C’est pas Mozart qu’on assassine, c’est Géronimo (et Ben Laden ?)

La Légende de l’Ouest veut que Géronimo ait puisé son nom de guerre dans le sang de ses femme et enfants massacrés par l’armée mexicaine en 1858 sous la bénédiction de Saint Jérôme. Va savoir, en tout cas ce nom de code pour tuer Bel Laden, « si non e vero, e ben trovato »

On ne change pas un bon slogan qui marche, on le modernise: "un bon Ben Laden est un Ben Laden mort"

Géronimo se retournerait probablement un peu dans sa tombe s’il savait comment on ne respecte pas le copyright de son nom. S’il n’a pas été jeté à la mer, lui. Mais il a d’autres indiens à fouetter entre ceux qui se sont couchés devant (ou avec) un ennemi qui leur semblait invincible ou séduisant et ceux qui sont tombés face à plus fort qu’eux et n’ont pas su empêcher l’avenir de tomber en des mains visiblement douteuses (ach, le doute, métaphysique ou pas, des mains invisibles gross malheur !).

C’est un peu « vero » quand même qu’on a assassiné Géronimo au Pakistan : le terrorisme n’est guère un  humanisme mais d’une certaine manière, Ben Laden s’inscrivait dans la lignée des gens « debout » (le mot est invariable, Freud y trouverait beaucoup de signifié, je suppose), ces gens-là sont « différents » et parfois très agaçants, voire exaspérants,  mais ils ne peuvent pas être totalement mauvais même s’ils regardent de trop loin, trop haut, ou marchent dans la mauvaise direction.

Debout, les damnés de la Terre !

C’est un peu « vero » mais un peu marketing aussi. Le mythe du farouche résistant contre une modernité qui tue les autres et mange les siens avec science mais sans conscience fait toujours de l’audimat et c’est un fond de commerce électoral comme un autre quand on a dilapidé l’héritage à un point qu’on doit vivre dans une bicoque au fond du Pakistan sans pouvoir se payer le téléphone.

Chez-nous, c'est le SAMU social direct, ou le rapatriement pour étranger sans papiers

C’est un peu tartuffe peut-être aussi, mais ça, Dieu seul le sait. Et qui pourrait lui jeter la pierre de rester un peu ambigu, surtout dans un monde -heureusement- libre où la lapidation n’est -heureusement- pas de coutume, même pour les infidèles ?

Quelqu'un aurait de l'insecticide ? Ou une tapette (c'est plus développement durable, et pédagogique) ?

Mais on sait bien qu’on ne sort de l’ambiguité qu’à son détriment parce que ça peut déstabiliser les zélotes, voire choquer les fidèles et qu’ensuite on est obligé d’aller mettre un cierge à Saint Thomas pour essayer de se faire pardonner (parce que quand même, en principe, un des ordres c’est « Tu ne tueras point », non ?).

Pardonnez-moi, mon Dieu, et reconnaissez les vôtres

En tout cas, c’est « ben trovato » par les experts en marketing de la Maison Blanche. Parce que « Géronimo » c’est une icône sur papier sépia pour vieux rebelles microcosmédiatiques européens (en langage des facs de littérature US : « dead white male writers », ça va grosso modo de Zola à Régis Debray, BHL est hors catégorie, personne n’est sûr que ce soit un écrivain ni quand il est mort en s’installant dans le conformisme, le rebelle romantique) devenus sur leurs vieux jours jaloux des -beaux- yeux du -trop jeune et trop séduisant- Che mais les électeurs américains sont, eux, encore fiers de leur court passé et même de ses zones d’ombres (nous c’est un peu l’inverse, ça doit être une question d’âge, les vieux sont plus amers, en général …) alors ils sont contents et ne (se) posent pas trop de questions qui pourraient fâcher. Anyway, on le saurait si les électeurs préféraient les vérités qui dérangent à celles pour enfants des Bush (la vérité en sort, dit-on).

C’est un peu l’inverse du Che cette affaire : la photo est plus moche (mais la photo du Che était sûrement tout aussi arrangée et choisie par des conseillers en propagande, on n’avait pas inventé Twitter ni Wikileaks à son époque, c’est peu probablement une fuite qui a fait le buzz, ou alors celle du Che mais il en est mort, semble-t’il) et l’histoire moins limpide (pour le Che, c’est assez clair, il a fui le Cuba de Fidel par … fidélité à des idéaux et un peu plus d’esprit de conservation que de contradiction, puis il a été trahi par des utopies, les siennes et celles d’autres notamment du côté de la Place Rouge, et enfin il a été rattrapé par sa vérité, hélas un peu asthmatique, plus que celle des autres respirant plus facilement des airs tabagiques, voire franchement patibulaires).

