Les Anglais ont beaucoup d’humour et gardent une distinction de gentleman, noblesse oblige, en toutes circonstances, même quand ils pourraient trouver que leurs voisins triple AAA ont des coutumes un peu étranges. Sinon, il (se ? nous ?) diraient : « Mind the gap« .
A la City, le chabada-bada franco-allemand n’a jamais eu tellement bonne presse, même hors des tabloïds et de The Economist. D’abord, à cause de l’Euro-Mark parce que c’est bien sympa que les Européens du continent puissent se payer du pétrole à bon compte (qui fait les bons amis) et importer des masses de bagnoles plus ou moins de luxe (stupidement rapides et lourdement chargées de pare-buffles et pneus énormes mais c’est un autre sujet, ou pas) pour pouvoir surconsommer leur diesel avec un Euro surévalué en venant en ferry ou en Eurostar faire du tourisme linguistique et dépenser leurs économies en payant une fortune le parking à Londres mais comme l’industrie automobile britannique a été vendue aux … Allemands (un peu aux Indiens aussi, et Honda a une usine pour vendre en Europe) et que le pétrole écossais n’est pas éternel, le miracle du Sterling-Dollar n’est pas plus durable que le AAA français, les emplois sont presque aussi précaires que chez les construct(u)eurs dits français et les dividendes s’exilent au moins aussi vite que les collaborateurs entrepreneurs nés français mais conducteurs d’Audi, de Mercedes ou de Porsche vers Bruxelles ou Genève. Ensuite, à cause de ce G20 en France et toussa-toussa où les continentaux passent leur temps à critiquer la City et à répéter comme Lord Turner que l’hypertrophie de la finance est une maladie qui doit être traitée vigoureusement quitte à recapitaliser amputer sans ménagement (management ?) et à s’indigner contre les paradis fiscaux des autres et à se moquer de #occupylondon parce que aux pays 1% ; dans les cantons d’Europe continentale chez eux jusqu’ici tout va bien à part pour quelques djeuns mal logés qui squattent sous la tente de l’arche de la Défense. Et puis il y a cette histoire d’écart de taux entre les vrais AAA (Allemagne de l’Ouest, Allemagne de l’Est et reste de l’Allemagne) et les ersatz d’Allemagne d’Euroland : autant on peut comprendre à la City que la catholique Bavière n’emprunte pas exactement au même taux que les rigoureuses cités hanséatiques et que quelques descendants de chevaliers teutoniques désargentés fassent la manche (passer la Manche, ce serait un autre sujet), autant c’est quand même ennuyeux que les taux allemands soient tellement bas que les marchés financiers préfèrent acheter des junkbonds de pays Club-Med qui servent des taux BCE à la française voire encore meilleurs plus au Sud, quitte à swapper, repackager en fond vautour pour investisseurs zavisés ou synthétiser en assurance-vie pour épargnants zinquiets ou plus pire si affinités pour avoir le beurre des taux élevés, l’argent du beurre du risque mitigé, et le dividende pour la crémière avec des actions Société Générale en solde à 15 Euros qui mettent le DAB en centre-ville parisien au prix de la baraque à brochettes d’un rafiot grec rouillé. Mind the gap …
On ne peut évidemment attendre qu’ironie et condescendance de The Economist et de la plupart des autres habitants de la City pendant les heures de bureau, mais d’autres sujets de Sa Gracieuseté, qui sourient sous leur chapeau melon en songeant que l’Eurostar arrive à … Waterloo Station, ont ri comme des baleines quand la compagnie a acheté des trains Siemens et sont tombés de leur tabouret au pub quand ils ont appris que c’était plutôt pour relier Londres à Amsterdam et à Cologne que pour aider les petites anglaises à aller faire fille au-pair autour de la Gare du Nord. Si on était mauvais coucheurs et si on n’avait pas besoin des Anglais pour lutter contre la désertification rurale dans le Sud-Ouest et le risque de disparition de l’humour un peu partout en Gaule profonde surtout en période électorale, et si ce n’était une bonne nouvelle pour un peu d’emploi et de pouvoir de consommation souriante à la saison des Fêtes que Marks & Spencer rouvre aujourd’hui sur les Champs Elysées, on pourrait leur dire de minder leur own gap aux mangeurs de cassoulet sucré-salé. Mind the gap …
