Un vent léger mais un peu capricieux fait hésiter Solar à entrer dans l’Histoire au Bourget ce matin. Groumf. Ce serait tellement dommage qu’un néo-Lindbergh leur chipe le soleil médiatique juste parce que lui il saura faire un petit hold-up, mais un grand vol pour les médias.
Evidemment, il faut avoir prévu une petite phrase un peu mémorable pour marquer le coup, genre « Eureka », ou « je vais en parler à ma femme, elle avait adoré l’arrivée d’Appolo sur la lune et toujours regretté de ne pas être devant la télé quand Colomb a posé le pied en Amérique, alors vous pensez, elle va adorer cette histoire de Lindbergh qui voulait faire de l’ombre à Solar Impulse pour garder l’héritage ». Quand même, l’Inspecteur Columbo, quel cabotin, il aurait pu attendre 2 jours de plus et dénoncer Lindbergh après le salon, mais il a voulu profiter d’une bonne fenêtre de vol dans les médias parce que tous les journaux ne sortent pas le dimanche.
Ceci dit, Columbo n’a comme d’hab’ pas totalement tort avec son air de ne pas y toucher parce que ce n’est pas la première fois qu’un génie du marketing chiperait la place du vrai pionnier dans les livres d’histoire. Pour l’Amérique, on sait bien que si un viking genre Erik le Rouge avait invité des journalistes sur son drakkar, c’est ses descendants à lui et pas les arrière-arriière petits spermatozoides du Mayflower qui auraient droit aux sièges du premier rang à toutes les remises de décorations et autres inaugurations de chrysanthèmes par des politiciens.
Même dans l’aéronautique, d’autres avaient traversé avant Lindbergh. Les Français Nungesser et Coli, probablement, mais on ne le saura peut-être jamais et Lindbergh a eu l’élégance de présenter ses condoléances à la mère de Nungesser ce qui excuse presque tout.
Les britanniques Alock et Brown, certainement : partis le 14 juin de Terre-Neuve, ils ont atterri à Clifden dans le Connemara irlandais dés le 15 juin 1919, un petit 8 ans avant l’arrivée au Bourget de Lindbergh.
Leur vol a été un peu chaotique et Brown a dû entre autres péripéties risquer sa vie plusieurs fois pour aller dégager la glace sur les ailes mais « ils l’ont fait », selon la formule popularisée par Lindbergh. Leur statue est à Heathrow et Georges V leur a tapé la bise, c’est dire s’ils sont plus importants qu’un beau gosse sponsorisé par St Louis comme une équipe de base-ball et qui en plus a un peu hésité, voire merdouillé sérieux avant de retrouver en partie ses esprits grâce à Pearl Harbor, quand l’Europe est devenue folle pour la seconde fois en un quart de siècle. Mais c’est une autre Histoire … ou pas.
Enfin, bon, c’est pas pour dire que Solar Impulse aurait quand même plutôt intérêt à voler avant la fin du Salon, de préférence aujourd’hui s’il veut les gros titres des journaux du dimanche et sa photo dans un numéro spécial commémoratif du journal du Bourget qui se vendra comme des petits pains demain. Aussi pour l’Histoire et pour avoir sa plaque à côté de celle de Lindbergh sur la piste du Bourget qui est moins mitée que Sunset Boulevard et où il faut faire un truc un peu sérieux pour être gravé, mais c’en est encore une autre, d’histoire … ou pas.
Ziva Solar, ça va le faire, le temps est gris mais il n’y a presque pas de vent ce matin !
Renaud Favir – 25 juin 2011 – http://www.renaudfavier.com – Net-Land-Art
Le bonus : un bout de film pas mal fait sur le premier pas sur la Lune, avec en inclusion les vraies images.
C’est fini pour aujourd’hui, parce que si on n’y va pas maintenant, Solar est capable de renoncer (ou pire, de voler sans nous). Ce serait dommage, alors qu’il n’y a qu’un petit bouton sur lequel appuyer pour changer le monde (et idem pour démarrer la voiture, on n’arrête pas le progrès, même chez les rampants), ce matin.