Le regard de certains morts ironiques parle fort

Enfin, « Si non e vero, e ben trovato », ou l’inverse (ben trovato, ma non vero), on ne saura que quand on aura « ben trovato » la boite noire mais ça peut prendre du temps et personne ne sait si après des années en mer ça marchera encore. De toute façon, personne ne sait bien dans quel coin de mer il faudrait fouiller. En mer d’Oman, peut-être, ou alors plus près du Triangle des Bermudes, du coté de Guantanamo par exemple ?

Tous les chemins ne mènent pas à Guantanamo, si ?

By ze way, la boite noire a la peau rouge et c’est écrit « do not open » dessus, ça explique tout. Bon sang, mais c’était bien sûr ! Des fois, la vérité est sous nos yeux et on va bêtement la chercher ailleurs parce qu’il y a plus de lumière, de flash, d’audimat, de copains pour boire une bière … ou parce qu’elle n’est pas très bonne à découvrir, dire, écrire ou … pire, lire !

Anyway, « chi va piano, va sano », les boites noires, fussent-elles de Pandore, sont toujours retrouvables et ouvrables si on y met assez de volonté et d’argent (35 millions d’euros, dit-on, pour le vol Air France de Rio, ça fait cher le permis de pêche quand même, espérons que ça sera plus ou moins remboursé par quelques fonds d’investissements actionnaires d’assureurs réassurés par d’autres). La vérité émergera ((re)fleurira?) un jour. Même si franchement, on s’en fiche un peu, sinon, ça se saurait, on n’aurait pas assassiné Géronimo Mozart. Parce que Mozart aussi a été assassiné. C’est vrai, je l’ai lu. Et pendant très longtemps, jusqu’à ce qu’on retrouve un crâne commercialement viable, on ne savait pas non plus où était sa dépouille sans que ça empêche personne d’écouter sa musique ou de (se) faire des films sur lui. Moins de films que sur Géronimo, peut-être, mais le sujet de l’assassinat des Indiens est quand même plus intéressant que les petits meurtres entre amis, fussent-ils virtuoses des tentatives de tirs dans le dos

Il y a un joli proverbe d’un peuple « premier » (qui enterre ses morts, sinon ça ne le fait pas, alors je doute que ça soit vraiment un proverbe indien comme je le pensais puisque dans certains films un bon Indien -mort, cela va de soi- ne peut bien rejoindre le Grand Esprit que si son corps est rituellement emmené en haut d’une montagne. Ou alors c’est un proverbe d’Indien des Plaines sans lacs, sans montagne, sans mer, là où on n’a pas le choix et on doit enterrer ses morts même si c’est pas la tradition de quand il y avait des montagnes et des chevaux sauvages) qui dit quelque chose du genre « marche légèrement sur cette terre, nos ancêtres s’y reposent ». On pourrait ajouter « … et ne crie pas, ne parle pas trop fort, n’écris pas trop vite, bois un café avant de cliquer même si tu es certain de savoir la (ta) Vérité ».

Renaud Favier – 4  mai 2011 – http://www.renaudfavier.com

Le bonus : on dira ce qu’on voudra mais si Ben Laden est derrière le quart de la moitié des attentats qu’on lui attribue et s’il fait partie des responsables pour le 11 septembre, il y a pas mal de familles de victimes qui ont de très bonnes raisons de trouver l’air plus léger et by ze way, si Obama avait vraiment juste voulu faire un « coup » électoral, il aurait mangé la vengeance des Bush un peu plus froide, moins loin des élections. Qui vivra, verra (pour Ben Laden, en principe il ne devrait pas voir, mais qui sait, on est à la saison des miracles) … s’il ne vit que deux fois.

C’est fini pour aujourd’hui : si non e vero, e ben trovato, non ? Et de toute façon, Ben Laden n’existe pas, sa page Twitter n’est pas authentifiée et il n’y avait pas internet chez lui. Alors on ne va pas en faire un patakés comme si c’était aussi important que les sondages sur l’Hôtel de la Marine (qui sera transformé en business-center pas loin de la statue de Jeanne d’Arc, ce sera pratique pour photocopier les tracts du FN), le mariage de notre meilleur ami du FMI (on dit que Meetic-BHL se promène dans le Marais, après son épisode Mystic-BHL dans le désert libyen et sa très longue jeunesse Mythic-BHL à saint Germain des Prés, où il chercherait à  fiancer Ségo et DSK : gardez-moi un petit qui fera HEC et ENA, ce sera sympa d’avoir un copain candidat aux primaires vers 2042) ou les prix de l’immobilier en Boboland (on dit que le cours des riads à Marrakech est à la baisse mais que la Place des Vosges est très courue), la vérité si je mens !

