Happy Fourth of July, America

Le Président Obama a engagé dés 2010 la « National Export Initiative » et remis en tension une diplomatie de guerre économique visant à doubler les exportations américaines pour créer une dynamique favorable à l’emploi, l’innovation, la compétitivité. On pense à Appolo.

Mais sans Marilyn, sans mômes photogéniques dans le bureau, sans Kroutchev et avec des légumes bios dans le jardin de la Maison Blanche. Et avec moins de pierres que d’autres fois, dans ce jardin. A New American Way.

Pour rappel : « where the is an American will, there is an American way »

Toutes proportions gardées, le discours de lancement du programme NEI (Prés. Obama), le 11 Mars 2010, sera peut être regardé un jour par des historiens comme on regarde le discours « Man on the Moon » : en sachant qu’il y toujours du bond géant dans un petit pas, et vice-versa. (De toute façon, la Lune, les Chinois y sont presque déjà, il faut trouver autre chose).

Et quand le rouleau compresseur américain est lancé, ça ne plaisante pas trop :

Questions – Réponse sur la NEI – 11 Mars 2010

Kickoff meeting of the President’s Export Council – Pres. Obama’s Speech Sept 16th 2010

1ère réunion Conseil Présidentiel de l’Export (President’s Export Council) (16 Sept 2010)

2ème réunion du Conseil Présidentiel de l’Export  (Déc 2010)

3ème réunion du Conseil Présidentiel de l’Export ( Mars 2011 )

Point d’étape sur la NEI (Mars 2011)

Un coup de « Boost » vient d’être donné mi-2011, genre 2nd étage de la fusée.

La semaine de l’export (16 mai 2011), un « classic » depuis les années 1920

Le mois de l’export (6 Mai 2011), une piqure de rappel contre le déclinisme

Le US Commercial Service au service des exportateurs, notamment PME (23 Juin 2011)

La Chine : une priorité US (14 juin  2011)

L’Inde : une priorité US (2 juin 2011)

L’Indonésie : une priorité US (2 juin 2011)

La Thaïlande : une priorité US (14 juin 2011)

Taiwan : une priorité US (14 juin 2011)

Le Vietnam : une priorité US (2 juin 2011)

Si avec tout ça ils n’arrivent pas à vendre quelques bouteilles de vin californien de plus, c’est que le French Paradox marche vraiment et qu’Angela Merkel se met à faire du bon vin rouge (pour les Chinois, c’est en cours, il leur faut encore 4 ans et des poussières pour finir de planter chez une surface équivalente au vignoble bordelais en rachetant châteaux, marques et bons terroirs en attendant les vendanges …).

Le message du gouvernement Obama aux entrepreneurs américains est fort et clair, martelé par toute l’équipe gouvernementale aux premiers rangs de laquelle le Président lui même et Hillary Clinton qui sont les fers de lance d’une diplomatie commerciale de guerre économique : « Go & Win in Asia  where are markets, opportunities and future ! » (East ou West, whatever works, sachant qu’avec assez d’élan au-dessus du Pacifique ou en passant par l’Alaska, on arrive vite en Asie en Boeing avec si nécessaire une escale de refueling dans de vieux mondes et que bientôt, avec le réchauffement climatique, le mythique Passage du Nord Ouest qui aurait pu changer la destinée de l’Empire Britannique au 19ème siècle sera ouvert toute l’année pour les navires).

En attendant, l’Euro vaut 1,45 Dollar environ, la guerre froide économique des monnaies est peu ou prou dominée par les Etats-Unis. A part en nouvelle Allemagne, c’est Catch 22 pour les exportateurs d’Euroland dont le modèle économique ne choisit pas assez clairement entre dérive grecque et rigueur germanique :  les acheteurs européens de produits « made in économies de bazar » se satisfont sur l’autel du pouvoir d’achat d’ersatz de puissance que les concepteurs d’automobiles de luxe et autres biens « essentiels » mais ne servant à rien sinon à alimenter les déficits et la dette, leur dealent en achetant et produisant à bon compte hors Euroland pour servir plus de dividendes aux fonds d’investissement étrangers. Mais c’est surtout pain béni pour le « made in America ». Sur le marché intérieur américain, encore d’assez loin le plus grand du monde, où les concurrents Eurolandais sont à la peine avec un Euro qui a peu ou prou doublé par rapport à son point bas d’il y a une dizaine d’année et qui, à l’instar d’Airbus, sont contraints d’envisager de créer des usines et des emplois aux Etats-Unis pour y vendre. Et partout ailleurs surtout en Euroland où seule une pensée unique « différente » s’acharne à se taper la tête contre le mur en klaxonnant contre les réalités flagrantes des fuites de richesse et les chiffres têtus du déficit commercial et en prétendant que les Européens seraient insensibles aux prix, suffisamment euro-patriotes, attachés à la préservation de leur modèle social et environnemental et, surtout, solvables pour acheter pareil (voire moins bien) mais plus cher. Comme si tout le monde voulait et pouvait acheter chez BioCoop (qui de toute façon ne pourrait pas fournir assez sans aller planter des patates dans des sables incertains) ou voulait et pouvait déjeuner au restaurant « responsable » tenu par un voisin alors qu’il y a un McDo a deux pas, que la cantine est subventionnée et que quand même, un steak (à gros effet de serre même si les lobbyistes trouveront toujours un éleveur responsable méritant à bonne bouille télégénique, surtout en période électorale) ou un poulet (revoir sur youtube les vidéos sur l’élevage industriel) frites (à l’huile de palme entre autres sangs d’espèces en voie de disparition), c’est plus sympa que les brocolis bouillis à l’eau de pluie chauffée au solaire (made in China, mais c’est une autre histoire, ou pas).

