Les communicants avaient pré-calmé les marchés la veille et en effet, la taxe Tobin de 1972, l’Europe du traité de Rome et la règle d’or de toutes les religions, c’est micro-onde, c’était inutile d’attendre la fermeture des bourses européennes pour la conférence de presse.
Et ce n’est pas le concert des candidats à telle ou telle primaire qui proposent de secouer le malade européen au shaker pour bien mélanger les ingrédients de crise en un cocktail assassin comme ceux qu’ils buvaient en vacances avec DJ Harlem qui vont faire avancer la sagesse plus vite qu’un powerpoint du Dalai Lama à Toulouse.
Mais ça pourrait être pire, parce que proposer de prendre une com’ sur les transactions comme sur les billets d’avion ou les litres d’essence faute de pouvoir réguler beaucoup mieux les marchés financiers que les grands contrats internationaux ou la vitesse des 4-4 des bénéficiaires de l’écosystème spéculatif, c’est le moins déraisonnable qu’on pouvait entendre, c’est pas comme si on fantasmait sur une rationalisation des aides à l’agriculture en les conditionnant à un plafond de revenus par exemple, comme si on imaginait une réduction de l’hypertrophie financière dont la part dans le PIB mondial a plus que doublé en peu d’années sans que cela contribue visiblement à l’amélioration de la météo, ou si hurlait avec les moutons pour exiger une dévaluation de l’Euro avant la création du monument à l’exportateur inconnu euthanasié par négligence comme on prendrait un sushi au dernier thon rouge, on débrancherait un compteur geiger sur un marché près de Fukushima (sinon, la généralisation du cancer de la sous-traitance en zone à monnaie faible serait un autre monument palliatif à la sagesse économique) ou on spéculerait à la baisse depuis un bord de piscine. Oui, ça pourrait être pire, les marchés pourraient s’effondrer et le restaurant ne nous ferait plus crédit.
Mais ça pourrait être pire parce que proposer un gouvernement économique, c’est dans la logique de la CECA des pères fondateurs de l’Europe au siècle dernier, c’est pas comme si on imaginait une truc invraisemblable comme une diplomatie européenne dont un représentant crédible ferait le tour du monde pour défendre les intérêts UE comme Hillary Clinton (et Obama) pour les USA, une défense européenne dont le commandement serait quelque part, si possible en Europe, ou un genre d’agence de notation des lobbies et autres honorables correspondants à Bruxelles dont les tarifs sont encore plus élevés que ceux des communicants politiques et autres experts en défiscalisation et qui sont encore plus nombreux, genre entre 10 et 20 fois plus que les fonctionnaires européens selon les estimations. Oui, ça pourrait être bien pire, on pourrait avoir des députés européens qui soient majoritairement des apparatchiks ou des recalés ou des retraités de la politique française (que le monde entier nous envie, mais c’est une autre histoire, ou pas).
Mais ça pourrait être pire parce que proposer d’inscrire dans la constitution une règle d’or sur les équilibres budgétaire, c’est aussi rationnel et nécessaire que si le Tea Party Américain faisait signer à chaque électeur des primaires US un engagement à ne pas se bourrer d’ice-cream et plus si affinités à crédit à l’heure du thé et plus si cartes de paiement après l’élection présidentielle, c’est pas comme si on proposait une loi sur les panneaux anti-radars sans brider les moteurs de bagnoles, une loi sur l’euthanasie sans prévoir l’hypothèse de la mort ou une loi sur le financement des partis qui inciterait n’importe quelle petite entreprise politique (parti-cul ?) à présenter des candidats aux législatives sous une étiquette popularisés avant les présidentielles par des pros de l’agitprop, des primaires médiatiques si possible et au minimum une personne sandwich complaisante et populaire pour assurer les salaires et vrais faux frais de ses apparatchiks voyageant en 1ère pendant 5 ans (le plus shadok c’était cette disposition du code électoral qui prévoyait une inéligibilité d’un ou deux ans aux législatives – qui ont lieu en principe tous les … 5 ans- en cas de non présentation de comptes des 