Bon ! le Karachigate 2.0 est un beau sujet mais il faut qu’une page se tourne pour savoir finir une guerre, ou l’inverse. C’est la dernière (page sûrement, guerre probablement pas, hélas) parce que je dois finir mon « manuscrit » (tapuscrit ?) pour tenir les délais du e-book. Et commencer à travailler sur « 2012 pour les nuls » (c’est le nom de code à la Maison Blanche, comme Géronimo. Ou comme la »Famille Adams » vs le « Carré d’As » pour les habitués des codes du microcosme français qui ne parlent pas -aux- étranger(s)).

Mais pas sûr que ça soit un sujet aussi simple que l’assassinat de Ben Laden, cette histoire d’avenir de la France après la Crise, Fukushima, les procès et non-lieux passés, présent et à venir, le mariage de Kate, les primaires du PS, les atermoiements (à Terre moi mens ?) des Verts et le 1000ème bouquin d’Attali. D’autant qu’avant même d’avoir fait les courses (quant à payer l’addition, c’est encore une autre affaire mais tant qu’on est AAA, les amis des Amateurs d’Andouilles à l’Ancienne nous prêteront à bon compte qui fait les bons amis, CQFD), les Gaulois ont commencé leurs banquets républicains. Mais au prix du boeuf, du gaz et de l’immobilier, tout le monde ne pourra pas griller des steaks de 500 grammes dans une cuisine d’Über-Bobo du centre (ou presque, mais un peu à gauche ou un peu à droite, c’est pareil, on ne pas chercher des poux dans la tête des centristes et assimilés, surtout dans la tignasse de Borloo, on y serait encore en 2013) : beaucoup devront aller se faire cuire un oeuf au BBQ ailleurs que dans les jardins de l’Elysée.

2012, c’est vraiment une autre histoire. Une nouvelle cuisine française mijotée à feu vif avec une bonne batterie de casseroles à l’ancienne, beaux dialogues et juste ce qu’il faut de « bizarre », voire de « brutal ». Une histoire d’hommes. Parce que même si certaines femmes peuvent préparer le petit-déjeuner, la grande cuisine, c’est comme le grisbi intouchable mais pas coupable, la bonne conduite rapide en 4/4 urbains au mazout, le foot ou l’humour misogyne, c’est plutôt pour hommes. Et même pour Dead White Males, dans certains pays. Non ?

Les Volets Rouges ! T'as connu ? Toute une époque ...

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About renaudfavier

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2 Responses to C’est pas Mozart qu’on assassine, c’est Géronimo (et Ben Laden ?)

  1. Excellente dérision Renaudf

    Si j’avais un blog et un esprit vif pour aller avec…

    je dirais que le « Mariage du siècle » (The Big Wedding!) redore la couronne (ainsi que les blasons de la noblesse européenne) :
    God save vraiment the Queen!
    … la tuerie d’Oussama Station par Play Mobil fait que « God bless vraiment America!
    Et que le Miracle! sans précédent! entraînant la Béatification de Jean… Pierre ou Pol! « fait reluire et illumine » vraiment les Dorures déjà Gigantesques Vaticanesques!

    Nos coeurs battent à l’unisson… pour l’Angleterre! la Vieille Europe! l’Amérique! et la Chrétienté triomphante!… jusqu’à l’infarctus!

    La boucle est bouclée! Kate a souri! Kate a salué! et la bouche est bée!

    Sont ce des concours lancés près des nations à travers la planète pour prouver son excellence et des raisons de sauvegarde ?
    A qui le tour ?

    Mais en attendant, avec Fukoshima on s’est bien fait fucker!

    • Avatar de renaudfavier renaudfavier dit :

      😉 oui, l’important c’est que God Shave the Queen, tout le reste est littérature, musique ou réseau social (à ce sujet, si quelqu’un peut me présenter sur facebook à la jolie soeur de Kate …).
      Pour te suivre sur le sujet nucléaire, dans real life, une petite préoccupation qui me damoclesse derrière les oreilles, c’est ce dicton « jamais 2 sans 3 ». 2 Catas nucléaires degré 7, Tchernobyl et Fukishima de mon vivant, il ne faudrait pas que le destin joue trop vite aux dés atomiques de nouveau, parce que statistiquement, ça finira bien par tomber plus près de nos sushis-bars à nous.

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