« O melhor lugar do mundo e aqui e agora » : The Economist ignore ce proverbe de Rio de Janeiro et s’obstine à honorer les très ennuyeuses Vienne et Helsinki au Top de la vieille Europe et à classer 5 villages du bout du monde dans son ranking des villes où il fait bon vivre.
Alors, bien sûr, avec les djeuns qui recommencent à jouer à brûler des bagnoles un peu partout dans un rayon de 1000 bornes autour de la Sorbonne (et en plus, comme on a créé une filiale de la Sorbonne à Abu-Dhabi, même les limousines des seigneur du Golfe -golf ?- sont menacées de flamber comme les cours de récréation du pétrole) comme au bon vieux de temps d’Astrud Gilberto, la très pacifique Melbourne donne des envies de petite maison dans la prairie aux pères de famille et Sydney, tant qu’à chercher un coin où faire de la voile et du golf en pré-retraite, ça fait plus rêver les rentiers dépressifs que Genève.
Le Canada reste en haut de l’affiche mais avec cette météo qui pète un câble un peu partout, ce n’est pas une énorme surprise que Vancouver ait perdu son AAA trône parce que même si on veut bien croire que les trappeurs du Grand Nord ont cessé de trucider les bébés phoques et qu’on trifouille les nappes phréatiques un peu plus précautionneusement qu’ailleurs pour dégazer les schistes d’Alberta et que les Grands Lacs réchauffent les coeurs à Toronto. Mais on sait maintenant que l’orignal n’a aucun humour, que les frites à la poutine font gravement tomber les fesses et que la circulation automobile sur le pont machin-bidule de Vancouver est aux standards des autres métropoles chinoises. Et puis, pour le micro-climat, on a quand même un doute, comme pour Calgary classée juste après Toronto et où on n’est pas bien sûr que l’été soit très indien de nos jours …
Quant aux poussières d’empires, elles conservent dignement leurs positions grâce aux vieux amoureux transis de Sissi ravis d’avoir pu se garer gratuitement en centre-ville à deux pas de la Hofburg au mois d’août et à quelques nostalgiques du design scandinave et des taïgas de bouleaux (pour le boulot, c’est autre chose) qui boycottent encore Apple parce qu’ils n’aimaient pas Schwarzenegger et croient que les téléphones Nokia sont moins connectés sur Big Brother que leurs smartphones mochingues (aussi made in China, plus ou moins dans les mêmes usines, mais par des boites qu’on ne connait pas) et pensent que Dr Jivago a été tourné en Finlande.
Enfin, tout ça est sur le site de The Economist, EIU_NEW_August_liveability_PDF et du moment qu’ils ne classent pas Paris derrière Berlin ou Londres dans leur « executive summary », chacun ses goûts et ses envies d’exotisme et même si on peut penser que Berlin et ses curry-wurst devraient bientôt remplacer l’un ou l’autre des représentants de l’ancien monde bien cuit, force est d’admettre que tant qu’on tombera par hasard sur la terrasse de l’Hôtel du Nord, sur une boutique de DVD rares pour cinéphiles ou sur une belle librairie de design du canal St Martin en allant vers une pépinière à startups près de la République, on pourra passer septembre en bord de Seine sans trop pleurnicher même si Paris Plage a disparu, si les glaces au nom scandinave ne sont pas gratuites en ville comme aux universités d’été du Medef (le tee-shirt est rouge, cette année, c’est moins smart que le très joli violet -à manches longues pour pouvoir le nouer sur le costard- de l’an dernier mais même si l’optimisme est de rigueur avec une pointe de méthode Coué, c’est plus de circonstance) et si le café au comptoir est de moins en moins souvent à 1 Euro après comme un genre de « coup de chaud » d’été dans les bistrots aussi météorologiquement surprenant qu’agaçant parce que c’est super pénible de se trimballer avec plein de petite monnaie qui déforme les poches.
Où que ce soit, carpe diem, on annonce du mauvais temps, et pas que pour le week-end.
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 1er septembre 2011
Ps : sinon, la Sérénissime, quand on aime la République (entre autres), what else ?
C’est fini pour aujourd’hui.








