Manuel Valls, un Sarkozy-bis, plus méthodique, moins bling, et moins mal entouré : et si ça marchait ?

valls sarkozy

« Oublie que t’as aucune chance, petit, sur un malentendu, ça peut marcher … »

Manuel Valls n’est pas Président de la République. Mais comme la République n’a plus de Président (depuis la mort de Pompidou ?), c’est tout comme.

Manuel Valls a une (très) jolie femme intellectuellement (très) solide, proche du médiacosme mais indépendante, et qui joue du violon. C’est tout comme Carla.

Manuel Valls a un côté bonapartiste, petit brun au sang chaud et au patriotisme d’autant plus ombrageux qu’il a été conquis, pas hérité. C’est tout comme Sarko.

Manuels Valls est un excellent communicant, qui sait ce que les uns et les autres veulent entendre et maîtrise l’art du discours à plusieurs lectures avec promesses aux uns, caresses aux autres, et vice-versa, sans ennuyer (trop) les citoyens téléspectélecteurs et lecteurs normaux, ni endormir (trop) les politiciens de la majorité, de l’opposition et de tous autres genres sexuels ou sportifs, ni négliger de faire passer des commentaires de texte pré-mâchés et l’ordre hiérarchique des slogans aux journalistes (« pas de confiance sans croissance, pas de croissance sans confiance », pas mal, moins convenu que les histoires de big-bang régional, l’eau tiède froide sur la contrainte budgétaire ou le dialogue social, ou les références à Mendes ou Clémenceau « à la Sarko »). Comme Nicolas Sarkozy.

Manuel Valls a été choisi, lui aussi, parce que la France rêve d’échapper au syndrome de l’après Charles Quint, cette maladie mortelle des empires éclatés dont les lieutenants sont plus maréchaux que conquérants, les élites moins créatrices que prédatrices, les notables trop gras, et les peuples plus veaux que lions. Comme Sarkozy.

Manuel Valls sera peut-être Président. Comme Nicolas Sarko (ou Nico Sarkozy).

Entre autres parce qu’il est moins bling et que ceux qu’il ne gagnera pas parmi les chauffeurs de sièges en cuir des restaurants outrageusement chers, des hôtels mal fréquentés, et des bagnoles étrangères honteusement luxueuses, il pourrait les trouver chez les abstentionnistes des gauches pas débiles qui ne croient plus en Billancourt et désespèrent de Montebourg, et au centre-droit qui a préféré Hollande à Sarkozy en 2012, mais ne veut pas se tromper (et être cocufié) tout le temps, n’est pas religieusement hostile à un peu plus de justice sociale, un brin d’écologie pas délirante, ni instrumentalisée (lire pas « à la EELV ») et de modernisation sociétale (ne pas lire « expérimentions toujours plus hasardeuses à l’école, tolérance à toutes déviances séxuelles chez les ministres et plus si affinités, et transformation des églises en shoot-rooms »), ni irréductiblement intéressée que par le cours de la Rolex, les breloques républicaines et autres déguisements siglés, les performances des panzer stupidement rapides et monstrueusement pachydermiques, et les prix de l’immobilier en niche ou exil fiscal.

Mais il lui faudra grandir encore, pour ne pas retomber par terre (la faute à la promo Voltaire …) comme Sarko (lâché par une partie du RPR à la grand-père et jamais voulu par les UD-machins des Jean-trucs), parce que la France avec un président pas assez grand, c’est comme le PSG sans Zlatan, ça ne peut pas perdre le championnat de France, mais ça ne peut pas gagner grand chose dans le monde réel.

Et réussir quelques « exploits » (genre sauver un pays pas trop exotique, genre sur la carte de l’Europe élargie, parce que le Mali, la Centrafrique ou la Rwanda, ça n’intéresse que les vieux qui votent à droite, empêcher la faillite d’une boite encore un peu française financée par la BPI ou le Poitou, ou au moins libérer les élèves d’une école primaire ménacés par un forcené), ne pas trop déraper sur les tapis de peaux de bananes des ses ennemis, vrai-faux amis et amis de 7 à 97 ans, et trouver des supporters, parce que c’est comme Sarkozy : pour l’instant, c’est juste parce que les autres sont bien pires, pas plus grands, et encore moins crédibles, qu’il a une (pas si petite) chance.

Sur (encore) un malentendu, ça pourrait marcher …

Renaud Favier – 9 avril 2014

PS : quand le discours est clair (éclaire un avenir pas trop désespérant), la ligne lisible (vers une cible pas trop délirante), et l’orateur (encore) présumé lucide, c’est écoutable, un discours de politicien français, même sans powerpoint pour le public, ni défilement des éléments de langage en réalité augmentée genre lunettes Google pour les journalistes avec carte de presse et hashtag pour les blogueurs, et avec des images TV sacrément ennuyeuses, même quand le vieux Goasguen joue (bien, on sent 40 ans d’entrainement) les gorilles en rut en voyant la caméra se diriger vers lui, quand le Lellouche mime le brassage d’air (parfaitement, on sent les 40 ans d’expérience) pour faire des images pour le compte Youtube des jeunes UMP (ceux qui avait fait le lipdub avec Raffarin causant de nouvelle société entre Morano ouvrant la bouche pour nous faire savoir qu’elle n’avait rien dire comme d’hab’ et Yade cherchant l’audimat avant d’être virée de son siège en cuir pour incompétence et/ou manque de travail comme d’hab’), ou quand le réalisateur montre le public faisant ostensiblement le sudoku du monde ou regardant le chauffeur de salle de son clan pour savoir quand faire la claque, huer, ou se tenir prêt à faire la « ola » comme si le PSG sans Zlatan avait marqué un but.

Le discours de politique générale de Manuel Valls, à l’Assemblée Nationale, Paris le 8 avril 2014, version complète  de 47 minutes (Euronews) http://www.youtube.com/watch?v=07DA65uktD0

Version raccourcie par BFMTV : http://www.youtube.com/watch?v=1w8dkMojmnA

Ce qu’il faut en retenir selon RTL : http://www.youtube.com/watch?v=RSldlsAa2DI

Ce qu’on pouvait en pré-penser d’un point de vue éco avant le prononcé, d’après l’extra-lucide Nicolas Doze sur BFM-Business http://www.youtube.com/watch?v=bX_BHhfvVKs

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