Le mois de juillet n’est plus ce qu’il était, mais en étant un peu « smart , on arrive quand même en août

Il y a 3 catégories de « juilletistes » : ceux qui étaient en vacances au soleil dans le Sud-Est, ceux qui étaient en vacances en France sous la pluie, et les autres. Et il y a 3 catégories d’autres : ceux qui n’étaient pas en vacances, ceux qui étaient en vacances à Paris, et les autres.

Ceux qui étaient en vacances sur la Côte d’Azur en juillet manquent un peu d’imagination et n’auront échappé, ni aux bouchons, ni aux tarifs de haute-saison, mais ils sont plutôt bien adaptés au monde réel tel qu’il est devenu en France, et vont pouvoir se la couler douce au bureau en août.

Ceux qui étaient en vacances ailleurs en France sous la pluie manquent un peu de chance, et n’auront échappé, ni aux crêpes jambon-oeuf-fromage pour andouilles, et vice-versa, ni aux loufoqueries à la radio des experts en cours de bourse, météo, conjoncture en Euroland et autres jeux olympiques au soleil britannique (noter la rime), mais ils sont plutôt bien adaptés au monde réel tel qu’il est devenu en France, et sont fin prêts pour une rentrée sur le sable et sous les nuages noirs.

Ceux qui étaient en vacances à l’étranger sous la pluie ont eu moins ou plus d’imagination, selon qu’ils ont évité la France pour ne pas y croiser trop de patriotes économiques (ou d’Européens du Nord en short, mais il va falloir arrêter de se moquer des voisins maintenant qu’on a encore perdu une guerre et que rien n’indique que les Anglais et les Américains vont venir nous sauver cette fois) ou qu’ils ont été profiter de l’Asie émergente avant qu’elle ne devienne au-dessus de nos moyens, et moins ou plus de chance selon qu’ils avaient payé d’avance en Euro à 1,30 ou cash à 1,20 plus commission bancaire et crédit à la consommation au Libor assaisonné par les banques pour se refaire une solvabilité sinon une respectabilité, ou qu’ils ont au moins évité les endroits à incendies géants (dorénavant inutiles, les permis de construire s’achètent pour une bouchée de pain, il faudrait le dire aux incendiaires), pannes d’électricité monumentales (c’est le charme de l’Inde et comme 50% de la population a l’électricité gratuite et les autres des générateurs ou pas l’électricité, personne ne peut trop râler), requins affamés par la surpêche de tous les autres poissons (mais le monde est assez bien organisé, les amateurs de soupe aux ailerons de requin règlent le problème aussi efficacement que pour les éléphants ou rhinocéros à défenses supposées aphrodisiaques et il y a à peine plus de morts d’attaques de requins que de chutes mortelles dans les chutes du Niagara) ou tornades et autres spécialités d’Outre-Atlantique comme l’hystérie boursière et le délire financier.

Les autres qui n’étaient pas en vacances ont en général profité de transports en commun moins encombrés, du feu d’artifice et d’une teuf sympa le 14 juillet (vacherie qu’il soit tombé un samedi, déjà qu’on doit bosser un jour de plus cette année bissextile, mais au moins on a pu se reposer le dimanche), et d’un air moins pollué en ville. Plus ou moins volontairement, sachant qu’il y a de plus en plus de gens qui n’ont plus de boulot et donc plus de vacances, qui ne trouvent de boulot qu’en été pour faire des remplacements ou des summer jobs, ou qui n’osent plus prendre leur congés de peur de ne pas retrouver leur poste au retour.

Les autres qui étaient en vacances à Paris ont pu profiter de plein de trucs sympas sans se ruiner en TGV ou péages d’autoroutes, flâner le nez au vent dans une ville magnifique où ils se ruinent en loyer ou remboursements de crédit mais dont ils ne profitent que peu même quand ils ont les moyens et/ou la chance de ne pas passer leur vie au bureau et/ou en transports, et ranger ou bricoler un peu parce que les paperasses qui se trient automatiquement et les étagères qui se montent toutes seules, c’est réservé aux gens qui peuvent s’offrir des vacances loin de Paris en été.

Les autres, ils auront, comme tous les hauts fonctionnaires, élus et élites (hélas …) républicaines, une retraite dorée garantie pendant 20 ou 30 ans aux frais des générations suivantes (hélas ..), et, sauf miracle économique, machiavélisme politique ou masochisme électoral (de la gauche qui déciderait d’en reprendre pour un tour ou des plus brillants ambitieux de droite qui feraient comme en 1981 et 2012 perdre leur candidat en croyant que ça garantirait une victoire facile le coup suivant), ça leur tombera du ciel dés 2017 comme la pluie sur les Parisiens cet été, le chômisme sur les Français depuis et pour un bon moment (hélas …) ou la crise de la dette sur les Grecs (Hellas …) depuis qu’ils ont financé leurs Cayennes pour les uns et un niveau de vie européen normal insoutenable pour une nation bossant assez peu aux standards de la compétitivité mondiale au 21è siècle et ne produisant presque rien de vendable à l’étranger à un prix rémunérateur pour les autres (suivez le regard ailleurs en Europe), alors qu’ils ne viennent pas râler de devoir passer un été … normal aux standards français du moment.

Ceci écrit, avec Twitter, on peut prendre quelques minutes de vacances quand on veut, même dans le métro, même en réunion de service, et surtout en haut comité stratégique du lundi pendant que ceux qui se savent sur la liste noire fouillent Cadremploi sur leur Blackberry et que ceux qui croient ne pas y être expliquent au directeur général par intérim que les ventes baissent mais que c’est la faute des autres (qui sont en vacances), que le dialogue social est formidable dans la boutique grâce à eux (mais que ceux qui sont en vacances n’y sont pour rien) et que la boite est peut-être encore sauvable par ceux qui se croient solidement accrochés à leur branche, mais seulement si on augmente leur part variable automatique et si les nouvelles voitures de fonctions made by Germany diesel toutes options sont livrées avant leur départ en vacances en Août.

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