Le jour du marché, même à Paris-Plage, on peut acheter la paix sociale en jouant les chauffeurs et tranquillement siroter un ou deux cafés au comptoir avec l’édition locale de « La Provence » avant de glisser vers un Monaco sous platane avec un magazine. Comme en vacances.
Le magazine le plus tentant du moment, si on a pu lire discrètement l’horoscope de Cosmo sans l’acheter et si on n’est pas un fou furieux de Diesel Mag’ ou autres trucs pour pervers placés en haut des rayons au fond du magasin, c’est incontestablement le hors-série « Sexe 2011 » des Inrocks. Bon, il ne faut pas être trop connu chez le marchand de journaux ou alors assumer l’achat de l’organe de presse officiel du #PS pâtes aux truffes sans crainte de se faire crever les pneux par des radicaux illuminés, des alter puristes ou d’autres adeptes d’un courant alternatif de la gauche plurielle, mais les articles de fond justifient sûrement l’investissement et il y a sûrement un topo sur les placements en or solidaire ou l’immobilier progressiste défiscalisé.
Si le quartier est franchement à droite et que le marchand de journaux militant envoit au pilon tout les successeurs du Matin de Paris (à l’exception de l’Huma par nostalgie du « bon temps » et parce qu’on dit que Chirac l’aurait distribué dans sa jeunesse aventureuse et surtout parce que si on ne le met pas en vitrine les syndicalistes de la presse se mettent en rogne), on peut se rabattre sur le moins à tribord, en principe, des hebdos généralistes et jeter un oeil au Nouvel Obs’ ne serait-ce que pour savoir qui en est le patron depuis que Giesbert est parti en congé maladie et pour vérifier ce que c’est que cette histoire de France des records.
Comme Revel n’écrit plus d’éditos dans le Point avec l’assez médiocre excuse d’être décédé depuis quelques années et que l’Express ne propose pas en été de Stylo-TV-Moule-à-Gauffre en cadeau aux nouveaux abonnés, on peut aller vers le « bizarre » si vraiment on ne peut pas sentir l’Obs’ mais l’Evènement du Jeudi n’est plus ce qu’il était depuis qu’il s’appelle autrement et qu’il a piqué la maquette et quelques rédacteurs à Minute et en principe les autres trucs avec des photos de belles baraques à vendre dans les paradis fiscaux n’ont rien entre la table des matières et la 4è de couv’ de pub pour une bagnole made in elsewhere ou autre truc inutile genre cosmétique au paraben ou montre de luxe qui tue l’emploi et plus si affinités. Alors tant qu’à y être, autant aller au bout du concept et acheter un low-cost avec encore un peu plus de people et encore un peu moins d’indignations, ça n’empêche pas le Monaco de passer aussi vite et bien que le moment de honte chez le marchand de journaux.
Et s’il y a une très jolie fille à lunettes (de vue, sinon cf supra) à la table d’à côté sous le platane ou si le village est blindé de cousins et autres belle-mères qui vont rappliquer quand ils auront fini de tâter les melons bios et de récolter les fromages de chèvres roulés sous les aisselles, il est essentiel de trouver un truc neutre, pas trop visiblement lapin-crétin, sorti aujourd’hui avec une couverture qui attire le coin de l’oeil.
Sinon, bien sûr on peut « feuilleter » un blog genre « Café du matin » avec l’iPad ou un truc du genre, voire lire gratuitement le tome 1 ou le tome 2 de Net-Land-Art en version électronique mais comme DSK promenait déjà son iPad à rabat cuir dans les couloirs pour maîtres du monde de la capitale électorale l’été dernier, c’est peut-être un peu has-been, il faudrait la pochette anti-sable ou mettre du bon son pour que ça devienne furieusement néo-rétro et que ça puisse attirer le coin de l’oeil ou une oreille et plus si affinité de la sus-dite très jolie fille de la table d’à côté pendant que les cousines et la beau-père tripotent les pêches ou reniflent la tapenade.
Sinon, on peut acheter un vieux livre chez les bouquinistes, ne serait-ce que pour vérifier s’il mérite le pilon ou s’il est emportable à Paris-Plage.
Renaud Favier – renaudfavier.com – en avant la musique ! – 4 Août 2011
Ps : et si on n’a pas trop le temps d’aller feuilleter les magazines chez le marchand de journaux du village ou que le marché est un autre jour ou que les bonnes tables du bon bistrot sont occupées par une bande de cyclistes en escale ou un escadron de professionnels du loto ou, pire, qu’un fâcheux monopolise la « Provence » ou le « Parisien » au comptoir, il y a sûrement des appareils électroniques sur lesquels la « feuilleteuse » de www.journaux.fr marche et avec lesquels juste s’installer dans un coin à l’ombre où il y a du wifi et pas trop d’odeur de diesel du blaireau qui même pendant les vacances croit indispensables de laisser son moteur allumé pendant qu’il achète ses croissants et son journal.








Le vin n’est jamais si bon que quand on le boit avec un ami; il en est de même des livres, ceux qu’on lit avec lui redoublent d’agrément et de lumière.
Le vin est encore meilleur avec plein d’amis, même quand c’est une piquette 😉