Un Rossignol fera-t’il le printemps du « made in France » ? Ceux qui twittent sur la compétitivité vont buzzer un peu dans le cloud et la presse peopolitique française va en parler au moins jusqu’aux vacances de Noël. Au ski. Ou au Maroc. Ou les deux avec de la chance.
On peut avoir une certaine idée du ski français genre Jean-Claude Killy et les autres qui faisaient résonner la Marseillaise de Portillo à Grenoble avec des godillots en cuir faits pas loin de Romans pour éviter des frais de transport et des Fusalp’ fabriqués pour durer une vie parce que sinon les clients pouvaient venir se plaindre à l’usine ; une certaine idée de la montagne genre randonnée d’un bivouac pas chauffé mais d’où on repart heureux en laissant les lieux aussi propres qu’on les a trouvés à un refuge sans clefs mais d’où personne ne partirait en s’indignant contre ceux-ci ou cela sans fermer correctement les volets ; une idée incertaine d’un temps un peu sépia que la plupart des skieurs, surfeurs et autres glisseurs modernes n’ont pu connaître mais où la section marocaine du Club Alpin Français évoquait la conquête de l’Atlas par les amateurs (les mots ont un sens) de sports d’hiver et les championnats de ski du Maroc dans la presse spécialisée. Au Maroc, on (se ? nous ?) diraient que les temps changent et que c’est l’ordre (désordre ?) des choses mais que malgré le réchauffement climatique et la mode du tourisme vert à Durban, les amateurs de ski aussi peuvent trouver chaussure à (pour prendre ?) leur pied au Maroc.
On peut avoir une certaine idée des vacances au ski, genre « les Bronzés » pour des 99% pas (encore ?) trop dans le besoin mais qui achètent quand même leurs crêpes au sucre chez Sherpa pour les manger dans le studio pour 6 du comité d’entreprise parce que la pub et les prix sont sympas ; genre « les Liaisons dangereuses (de Vadim) » pour le 1% de France d’hier qui dispose d’un chalet confortable dans une station dont on peut parler à Paris mais au nom d’un cousin au Lichtenstein qui a immatriculé la 4-4 monstrueuse en Belgique pour éviter les qu’en dira-t’on fiscal et préfère ne pas skier en Suisse parce que si c’est pour retrouver toujours les mêmes Français, autant aller à Marrakech ; ou genre djeun qui n’a peut-être pas fait trop de stages ESF mais qui a la chance de pouvoir prendre le bon air des montagnes et surfer au frais (aux frais ?) avec iPod anti-choc et taille basse spécial tire-fesse (honni soit qui …) parce que les BDE des uns, les services sociaux d’autres ou les « darons » d’encore d’autres font bien leur job. Au Maroc, on (se ? nous ?) dirait que skier dans l’Atlas peut sembler plus près du goût de l’école (de ski ?) de Jules Ferry que des souvenirs de vacances des autres de Luc Ferry, mais que tant qu’à avoir ses habitudes pas loin de la Mamounia, ce serait peut-être une bonne idée d’aller voir la-haut sur la montagne marocaine s’il n’y aurait pas des marmottes en train d’emballer du chocolat de délocaliser aussi les usines à ski.
Mais le buzz du jour sur le net francophone (francophile ?) est le « made in France », pas le Nouvel An à Marrakech ou le ski à Oukaimeden pour Noël. Alors au Maroc, même si on a la TV par satellite et si on streame sur internet les vidéos de la pré-campagne électorale … américaine comme tout le monde (le spot détournant un speech de Mitt Romney en français sur les J.O. d’hivers de Salt Lake City doit être hilarant si on n’est ni français, ni supporter de Romney) et si on n’a pas téléchargé seulement le direct de Sallanches, Haute-Savoie, hier sur iTunes, on doit (se ? nous ?) dire qu’il vaut mieux en (sou)rire qu’en pleurer, de toussa-toussa.
