« Nucléaire, non merci ». C’était un slogan des années 80 avec un logo sympa. Au 21è siècle, c’est « What else ? ». On préfère les tsunamis et séismes mais qui va arrêter d’acheter des 4/4 diesel hybrides à 75000 euros pour foncer en Suisse, au ski ou en exil fiscal, à 180 à l’heure ?

Anyway, comme dirait Michael Clayton, « we have a situation » à Fukushima

Un vrai risque, mais le « système japonais » est solide

Il y a des autorités vraiment responsables

Cela crée un « climat » de responsabilité

Jusqu’ici, tout vas aussi bien que possible, pas trop de propos irresponsables ou de « récupérations » politiques en France

La situation est « sous contrôle » : c’est probablement (très ?) grave au Japon mais les Japonais assurent parce que ces gens sont admirables, des costauds disciplinés qui jouent organisé et collectif et qui ont du stock de glycol en hiver ; les Américains envoient la cavalerie (non, pas l’Enolay Gay à Hiroshima cette fois, le porte-avions Ronald Reagan, c’est en principe moins dangereux) ; « Sortir du nucléaire » ne fait pas de surenchère

Le microcosme français menace d’entrer en fusion, mais ça, c’est inoffensif pour le reste du monde et sans impact sur l’avenir des tigres. On est habitués, on va avoir droit aux sondages à l’eau tiède sur le nucléaire, à la création d’un groupe d’experts européens à eau pressurisée qui bossera après le week-end parce que les nuages nucléaires peuvent attendre dans le ciel, aux communiqués de presse interministériels chauds et froids, et sûrement à une déclaration de BHL en direct de la Mamounia où il enquête sur la propagation vers l’Ouest du nuage du jasmin ou un « je sais pas, peut-être, peut-être pas » de DSK. French Business as usual …

« La vérité, première victime de toute guerre » (Churchill). A chacun sa/ses vérité(s), du moment qu’il n’y a pas de guerre nucléaire …

Tchernobyl 1.0, c’était le mauvais temps des mensonges de la raison d’état pour les uns, des lendemains qui doivent chanter à tout prix pour les autres. Heureusement, c’était un autre siècle que celui des nucléocrates ni responsables, ni coupables, ou l’inverse

Tout a changé, wikipédia et autres sont passés par là … ou pas ? Anyway, pour un regard 2.0 moins gêné aux entournures par « une certaine idée de la nucléocratie », ça ne peut pas faire de mal, et en plus ça dérouille les vieux cours d’anglais, de jeter un oeil à BBC Asia-Pacific où on parlait de « Worst Crisis since WW2 » avant même que le 3ème réacteur de Fukushima, 2 fois plus gros que le premier, tremblotte malgré l’eau de mer et que ça commence à sentir le roussi à la centrale d’Onagawa aussi

Celui qui est content, pendant ce temps là, c’est Khadafi, non seulement les médias et plus si affinités ont pointé leurs caméras et autres armes de destruction massive de menaces réelles ou supposées vers d’autres horizons, mais en plus il avait juste promis d’acheter des trucs atomiques. Les promesses, sur le nucléaire ou whatever, de Kadhafi ou whoever, n’engagent que ceux qui les écoutent

Vaste programme nucléaire …

Renaud Favier – 13 Mars 2011 – http://www.renaudfavier.com

Le bonus : What else ? Pourtant, n’en déplaise aux fondamentalistes de toutes natures, sauf à vraiment éteindre les lumières en quittant une pièce, à renoncer aux boulots et compétences scientifiques en France d’une des rares filières où on dispose encore d’un vrai avantage de compétitivité et à cesser de subventionner des bagnoles électriques qui pèsent 2 tonnes pour foncer à 180 vers les abris anti-atomique (et fiscaux) frontaliers, what else ?

C’est fini pour aujourd’hui (espérons, ça nous fera un dimanche de vacances)