Mais revenons aux moutons de l’export : la croissance mondiale est prévue entre 4 et 5% en 2011 alors que l’économie européenne est engluée dans un cercle vicieux de mollesse et fragilité. Le front de la guerre froide économique est ailleurs mais Euroland manque de moyens lourds de transports de troupes (à force de répéter naïvement -ou pas- « il faut vendre la France » comme slogan pour attirer les investissements étrangers, on a fait venir à grands frais quelques usine « à la Toyota » et beaucoup de prédateurs mais on a surtout accompagné le désinvestissement et la désindustrialisation de la part ceux qui auraient eu les moyens de créer des capacités) et … peut-être d’émissions de TV en français et/ou made in Europe sur les enjeux. Ceci n’est en revanche pas un problème pour les entrepreneurs américains qui n’ont jamais envisagé de vendre leur pays et peuvent regarder Aljazeera pour savoir ce qui se passe dans le monde même si leurs propres TV sont aussi nombrilistes que les nôtres et pas beaucoup plus édifiantes que celles des Berlusconi d’Europe.

L’Asie a plus ou moins retrouvé ses niveaux de croissance d’avant-crise malgré Fukushima et grâce à des stratégies de développement économique sans trop d’états d’âme … mais aussi en prenant des marchés en Euroland et aux USA via les fournisseurs des concepteurs ré-exportateurs américains. Les filiales en Asie d’investisseurs américains, ou celles de groupes européens appartenant parfois pour tout ou partie à des fonds de pensions US, tournent toutes à plein régime en bénéficiant de cadres sociaux et fiscaux favorables, de salaires encore bas et d’un environnement des affaires dynamique.

Alors même s’l y a aussi des élections présidentielles aux Etats-Unis en 2012, le pays et ses entrepreneurs sont mobilisés dans la guerre économique mondiale, vers l’Asie mais « pas que ». Et même si eux aussi ils ont des « primaires », ils ont autre chose, un genre de « Think & Act Different« .

It’s Business, Stupid ! But with a vision and a soul (« pas que », il faut aussi regarder un fil de Michael Moore le 4 juillet). It’s America 2.0 !

God bless … everybody. Happy 4th of July , America 😉

Renaud Favier – July 4th 2011 – http://renaudfavier.com – Net-Land-Art

Le bonus : Et si Obama avait raison ? En tout cas, la vidéo mise en ligne en novembre dernier par un économiste plutôt anonyme résonne assez fort dans le tourbillon de la crise grecque même si on déblatère un peu ces jours-ci sur le risque de perte du « AAA » américain (entre deux reportages sur l’affaire DSK et un débat sur l’âge du départ à la retraite du capitaine … à la TV parce qu’il y grève d’une certaine catégorie d’ouvriers du livre et les quotidiens ne sont guère en kiosque ce matin, on a les 4 Juillet qu’on mérite).

Mais ce serait dommage de finir sur des élucubrations d’intellectuel du vieux monde, la vérité est ailleurs un 4 juillet.

C’est fini pour aujourd’hui, parce que même si c’est « Independance Day » (quel joli concept !) en Amérique, ici en France il y a école le lundi et avec le décalage horaire, l’Asie a bientôt fini sa première demi-journée de la semaine tandis que c’est presque déjà l’heure du boulot sur la Côte Est (qui est à 5 ou 6000 km à l’Ouest, pour nous, on ne fait décidément rien comme tout le monde …).

Ps : un tout petit peu de Facebook quand même, pour faire « Fourth of July 2.0 ».

Happy 4th of July and nice future, Stay with us America 2.0  😉  http://www.youtube.com/watch?v=9r27ECXKih4

www.youtube.com

Après la prestation de serment du 44e président américain , Barack Obama, noeud papillon blanc et smoking noir, et son épouse, vêtue d’une longue robe signée…

Il y a 2 secondes · J’aime ·  · Partager
Avatar de Inconnu

About renaudfavier

Ils semblent grands car nous sommes à genoux (LaBoétie) Je hais la réalité, mais c'est le seul endroit où se faire servir un bon steak (Woody) De quoi qu'il s'agisse, je suis contre (Groucho) Faire face (Guynemer)
Cet article, publié dans Actualité, Compétitivité, International, Politique, est tagué , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , , . Ajoutez ce permalien à vos favoris.

3 Responses to Happy Fourth of July, America

  1. Excellent post comme d’hab…
    Va falloir bouger sinon, on aura plus que les miettes…

    Pierre. Blog Stratégies Export.

    • Avatar de renaudfavier renaudfavier dit :

      😉 oui mais non … les miettes, ce sont les asiatiques les moins développés qui vont les prendre, nous on aura le droit de regarder la machine à laver de marque à consonnance allemande mais made in Italy au mieux laver les assiettes made in China désservies par du personnel étranger en CDD pas en grève. Ceci dans un pays « vendu » (cf les grands hotels parisiens, les clubs de foot, les actions du CAC 40, les PME à potentiel techno, les chateaux bordelais …) selon le souhait permanent d’un ancien dieu vivant du commerce extérieur que le respect des morts et une certaine prudence compte-tenu du nombre de ses héritiers intellectuels vivants m’interdisent de nommer en lisant dans la presse quotidienne, les jours où elle est distribuée, des tartufferies de patriotes économiques en campagne électorale. 😉 ;-(

  2. Ping: TGV, merci, mais des autoroutes de l’export aussi, SVP | Renaud Favier : Café du matin à Paris

Laisser un commentaire