
Rappels liminaires :
- Une « océane », c’est une obligation convertible en actions plus tard sous certaines conditions, qui permet à la boite qui les émet, par exemple EDF hier, de lever de l’argent sur les marchés à taux favorable (en l’occurence, EDF étant encore détenu à plus de 80% par l’état français, la boite lève comme l’état français, lui même considéré à tort ou raison comme un Land allemand pas géré mais allemand quand même, donc EDF lève à taux négatif, ce qui est une excellente affaire financière pour EDF – cf infra-), et attire des investisseurs, généralement institutionnels, espérant que l’action va grimper et qu’ils pourront gagner sur la hausse de l’action plus qu’ils ne perdent en opportunité à investir sur une obligation à taux négatif alors qu’ils pourraient laisser leur cash au coffre ou acheter de l’or, du vin, ou un village en province, moins volatils en principe que les actions (honni qui « Tesla » y mépense). Bref, c’est un instrument financier pour professionnels mais dont la presse économique grand public twitte.
- Green, c’est green, comme son nom l’indique, et ça va du quinoa (généralement cultivé en Amérique latine sur des terres volées aux indigènes et déforestée par incendies volontaires, et transporté en bateau puis camions diesel ultra polluants jusqu’à la boutique à bobo à vélo made in China à assistance nucléaire et batterie fabriquée loin et avec des matières pas ESR – cf infra-, mais il ne faut pas désespérer Boboland, n’en twittons pas trop), et ces temps-ci, moitié par docilité soumise aux influences étrangères masquées aux intentions tout sauf louables, moitié par crétinisme généralisé aux motifs allant du sabordage de l’éducation nationale à l’addiction aux écrans abrutissants, entre autres substances nocives légales ou non, en passant par la paresse intellectuelle encore plus visible que la mollesse physique, ces temps-ci donc, #WeLoveGreen comme on aime les ours polaires loin de nos hypercentre-villes, les victimes du sous-développement et autres plaies du monde moderne logées en habitat social loin de nos parkings, et l’agriculture plus ou moins green loin de nos yeux.
- EDF, c’est EDF, pas la peine de faire un dessin, mais la boite a comme vous et moi l’obligation de surfer la vague verte pour ne pas paraître trop ringarde (c’est entre autres mauvais pour le recrutement des talents, de donner une trop forte impression de ringardisme), pour ne pas être trop emm… par Bruxelles et Paris (c’est pareil, sauf que les fonctionnaires en exil fiscal à Bruxelles sont en général un poil plus vieux et retors, et les politiciens y-placardisés encore un poil plus déconnectés du réel et affaiblis du neurone par l’absence encore plus totale d’exercice cérébral et la bouffe encore plus trop riche), et pour tenter autant que possible un « pivot » (on dit comme ça, maintenant, c’est un genre de recyclage d’une activité vache à lait vieillotte comme la vente de courant, ou d’un business pas tendance comme le nucléaire, vers un commerce plus tendance, plus prometteur, bref « ESR » -cf infra, on l’a déjà écrit- et un peu Viagra pour les vieux fonctionnaires ou pas du conseil d’administration et les jeunes journalistes économiques).
- ESR, c’est « Environnementalement et Socialement Responsable », et c’est la tarte à la crème de tout spectacle télévisuel entre notables, le point Godwin de tout fil Twitter qui se respecte et évoque à l’occasion sur un malentendu autre chose que le foot, un virus chinois, ou la présence, sinon la victoire, d’un Français dans une activité vue à la télé allant du vélo au terrorisme via la Formule 1 et le tourisme sexuel, bref le truc incontournable pour les diners en ville et/ou entre vils, les pages facebook pas tenues par des robots militants anonymes ou des stagiaires communicants au neurone plus grillé que la peau d’un politicien de gauche en retour de confinement en bord de piscine dans le Lubéron, et les conférences Zoom aux heures qu’on disait « de bureau » avant. Accessoirement, ESR est le « sésame » pour tout produit financier contemporain, à moins de ne cibler que les gestionnaires d’actifs devenus infréquentables genre actions de boite accusée de polluer Paris Plages, les banksters pilotes d’ETF spéculant sur le pétrole, le tabac, le transport motorisé, ou le foie gras, ou, pire, les investisseurs individuels sans morale moderne ni scrupules rétroactifs capables de placer leur épargne sur une entreprise de jeux d’argent, de fantasmer de participer à la privatisation d’un aéroport, ou de convertir une partie de leur épargne bancaire en #MadeInChina pas tibulaire mais presque (le « made in », pas « China », quoique …)
Ceci rappelé, l’actu #WeLoveGreen (rappel annexe, « Green », c’est aussi le surnom du dollar, bref de l’argent, bref du pognon, et à une lettre près, « Green », c’est « Greed » « cupidité, en français …) du jour, c’est l’Océane verte d’EDF pour 2,4 milliards d’Euros, cf Les Echos : https://www.lesechos.fr/finance-marches/marches-financiers/edf-lance-la-plus-grosse-obligation-convertible-verte-au-monde-1240422

