On admet généralement que civilisation et langage évoluent de conserve et certains « branchés » au vocabulaire djeun soutiennent que notre civilisation est « mortelle ». Les mots ne sont pas neutres. C’est comme les « gros mots » : en principe ça fait rire, mais pas que …

« Krise », par exemple, c’est un mot « gross Malheur » en principe, mais c’est pas si simple parce qu’il y a les gagnants et les perdants et que du moment qu’on gagne, on continue à surfer.

C’est comme « famine », en principe c’est un mot « gross Malheur » mais c’est pas si simple parce que pour certains, c’est la seule chance d’avoir son « quart d’heure de célébrité« .

C’est comme « écologie politique » : une fois enlevés les masques des apparatchiks et débranchés les micros (made in China) à énergie solaire renouvelable des prédicateurs, la bulle d’air pur fait un peu « pschitt » et les biobos se blasent (blazent ?) vite.

On pourrait passer en revue tout le dictionnaire, toute la politique française, toutes les catastrophes et autres Fukushima du moment, tout l’environnement mondial et toutes les indignations norvégiennes, intergalactiques ou whatever works pour alimenter les protestations sinon les estomacs, mais le mot du week-end anniversaire de la mort de Massoud en Afghanistan et d’autres gens plus anonymes individuellement mais collectivement représentatifs d’une assez incertaine idée de la civilisation à New-York, c’est indubitablement « choc » (non, c’est pas le salon du chocolat, faut suivre un peu quand même, quoique …).

Parce que 10 ans, c’est un vrai anniversaire et que 9/11, ça c’était du choc, indeed. C’était pourtant juste un genre de Pearl Harbor 2.0 à la base (7 décembre 1941, 353 avions mobilisés, deux raids, la 3è vague n’a pas été lancée par l’amiral Nagumo contre l’avis d’une partie de son état-major) avec pareil des signaux avant-coureurs et des messages décodés et exploités trop tard sauf qu’on est plus choqués parce qu’il y avait la TV et que « World Trade Center », c’est moins neutre comme concept lexical que « base militaire américaine au fin fond du bout du monde » et qu’on sentait bien dés le départ que ça pourrait durer plus de 2 ou 3 ans pour que la cavalerie remette les pendules à l’heure. En tout cas, ça faisait du choc des images et du poids des maux (mâles ?).

« Choc », c’est le truc du moment, vaille que vaille (vaillants, faut suivre …)

http://www.youtube.com/watch?v=Zdc_jtvhvGU

C’est d’ailleurs un peu comme pour tout le reste d’une certaine idée de la civilisation, c’est nous les Gaulois qui avons inventé le concept, bien entendu.

Ensuite, il y a souvent un peu de (con) »Fusion », c’est comme pour le nucléaire ou la cuisine (qu’on aussi inventés, of course), le business, la politique et les jolies femmes compliquent la culture mais à la base, c’est toujours la même histoire qui commence bien, chaote façon shaker et finit généralement mal, plus ou moins vite.

Mais finalement, la gastronomie (française, what else ?), on dira ce qu’on voudra avec les mots (maux ?) qu’on voudra en n’importe quelle sous-langue moins brillante, c’est quand même ce qui différencie les tribus de chasseurs-cueilleurs des civilisés.

http://www.youtube.com/watch?v=MlfcF1I5e_g

Ach, les mots, gross choc !

Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 10 septembre 2011

Ps : en attendant, malgré un très déconcertant trou d’air au milieu de la seconde mi-temps (décalage horaire ?) les vaillants de l’Ovalie ont tenu le … choc de leur premier match de coupe du monde face au Japon, dans la confrontation des « grandes nations » nostalgiques du temps de leurs empires et splendeurs moins con…testées par le monde nouveau.

C’est fini pour aujourd’hui.