La France est parfois dirigée par des personnages de roman qui gèrent ou révolutionnent Paris, voire l’Europe. Parfois des écrivains (é)lus rêvent de Grande Gaule, d’Europe de Charlemagne ou du futur. Parfois (par foi ?), ils y arrivent. Pour 2012+, le Père Noël réfléchit.
Au pays du soleil de minuit, le Père Noël peut lire comme n’importe quel(le) citoyen(ne) toute la nuit de vieux livres genre Montesquieu, les philosophes ou de Gaulle sans même allumer de bougie ou d’ampoules nouvelle norme UE ou de LED made in China. C’est bon pour le et la moral(e), la et les lumière(s) aussi souvent que possible. C’est plus compliqué pour tout le monde en hiver, où probablement on est content d’avoir un peu d’électricité pour que les doigts ne gèlent pas en tournant les pages, même si pas mal de gens du pays du Père Noël de Nokia sont passés au 21ème siècle et lisent des livres électroniques (entre autres Net-Land-Art 4 qui vient de ressortir de son tiroir et d’être e-publié, mais pas seulement, on trouve plein d’autres chose épatantes dans le cloud pour éviter d’user son écran tactile à jouer à des trucs idiots comme un acteur américain en avion). En Finlande, on (se ? nous ?) dirait que ce serait sympa si les négociateurs de Bruxelles (et les apparatchiks de Durban, mais c’est encore un autre sujet) pouvaient nous offrir un truc genre débriefing un peu encourageant à lire ce week-end et nous sortir des placards un projet européen pas trop mité et des traités pas trop miteux pour Noël.
Au pays du Père Noël, on est habitués à recevoir des courriers d’enfants de tous âges prétendant avoir été les plus sages et demandant tout, son contraire et encore d’autres choses en espérant que ça viendra tout seul devant la cheminée (si on a la chance d’en avoir une mais un des avantages de la crise de l’emploi pour les djeuns dans les Club-Med est que les familles vivent sous le même toit et se chauffent avec les moyens du bord) alors on lira les dossiers du sommet de Bruxelles avec le calme des vieilles troupes qui ont vu les nazis et les soviets passer pas loin de leur sauna. En Finlande, on (se ? nous ?) dirait qu’il faut revenir aux fondamentaux et faire au moins semblant de croire un peu au Père Noël et autres vieilles histoires comme dans le bon vieux temps où on croyait être arrivé au 3ème millénaire, sinon tout va fout l’camp, ma pauv’ dame.
Chez Nokia, on sait qu’une entreprise ou un pays qui veut pouvoir payer durablement ses factures et avancer dans l’avenir sans trop de peurs plus ou moins rationnelles doit essayer de garder un cap pas trop lapin-crétin sans rounduper ses racines ni karcheriser ses bourgeons. En Finlande, on ne (se ? nous ?) dirait probablement pas que c’est la fête tous les jours ou qu’on boit le champagne de Noël au pied du sapin avec les employés en se félicitant d’être un peu boycoté en Allemagne parce qu’on a d’abord délocalisé une usine de Rhénanie vers la Roumanie pour bénéficier de plus faibles coûts et de subventions européennes, ensuite re-délocalisé vers l’Extrême-Orient exemplaire. En revanche, on (se ? nous ?) dirait que depuis qu’on a lu Darwin, on pense qu’il vaut mieux savoir évoluer, même si on croit qu’on vit confortablement dans un genre de Galapagos sans prédateurs que les chasseurs de tortues n’atteindront jamais, et que ce serait une bonne idée de réussir ce sommet de Bruxelles, avec ou sans Standard & Poors et autres aléas de la mondialisation à visage financier.
Au pays de l’éducation qui marche, des étudiants qui érasment et des universités qui bougent, on n’a pas de petit livre rouge de l’éducation nationale mais on a lu et relu « Les femmes savantes » depuis un moment (cf le soleil de minuit), on a arrêté les grenelle de l’orthographe quand on a vu que ça créait surtout des mômes illettrés et des vieux académiciens, et on a laissé les universités se réformer sans en faire une montagne, un projet de loi au Sénat ou une page internet de l’office du tourisme de Rovaniemi. En Finlande, on (se ? nous ?) dirait qu’on est heureusement surpris de voir que pour une fois les étudiants en France ont l’air de s’occupy sérieusement de leurs études (bien qu’entre les circulaires un peu ambigües sur l’emploi des étudiants étrangers et les chiffons rouges plus ou moins démago-politiciens sur le droit de vote des uns ou les avantages acquis des autres y compris politiciens professionnels, il y aurait de quoi faire sortir des amphis les plus radicaux s’ils ne se réservaient pas pour les campagnes électorales) mais que ce serait bien qu’ils ne se laissent pas trop manipuler au printemps et que les profs fassent aussi contre mauvaise fortune bon coeur et rament vers l’avenir du monde réel plutôt que vers le lendemain d’hier qui doit chanter depuis les siècles et les siècles, même si c’est dur et même si c’est tentant de tout politiser et d’#occupy un peu tout et ses contraires y compris sur internet, parce que c’est quand même l’avenir des djeuns qui est dangereusement en jeu. Si le controversé Chomsky n’avait pas pré-empté le concept, en Finlande, on (se ? nous ?) dirait : « #OccupyTheFuture ».
©2011 Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 8 décembre 2011
PS : au pays du sauna, tout ne doit pas non plus être absolument plus parfait qu’ailleurs même si on garde son sang froid parce qu’on se rafraîchit assez souvent les idées quand on a (eu) des vapeurs, voire très chaud, en sautant dans la neige quand il y en a ou dans un lac bien glacé tant que le climat ne s’est pas trop réchauffé. Alors on doit aussi avoir quelques responsabilités pour être menacé par Standard & Poors comme presque tout le monde du 1% en Europe, on doit bien aussi vivre au-dessus de ses moyens comme un peu tout le monde même les 99% en Europe, et on doit aussi être un peu perplexe devant une certaine idée du fédéralisme « 100% à la Merkel » à qui on peut pas trop dire « Nein toi-meme ! » mais à qui on n’a quand même pas trop envie de concéder la gestion du village européen, ni de passer les clefs de toutes les chambres des Club-Med. Surtout qu’on sait que le dernier village-ski du Club Med est en Chine, pas dans les Alpes, encore moins en Scandinavie. Heureusement, en Finlande comme ailleurs on garde le sens de l’humour parce qu’on ne lit pas que des discours politiques et des auteurs scandinaves.
C’est fini pour aujourd’hui, parce que la nuit tombe tôt en Finlande et qu’elle pourrait arriver plus vite que prévu ailleurs en Europe, alors il faut profiter des vents favorables pour lire un peu d’urgent et faire un peu d’important, ou vice-versa, et on n’a pas trop le temps de s’intéresser aux succès de Nicosie ou Bâle au foot, ni de se féliciter que Marseille et Lyon aient échappé de justesse, contre tous les augures, bookmakers et autres Cassandres (à tel point que la Française des Jeux a lancé une enquête sur les 7 buts lyonnais), à la catastrophe, comme un genre de bon présage pour l’Euro et l’Europe penseront les euro-ptimistes pas trop militants du PSG ou de Manchester United.
Cela doit être dur de twitter avec des moufles, en Finlande, mais avec un peu de bonne volonté, ça le fait quand même.
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