Au Maroc, les gens sont généralement gentils et raisonnablement francophiles s’ils n’ont pas été expulsé après de bonnes études en France cause circulaire anti ceux-ci-ceux-là, renvoyés d’un logement social parce qu’il fallait bien loger un vieux notable en combat électoral permanent, ou ruinés parce qu’un x-ième centre commercial implanté sur des terres arables (pas arabes, c’est un autre sujet, les pétro-dollars achètent à ce stade le PSG et des mètres carrés de luxe en ville, ce sont les Chinois qui achètent des terres agricoles mais ils s’en tiennent aux vignobles pour le moment) a fait concurrence pas très fair-play à leur petite épicerie. Alors au Maroc, on (se ? nous ?) dirait que notre production industrielle en France peut sûrement être dopée par des discours politiques et que certainement les délocalisations françaises dans les parcs industriels de Casablanca ou dans la zone franche de Tanger ne sont que temporaires, des genres de faux-mouvements comme quand Rossignol était parti faire des skis en Thaïlande.
Au Maroc, les gens ont souvent un lien affectif fort avec la France, sa culture et ses coutumes. Alors on sait, même si on n’a moins d’expérience des élections présidentielles que les Français, qu’une période pré-électorale, surtout à quelques jours de Noël, n’est pas faite pour dire des vérités qui pourraient fâcher ou faire une tartine de vieilles croutes de fromages mais pour promettre du vin chaud et faire espérer que sur un malentendu ça pourrait marcher, et on (se ? nous ?) dirait qu’il est important de réparer l’ascenseur social made in France même si on se doute bien qu’il est sérieusement coincé pour avoir été beaucoup surchargé, si on ne sait vraiment pas qui pourrait prêter l’argent pour payer la facture maintenant que les plombiers polonais ne font plus crédit parce que le AAA est tremblottant et si on a comme un genre d’intuition que que les temps sont plutôt à la descente rapide, plus ou moins volontaire et plus ou moins élégante.
Au Maroc, on connait bien le monde des affaires parce qu’entre les businessmen et politiciens qui passent pour le plaisir, ceux qui investissent dans l’immobilier ou les zones industrielles et ceux qui importent ou exportent, on voit beaucoup de monde d’un peu partout même s’il n’y pas encore de TGV. Alors, on sait qu’en affaires, c’est comme au sport professionnel, prendre ses désirs pour des réalités, sous-estimer la concurrence étrangères, ne pas lire les règles du jeu et se battre entre français, ça peut faire rire des spectateurs bienveillants mais même sur un malentendu si un concurrent se prend les pieds dans un tapis (de bains ou du Pakistan, par exemple) et en faisant une promo d’enfer pour le made in France aussi beau qu’un Rafale et avec un soutien politique musclé comme quand Rama Yade galvanisait l’équipe de France de Foot en Afrique du Sud , ça peut ne pas marcher très fort.
Au Maroc, on est comme tout le monde : on attend avec impatience 2012 en écoutant les discours politiques pendant les blancs d’iTunes, on respecte la voix de la France en souvenir de Mongénéral et on trouve plutôt sympathique le made in France du moment que c’est aussi bien et pas plus cher, ou que c’est très glamour. Alors on (se ? nous ?) dirait : « Que le meilleur gagne« .
©2011 Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 14 décembre 2011
PS : au Maroc, on ne subit pas encore trop la désindustrialisation et on est plutôt bien préparé pour profiter d’une mode du « made by pas loin où il reste des usines » au cas où la météo serait défavorable aux importations en provenance de pays très lointains à bas coûts mais normes sociales et assimilées vraiment trop culturellement différentes, surtout si la convergence avec l’Allemagne incite encore plus les entrepreneurs français à dupliquer le modèle industriel allemand d’intégration de pays voisins mais hors zone Euro dans la chaine de production de produits dont le montage final est réalisé dans les pays clients pour toute une série de raisons logistiques, commerciales et fiscales, au premier rang desquelles le fait que du made in Germany fabriqué chez soi, c’est vraiment attractif. Au Maroc, on (se ? nous ?) dirait que l’important pour bien passer l’hiver, c’est d’être organisé.
C’est fini pour aujourd’hui parce qu’entre le réchauffement climatique et la guerre économique, il faut y aller.
Twitter marche aussi bien dans les stations de ski que dans les usines. Au Maroc, aussi.












Ping: Mad in France ! Qu’en dirait-on … à Alger ? | Renaud Favier : Café du matin à Paris
cool story bro
Thx & Happy 2012 😉 6 http://rf2012.wordpress.com/2011/12/15/bonne-et-heureuse-annee-2012/