Grosse rentrée, « énorme » dirait l’Equipe. Le tome 3 de Net-Land-Art saute dans la mare aux canards entre la barbe d’Attali, toujours implacablement lucide, aux UE du Medef et le nez un rien DSKiste de « George », toujours impeccablement drôle, à la Mostra de Venise.
Les maîtres du monde prennent leur dernière récréation avant de retourner bosser : ils écoutent religieusement les très considérables sages qui ont du grade et des poils gris (Attali barbu, ça vaut le déplacement même s’il est aussi grisonnant que Fabius et que ça donne un coup de vieux de voir la brochette d’anciennes gloires du siècle dernier qui se battent pour être à la tribune de la séance plénière maintenant que le Medef a établi son campus à HEC comme la sorte de mini-Davos low-cost pour les patrons français en temps de crise) et parlent doctement d’un futur différent du présent qu’ils nous ont fabriqué à la Conférence d\’ouverture des Universités d\’été 2011 du Medef mais les djeuns « kinenveulent » sont autorisés à jouer aussi au débat des djeuns (et même un green) entrepreneurs et tout le monde a son tee-shirt rouge, au demeurant assez seyant avec les cheveux gris, pour donner le ton avec les manches longues pour pouvoir se nouer au-dessus de la veste de costard comme on met le pull marin à l’île de Ré (enfin, avec la météo, ils mettaient plutôt le k-way cette année …) ou le truc à la mode à St Trop’ cette saison au Gorille. Les sourires sont un peu crispés à Jouy (peine à jouir ?) : personne n’est vraiment convaincu que la méthode Coué à la française à la sauce allemande assaisonnée d’un peu de dénonciation des marchés et autres gnômes de la finance new-yorkaise avec une pointe d’arrières-pensées politiques soit la meilleure recette pour sortir de la crise mais c’est un peu comme chez Starbucks, c’est très loin du café de comptoir, c’est pas trop hexagonal et ça a l’air super bizarre quand on a 2000 ans d’histoire de Gaulois derrière soi mais une fois qu’on est confortablement assis et qu’on a en main le gobelet de truc froid plein de glaçons à la sauce caramel, on est obligé d’admettre que le personnel est sympa et que c’est pas si mal et à tout prendre plus excitant qu’un café noir au comptoir ou un cappuccino sur une terrasse enfumée.
Les puissants un peu sybarites mais qui ne jouent pas au golf et peuvent se permettre une école buissonnière après les feux de l’été regardent les conférences du Medef ou autres rendez-vous médiatisés de rentrée sur iPad (ou avec l’appli iPhone qui va bien si on ne veut pas trimballer toute l’armada de Monsieur Jobs) mais réseautent (tressautent ?) ailleurs en profitant des derniers rayons d’été d’Europe avec les fans de « George » et Madonna, et quelques vrais cinéphiles, à Venise. Cela n’empêche pas les abominables paquebots de retraités en short de souiller la lagune et d’ébranler les pilotis des palais à coups d’hélices diesel rageuses mais à tout prendre, c’est en principe moins inquiétant qu’un porte-avion nucléaire sans hélice et en tout cas, les festivaliers s’amusent plus franchement que les universitédétistes et plus intelligement que les croisiéristes. Et puis tant qu’à y être, c’est sympa de profiter de l’arrière-saison au bord (à bord ?) de la Méditerranée et ça ne vaut pas le coup de brûler du carbone pour remonter à Paris si le prochain gloutch incontournable entre Jouy et Davos pour maîtres européens du monde est le B20, début novembre à Cannes. L’autre côté sympa de la Mostra, c’est que les filles sont quand même plus nombreuses et plus sexy que la moyenne des jamborees patronaux ou politiques.
Mais, si on n’a que l’argent, le pouvoir et le sexe comme valeurs spirituelles mais qu’on n’a pas le temps d’aller jouer les voyeuristes dans la brousse de l’Ouest parisien (dommage, l’après-midi du vendredi est le moment le plus cool, la météo est délicieuse et les glaces américaines au nom scandinave sont gratuites et offertes par de très jolies glacières) ou les groupies à Marseille et que Venise n’est qu’une tentation (ou une promesse 100 fois répétée à une moitié mais qui n’engage comme toutes les autres que celle qui l’a écoutée), on peut commencer à suivre la saison 2 de « Hommes politiques & Femmes fatales » qui vient de démarrer sur toutes les bonnes chaines TV françaises sur des chapeaux de roues encore plus excitants que la Saison 1 (dite « Sofitel à New-York ») avec la séquence « Hôtel particulier à Neuilly ». En plus, le 1er rôle masculin est quand même plus sexy que celui de la saison 1 et lui, c’est un vrai maître du monde qui sera au G20 (et même au B20 et à Davos !), pas un Rastignac dilettante mangeur de pâtes aux truffes (hors saison, en plus).
Sinon, si on n’est pas trop « blog », l’e-book Net-Land-Art 3 vient de sortir et ça parle aussi du monde tel qu’il est, un rien désespérant mais tellement amusant et de toute façon, what else ?
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 2 septembre 2011
Ps : comme « jamais deux sans trois », il n’y a pas que Net-Land-Art qui aura un 3ème épisode mais on n’a pas encore fait le casting pour la saison 3 de la série « Hommes politiques et Femmes fatales ». On verra bien en 2012 si le héros malgré lui est encore un solfériniste ou un boétien ou si une nouvelle star émerge. En attendant, notre vaudeville, c’est quand même pas très glamour : à quoi ça sert de payer des conseillers en com politique qui roulent leurs clients ; les électeurs en Porsche et des barbouzes qui plombent les téléphones s’ils ne sont même pas capables de lancer une photo volée un peu excitante dans le cloud ?
C’est fini pour aujourd’hui.







