Pas mal de bistrots parisiens se sont mis au « café en attente », ce café pré-payé par un client généreux à l’intention d’un anonyme à qui un café gratuit fera du bien. Dassault a fait un peu pareil au Brésil, en mettant son Rafale made in France en attente, mais personne n’en a voulu.

« Camarades, ce n’est pas parce que je suis politicienne que je suis corruptible, et pas parce que je suis de gauche que je suis un lapin-crétin comme au PS français »

Pourtant, il était bon, notre avion (il marche même sur le Charles de Gaulle comme les ministres en campagne électorale, quand le bateau n’est pas en maintenance).

« Oui, monsieur le ministre, c’est un avion »

Pourtant, il était beau comme un légionnaire, notre camion volant (et sur demande, moyennant un modeste supplément, on pouvait le livrer en couleur, comme l’iPhone).

Pourtant, tout avait l’air possible entre grands pays voisins (700 km de frontières communes), pacifiques, tournés vers l’avenir et sincèrement désireux de coopérer.

« C’est comme si (on) s’était fait (baiser) »

Mais le luxe militaro-industriel made in France l’a comme le fil dentaire « do Brasil » …

Mais la France de maintenant n’est plus un pays assez (pris au) sérieux pour vendre des trucs pour gens sérieux sérieux à des acheteurs sérieux et sachant compter.

« Oh, Dilma, tu as vu, le gars de Dassault que j’ai amené dans mon avion pour ne pas être accusé d’être responsable de l’échec du Rafale est venu pour le cocktail offert par mes con-tribuables ! »

Le nouveau High-Tech français volera encore moins aux Amériques que le Concorde, et le redressement productif devra trouver autre chose pour l’emploi en France et la croissance.

Allez, ça ne doit pas être grave, le marché brésilien n’était pas primordial pour le Rafale, c’est mon ministre breton de la défense qui l’a très sérieusement raconté à la radio …

Les optimistes, et autres communicants payés pour raconter que tout va bien à Paris et alentours (y compris à Notre-Dame des Landes), diront que le Brésil n’avait pas besoin d’un avion aussi sophistiqué que le Rafale pour contrôler d’en-haut la circulation sur la transamazonienne, que c’est normal qu’il y ait des clients pour le low-cost dans les pays où il n’est pas considéré par une majorité d’électeurs comme essentiel de rouler en Porsche Cayenne pour emmener les mômes à l’école, et que l’époque n’est plus à la guerres entre vieux militaristes même pas écolos pour le compte d’ouvriers de l’armement syndiqués et de politiciens sans humour ayant besoin d’occuper les jeunes pour qu’ils ne brûlent pas de poubelle, ni de bagnoles, et de distraire les vieux pour qu’ils ne brûlent pas de radars, ni de portiques sur les autoroutes, mais à l’amour pour tous (les mauvais esprits diront que la France serait mal barrée dans ce secteur d’activité en France et pour le tourisme à Paris si la prostitution était interdite, et espère que la loi capotera comme la vente du Rafale au Brésil) comme au bon vieux temps des hippies que les déconomistes du PS regardent avec émotion dans le rétroviseur de leur voiture climatisée de fonction en rêvant de Trente Glorieuses devant une France triomphalement social(ist)e.

Les pessimistes mélenronchonneront que même si Dassault n’a pas besoin du Rafale pour offrir les bonus de Noël chez Dassault Systèmes et Falcon (pour ses sous-traitants aéronautiques, c’est un autre sujet, mais comme Airbus et Safran les encouragent depuis longtemps à se délocaliser pour essayer de rester compétitifs et que les moins mal partis n’avaient pas attendu EADS et la fin des crédits DGA à volonté pour s’adapter au monde réel et vendre leur boite ou faire glisser leurs capacités de production dans des pays plus adaptés au business, le contra au Brésil n’était pas « primordial » selon les mots d’un ministre commentant ce qu’il est convenu de ne pas présenter comme (encore) un échec, pour ne pas désespérer Toulouse en saison électorale, ni la France en fi d’année « de l’industrie »), et si on ne va pas désespérer de nos élites juste parce qu’elles ont encore foiré un truc, c’est quand même con…trariant de tout rater, et que ça va finir par nuire au prestige de la France dans le monde, et à la qualité de vie des Français en France.

Ah ! les surdoués !!! … Crédits : Rodho

Mais en fait, tout le monde s’en fiche à Paris. Le Brésil n’est pas un pays sérieux, ni un « marché primordial », et on n’est plus à une défaite près, dans la guerre économique. Et si l’armée française se spécialise dans la collecte de machettes made in China en Afrique et la maintenance à Toulon de porte-avion made by France, on va pouvoir fermer la chaine de production sans aucun dommage collatéral sur la force de frappe nationale et mettre les Rafale au musée comme le Concorde. Et puis, en France, on préfère espérer une vente suspendue aux Emirats, moins près de leurs sous en principe, ou mieux, une délocalisation en attente en Inde, plus dans l’air du temps, et plus tendance pour les voyages de politiciens qui réservent le Brésil pour le mois de juin, au cas où les contribuables ou d’autres mécènes leur offriraient le voyage, l’hôtel, de bons repas et d’excellentes places aux stades.

Un café gratuit à Paris, c’est bon, mais parfois amer. On aimerait du champagne un jour …

Renaud Favier – 19 décembre 2013 – Facebook Café du matin à Paris – LinkedIn

Bonus : Muito obrigado mesmo … http://www.youtube.com/watch?v=xSVO05SIDZg

Bonus 2 : Samba quand même … http://www.youtube.com/watch?v=7v5WK8wF1OA

Bonus 3 : Esse pais e diferente … http://www.youtube.com/watch?v=mLk4EH9FWwI

* * *