Si j’avais le temps, après tous ces préliminaires interminables qui ont vraisemblablement dissuadé 99% des 2 ou 3 éventuels lecteurs de ce blog en général et de ce billet vert (ben oui !) en particulier, j’ironiserais sur :
- Le fait que quand l’état français déjà plus que surendetté, sinon en faillite, prend directement 40% de l’émission d’une boite lui appartenant, on est assez loin du marché financier libre pur et parfait (et quand un état ClubMed européen refinance à taux négatif une de ses boites publiques avec de l’argent emprunté à taux artificiellement bas grâce à la bonne réputation financière de l’Allemagne et de quelques autres pays européens sérieux et/ou gérés (eux), on approche du truc pas très net qui embrouille les uns et enrichit les banquiers d’affaires) …
- L’autre fait pas très exemplaire qu’en l’absence de véhicule financier vert emprunteur dédié, l’argent levé par EDF alimente la trésorerie de la boite, seuls les optimistes invétérés peuvent espérer que les 2,4 milliards seront effectivement consacrées à du « vert » ESR et tout ça. Les plus caustiques souligneront que la moindre « licorne » plus ou moins réelle de la bulle Tech, lève facilement beaucoup plus sans même se fatiguer à faire semblant d’être exemplaire en ceci, cela, ses contraires, ou d’autres trucs à la mode.
- La cerise sur le gâteau des débats et ébats entre « experts » sur les énergies vertes, les plus technos sortant des études plus ou moins scientifiques se contredisant plus les unes, les autres, voire elles-mêmes, tandis que les plus « politiques » défendent telle ou telle chapelle du mix énergétique (jamais les économies d’énergies plus ou moins propres et/ou renouvelables, ça fait #okboomer de rappeler qu’à 18 degrés avec un pul, on survit mieux qu’en s’agitant pour boucher les trous des passoires thermiques pendant que les gosses fument du H fenêtres ouvertes et qu’on climatise parce que les ordinateurs laissés allumés inutilement produisent une chaleur de dingue), le nucléaire parce que peu générateur direct d’effet de serre, l’éolien parce que source de revenus faciles pour les propriétaires fonciers ruraux pas tous millionnaires canal golf en mocassins Berluti, le solaire parce que c’est l’emblème de GreenPeace (et #WeLoveGreenPeace) depuis les campagnes « Nucléaire Non Merci » financées par feu l’URSS de propagande déjà anti liberté sous faux nez vert.

#WeLoveGreenBondsetEDFQuandMême !
Renaud Favier – 9 septembre 2020
PS : je ne voudrais pas sembler nombriliste, même si c’est ultra tendance, voire tsunamisquement dans l’air du temps, mais si déjà la branche « énergies renouvelables » d’EDF était un brin plus proactive, sinon moins coûteuse, pour aider les particuliers à poser des panneaux solaires si possible un tant soit peu made in France sur leur toit et les intégrer dans leur installation domestique sans trop les ruiner ni trop dégrader l’environnement visuel (le truc rigolo, c’est quand on est soumis à accord des bâtiments de France, et que tout le monde se passionne très fort pour la couleur des panneaux photovoltaïques qui peuvent en gros être noirs ou rouges, mais rarement de la vraie couleur du toit, au demeurant évolutive, mais que personne ne s’inquiète de leur implantation, qui peut finir par ressembler à un dessin géant de gosse cubiste sur un toit à la campagne), quitte à devoir continuer à payer un abonnement et à revendre leur auto production non auto-consommée au tarif de marché non subventionné, on comprendrait mieux où passeront les deux milliards …

PS 2 : oui, en principe il n’y a que deux moitiés, de même qu’il n’y a que trois tiers, mais les maths, c’est comme l’économie, la médecine, ou l’écologisme : si c’était une science exacte, ça se saurait …