Avant, des gens avec voitures chics et chapeaux chers, du genre à ne pas fumer que des Gauloises, habitués des fêtes de Bergé plutôt que les groupes de travail #PS, dégageaient plus ou moins fictivement 6 mois et 1 jours pour ne pas payer d’impôts. Mais ça, c’était avant.
Ensuite, tous les gens qui avaient des conseillers en privilèges et pas trop d’obligations professionnelles en France ont acheté des résidences un peu plus loin que la Corse, parce que les niches fiscales sur territoire français semblaient moins sûres. On disait « Amen ! ».
Et puis, les vrais gens riches et puissants qui se fichent un peu des lois parisiennes qui ne concernent pas ceux qui ont de grandes villas très biens situées, de grands amis très bien placés, et un grand talent pour surfer par tous les vents et gagner par tous les temps, ceux qui n’accordent aucune importance aux règles et impôts locaux, ont commencé à se dire que c’était peut-être encore mieux ailleurs. On disait « Bon vent, à la niche ! ».
Mais maintenant, avec le changement, même les petits riches qui avaient leurs habitudes chez Fauchon et au Bon Marché, une carte vermeil d’abonnement au TGV Sud-Est, et leurs invitations gratuites au Festival d’Avignon, aux plateaux TV de politiciens avec champagne en studio et cocktail dînatoire chic après, et aux premières de l’Opéra Bastille, se cassent. On reste sans voix (surtout à l’UMP à Paris, si les exilés s’inscrivent sur les listes électorales des Français de l’étranger à Genève, Bruxelles ou Londres).
Même les entrepreneurs moins gavés de subventions et de crédits d’impôts que les grosses boites et les membres de syndicats professionnels bien conseillés, pas lassés des promesses de traitement privilégié et d’exemptions particulières, s’envolent. On dit « Bon vol » (et on sait que les mots ont toujours un sens, et parfois un double sens).
Même les « petits » patrons assez bosseurs, talentueux, riches, et chanceux pour avoir survécu en milieu hostile et farfelu depuis des décennies, assez patriotes pour ne pas avoir vendu, délocalisé ou acheté une Audi pour le statut, un chalet en Suisse pour les enfants, et une part dans un club de golf privé pour la forme, et assez notables et médiatiques pour être écoutés par les journalistes, sont prêts à se bouger, maintenant (que c’est probablement trop tard pour les morts-vivants, victimes du syndrome de la grenouille dans la casserole, qui meurt ébouillantée parce que l’eau chauffe trop progressivement pour qu’elle décide jamais de sauter dehors, mais mieux vaut trop tard que jamais).
Quant aux djeuns bien formés, ou pas, avec du talent et de l’énergie, aux dvieux avec de l’expérience, des réseaux et de la compétence demandée dans tous les pays qui marchent, aux dgens normaux avec un neurone en ordre de marche, une certaine idée de la morale, de la justice et des vérités, et pas d’allocations de longue durée, un patrimoine de biens immobiliers invendables, ou absolument besoin d’un traitement médical lourd financé à 100% par la sécurité sociale, … no comment, il serait anti-patriote d’accélérer le mouvement en médiatisant l’exode des Français moyens normaux pas trop accrochés par des menottes plus ou moins dorées, comme les médias ont fait pour les intermittents du spectacle et les sportifs « professionnels ».
Si ça continue, même les provinciaux sans gare TGV vont dégager.
Si ça continue, même les biobos abonnés à Télérama et logés en appartement social, et plus amateurs des fêtes de Mélénronchon au soleil à la Bastille que de sit-ins sous la pluie en Bretagne ou de manifs d’hiver, vont s’exiler plutôt que de chanter l’Internationale et autres vieilles rengaines sous les panneaux de vieux publicitaires.
Si ça continue, Hollande va devoir dégager plus vite et plus loin qu’il n’avait prévu, en exil low-cost, sans indemnités privilégiées, ni bagnole chic avec chauffeur à vie, ni conférence à ScPo ou chez des énarques et HEC banquiers, comme avant qu’il réussisse les concours d’apprenti politicien fonctionnaire.
Quand on a conclu sur un malentendu à une fête organisée par les amis de DSK, qu’on a promis des pâtes aux truffes pour les moins privilégiés et du caviar pour tous au petit-déjeuner, et qu’on n’assure pas, on risque un bad trip et de descendre l’escalier plus vite qu’on était monté en ascenseur social(iste) pour finir en slip en exil.
Renaud Favier – 16 octobre 2013 – Facebook Café du matin à Paris – LinkedIn
Bonus : « Shut your mouth, go away ! » http://www.youtube.com/watch?v=a3yM-i3lw60
Bonus : « Man smart, Woman smarter » http://www.youtube.com/watch?v=SBW-51xzZNE
Bonus : « Island in the Sun » pour tous http://www.youtube.com/watch?v=H8Gbk4i41_M




















