The Clash qu’on hérite

On craignait un esclandre de Coppola à Deauville, le film vengeur de Depardieu contre Air France sur Youtube ou une nouvelle provoc de http://www.martineaubry.fr à Marseille, mais c’est un vieil ami de 30 ans qui fait frémir les djeuns près du Vieux Port.

Wall Street a tremblé et Paris « s’est effondrée » de 3% vendredi mais le CAC40 est toujours à quelques pou-ièmes près autour de 3200 et on ne voit pas encore de jeunes cagoulés armés de battes de base-ball à logo brûler des bagnoles ou casser des vitrines à New-York. Ouf ! le Festival du film américain de Deauville n’est pas trop destabilisé par les marchés fous et personne n’a perdu ses nerfs au point de provoquer Coppola en lui parlant d’hommage (il parait que ça l’énerve et qu’il sort sa batte de base-ball perso pour casser quelques têtes comme de Niro dans « Le Parrain » si on lui propose un genre de médaille, une standing ovation ou autre truc du genre qui fait généralement plaisir quand on part en pré-retraite ou qu’on fait un discours à un congrès de commerciaux ou un meeting politique, alors comme c’est à peu près le seul Américain un peu connu qui ait accepté de venir à Deauville pendant la Mostra de Venise, il faut le ménager sinon les acteurs français vintage invités ne voudront pas faire de photos tout seuls sur le grand tapis rouge). Dommage, ça manque quand même un peu d’animation ce jamboree de vieilles gloires californiennes bronzées en tournée de promotion au soleil de Normandie, c’est moins Rock que les Vieilles Charrues.

Le transport aérien, pour une fois ni en grève ni coincé par un volcan ou une chute de neige mais déjà déstabilisé par une rumeur sur l’intérêt prêté à Bernard Tapie pour Air France-KLM, par les commentaires fielleux d’experts boursiconservateurs furieux du retrait d’une banque du CAC40 pour la remplacer par une boite industrielle (oui, il en reste) de l’aéronautique moins spéculative et par les incertitudes sur le numéro de vol de DSK pour son retour en France (résa sur le 007, il a vraiment l’humour très masculin) a subi un choc systémique majeur avec l’humour de sanglier irresponsable du Dipardiou national. Mais là encore, il doit y avoir une erreur dans les dosages de Prozac parce que personne chez Air France ne râle et même les passagers arrivés avec 2 heures de retard le temps de nettoyer la table du banquet gaulois semblent apprécier qu’on passe tous les caprices de leurs vedettes préférées. Il faudra faire un sondage, peut être qu’un ticket Dipardiou-DSK sponsorisé par Air France et Sofitel serait une bonne idée pour mettre un peu d’animation dans le combat des chefs 2012 du village gaulois (mais lequel des deux ferait Astérix ?).

C’est à Marseille qu’on avait le plus peur : pas du séisme de la visite d’un ministre, même si la taille de la casquette du préfet qu’il intronisait est impressionnante et si son karcher à nettoyer les parkings effraye autant (plus, en fait) les belles âmes que les délinquants, mais plutôt des contrecoups du pas lourd d’un éléphant de haut rang descendu à l’improviste pour une tournée de boeuf carotte. Le démondialisateur du Jura a beau avoir judiciairement tort puisqu’il est politiquement minoritaire, selon l’historique formule consacrée, les cinéphiles qui savent que Borsalino finit mal (cela arrive dans les films de Belmondo, en définitive plus clown triste que guignolo) s’inquiètaient quand même un peu du risque de balles perdues si la saison de la chasse à tout était anticipée dans le sud-est. Enfin, jusqu’ici plus de peur que de mal, au point (poing ?) que quand un local de l’étape a essayé de rappeler l’épisode aux comices de son propre Parti pour réveiller les journalistes, c’est sur le menu de rentrée du -très chic- restaurant de terrasse avec vue sur Notre-Dame (de Paris, pas de la Garde) d’un institut parisien que les envoyés spéciaux l’ont félicité, laissant prudemment de côté le sujet qui fâche en principe le camp d’en face mais qui risque toujours d’éclabousser ou de boomeranguer (boom haranguer ?) et dont il est de toute façon urgent d’attendre que le juge ait commencé à juger.

Mais le vrai clash marseillais qui énerve les djeuns en polo bleu du campus, le poisson pas frais devant la navette du Frioul, la tricherie de la partie de belote de Marius, la sardine qui empêche le ferryboate électrique de traverser le vieux port est venue d’ailleurs : une colère monumentale du commandeur des croyants en la TVA différenciée selon les capacités de lobbying et autres nuisances hémicycliques, un coup de lipdub du plus centriste des Djeuns du Parti des polos bleus ensemble, un drame familial comme on n’en voit pas plus de deux ou trois par jour à la TV et à peine plus si affinités de plus ou moins 30 ans en période électorale.

On a les Clash qu’on mérite.

Punk Rock Live !

Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 3 septembre 2011

          

Ps : on n’est quand même pas les rois du monde pour le show-business. Si au moins l’affaire Béttencourt était autre chose que (show-)business as usual pour journalistes stagiaires ou si Jean-Louis et ses borlettes n’avaient pas quitté l’UMP ou si le généralissime du Nouveau Centre n’était pas en formation continue de nouvelle cuisine, on aurait peut-être des clash plus excitants pour la presse mondiale et on passerait devant la Mostra et Toronto au buzz des cinéphiles et ça ferait baisser le CAC40 sous les 3148 et le monde de la finance tremblerait de Pékin à Londres et vice-versa mais là, à part Mazerolle qui fait tous les jamborees pour améliorer son mileage à la SNCF, les journalistes politiques parisiens sont à la braderie de Lille, pour une fois qu’il n’y pas de nuages au Nord parce que même les plus débutants trouvent que les écrans de fumées de toutes les couleurs et nuances qui se multiplient au Sud, c’est un peu cousu de fil blanc. En plus, depuis Lille ils pourront revenir facilement à Roissy ou au Bourget par l’Autoroute Lille-Paris au cas où DSK serait confirmé dimanche matin et voudrait raconter son clash à New-York. Broadway et le « Kennedy gaulois », ça fait quand même plus rêver que JPR et les studios de « Plus belle la vie », surtout que tout le monde espère qu’il se sera passé un truc croustillant dans l’avion ou que les communicants de « doume » viendront le chercher avec une petite mise en scène pour le buzz, genre musique du Parrain comme à son anniversaire (vérifier si Coppola est OK) et grosses bagnoles noires germaniques chères comme d’hab’ pour faire de bonnes photos. Et si l’entarteur de service avait de l’humour, il prévoirait un plat de pâtes aux truffes et ça pourrait faire des photos plus sympas pour l’audimat que les trucs terriblement ennuyeux que son service de presse diffuse en ce moment et qui feraient presque passer les centristes pour des rebelles. Un vrai clash SVP !

C’est fini pour aujourd’hui.

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