cabinets de lobbying « made in USA » pour donner un coup de jeune à nos conservatismes, ça ne peut pas aider pour le gaz de schiste, les primaires, les tigres et dragons et autres affinités du 21ème siècle, les élections … Si ?
C’est fini pour aujourd’hui (et nous savons qu’en cliquant ici ou sur la tortue on peut vérifier s’il n’y a pas d’autres trucs que nous savons … ou pas)