5 ou 6 dépenses de campagne audités par un expert comptable pour quelques milliers d’euros pour les affiches cibles à chewing-gum des mômes de l’école derrière les panneaux électoraux, professions de foi rarement lues mais religieusement distribuées via les PTT et bulletins en deux exemplaires par électeur inscrit de candidats visant en général au mieux 5% des voix et évidemment non élus puisque leur raison d’être était juste d’attirer des électeurs pour le financement public de leur parti -ou de vérifier l’absurdité du système mais c’est encore plus inutile- sans plus grand risque que d’être encore inéligible en cas de dissolution subite de l’assemblée nationale moins de deux ans après la précédente, mais ça, ça n’arrive que dans les films ou alors une fois par siècle sur un malentendu et les députés professionnels râlent tellement qu’il faudrait être un Président très sourd pour y aller quand même). Oui, ça pourrait être bien pire, on aurait pu avoir l’annonce commune du lancement du grand rasage gratis (enfin, payé par les petits épargnants spoliés par l’inflation et leurs descendants parce que quand même, ça se saurait si seuls les fonds d’investissement étrangers et les banques sans actionnaires français devaient renoncer au remboursement un jour de ces Eurobonds) mais comme on n’est pas en Amérique, on n’a pas -encore ?- de Federal Reserve Bank et la cavalerie, fut-elle budgétaire, n’arrive pas toujours avant la fin du film.
La bonne nouvelle c’est qu’on a réduit les dépenses en caméras et éclairages avec une conférence de presse unique pour les deux patrons de l’Europe (un peu comme si des chefs écolos faisaient un speech ensemble à Clermont-Ferrand, ce serait plus développement durable pour l’écologie politique, ou comme si des candidats à des primaires avaient un porte-parole unique pour les vrais sujets, ça ferait moins de powerpoint à La Rochelle), c’est plus rationnel, surtout que maintenant les porte-paroles parlent, contre-parlent, commentent et contre-commentent assez systématiquement par téléphone ou autres twits depuis leur lieu de repos bien mérité. Il n’y a que du côté de Solférino qu’on convoque un peu tout le temps le médiacosme malgré les vacances mais c’est plutôt de la bonne gestion d’utiliser les locaux quand il n’y a personne surtout quand on habite pas trop loin en TGV (ou en bagnole noire pas trop hybride, comme tout ce monde ?). C’est comme à Rio ou les contreforts du sambodrome servent de salles de classe entre deux carnavals, et sont d’ailleurs aussi actifs la nuit dans ce pays « pas sérieux » selon les bons auteurs gaulois mais où le vote est obligatoire et où les citoyens se payent des cours du soir plutôt que de jouer au PMU pour essayer d’avancer plus vite sur le lent tapis roulant social sans penser que la réussite en primaire(s) ou à un concours à 20 ans devrait leur assurer un fromage à maturation lente. Alors, ça pourrait être pire, c’est mercredi et on aurait pu avoir un titre encore plus abscon dans le Canard ou un film encore plus accablant au ciné, et puis les marchés auraient pu décrocher à l’annonce de l’incontinence aérienne de Dipardiou.
En attendant, l’orang-outang disparait avec ou sans loi sur l’euthanasie active en Gaule.
Renaud Favier – renaudfavier.com – en avant la musique ! – 17 août 2011
Ps : pour l’orang-outang, ou pour n’importe quelle crise réelle plus ou moins liée à l’environnement et pas trop aux jeux dangereux des boursiers ou au pain d’intérêts économiques trop supérieurs pour être honnêtes mais trop considérables pour être combattus, ce serait mieux si les indignations n’étaient pas au mieux dispersées entre des flopées de groupuscules de bonnes volontés sans lien entre eux ou capacité à fédérer les énergies avec ou sans apéros Facebook, au pire récupérées par des machins plus ou moins se transformant le plus souvent en prédateurs, mais ça pourrait être pire, Cantona pourrait encore faire dans la rebellitude 2.0 plutôt que dans la publicité pour les déodorants (bio ?). On a les Tartuffes qu’on mérite, mais ça pourrait être pire … même si on a du mal à voir comment.
C’est fini pour aujourd’hui.