On ne peut évidemment espérer que moquerie plus ou moins justifiée du pays des Beatles et des Stones mais si des sujets de Sa Rockn’Rollité ricanaient en écoutant le pays de la Marseillaise et de la Carmagnole se pâmer comme des ex-fan des sixties devant Charlotte et Lulu (no comment sur Jane qui a bien décliné depuis qu’elle vit au pays des manifs en bus anglais et de la gadoue sonorisée) et riaient de bon coeur en voyant ce que le bel canto et cinecitta deviennent quand Carla Bruni s’exile en France et souriaient un peu jaune en regardant les élites de la France en Audi, Mercedes et autres Porsche aller à Bayreuth pour tester les moteurs de leurs substituts de patriotique virilité sur les autoroutes sans limites de vitesse écouter du Wagner avant la fête de la bière, on aurait déjà un peu moins envie de leur dire de minder leur own gap sous leurs écouteurs de Walkman vidéo toutes options made by América in China ou by Korea in Taiwan ou by Archos « Entertainment your way », vive la France, mais on n’est plus très sûr d’à qui appartient la boite aujourd’hui (demain est un autre jour, à chaque jour suffit son exil, sa déloc’, son plan social, son massacre en bourse ou son rachat de pépite française par un investisseur étranger plus ou moins bien intentionné même si parfois c’est juste un faux nez d’exilés fiscaux) ni d’où sont fabriqués en ce moment les bastringues wi-fi spécial pouvoir d’achat de trucs pas trop indispensables et bien désastreux pour l’emploi, le neurone et pas très essentiels à l’adaptation à la crise ou la préparation de l’avenir (Noël approche très vite). Mind the gap …
De nombreux Anglais (maudits, mais c’est une autre histoire, celle de Nouvelle France) protestants pensent à tort ou à raison que ce n’est pas pour rien que quelqu’un a creusé des canaux anti-Bonapartistes entre le Royaume-Uni et ses anciennes colonies catholiques du Sud. Ils (se) diraient que c’est une sage précaution que quelqu’un ait prévu des falaises anti-grenouilles à Douvres et des syndicats anti-navires partout en France. S’ils n’avaient pas eux-mêmes viré Churchill et si certains sujets de sa Royaleté n’avaient une certaine idée de l’Europe un peu surprenante, ils (se) diraient en voyant les pantalonnades politiques françaises qu’il faudrait qu’on « mind the gap » avec nos zélites élus, et pas seulement avec les députés européens qui gagnent 14 000 euros par mois et ne sont pas tous exemplaires ni très assidus dans la guerre écologique franco-française économique mondiale. Ceci dit, des héritiers du trône britannique spéculant sur les puces parisiennes et/ou engrangeant les subventions agricoles européennes, on pourrait leur répondre de minder leur own gap si nos politiciens professionnels et nos journalistes n’étaient pas parfois au moins aussi peu « gentleman« , honni qui DSK par « exemple » y pense, que ceux qui parlent dans les médias d’Albion. Mind the gap …
De nombreux sportifs britanniques (y compris ceux revenus fesses rouges de Nouvelle Zélande contre toutes les attentes de leurs militants, tenanciers de débits de boissons et autres bookmakers, mais c’est une histoire, ou pas, et c’est pas avec notre Real-Rugby à la française 2011 et notre foot « à la PSG et OM pour ne rien dire de la main de Henry » qu’on peut donner trop de leçons de ballon-ballon) pensent à tort ou à raison que ce n’est pas pour rien que quelqu’un avec une main invisible aussi puissante qu’implacable a rempli les urnes du comité olympique et que c’est heureux que les jeux 2012 aient lieu à Londres et pas à Paris, même si Yannick Noah n’y passe que rarement pour un tour de chansonnette militante à la Bastille en saison électorale ou un peu de buzz en période d’achat de disques de Noël. Ceci dit, les sujets de Sa Sportivité nous ayant déjà débarrassé de pas mal de joueurs de foot, on pourrait ne pas leur répondre de minder leur own gap sur ce coup là et leur exiler quelques sportifs supplémentaires puisque de toute façon, même s’ils ne sont pas tous chanteurs de sornettes ou fumeurs de bizarreries, ils sont rarement aussi exemplaires qu’un communicant politique et font en général encore moins la pub pour les produits naturels de PME gauloises créatrices d’emploi pour les djeuns que les conducteurs de Porsche. Mind the gap …
Les marins de Sa Marinitude qui déjà considéraient que Yorktown est l’exception qui confirme la règle selon laquelle les navires de notre Royale à nous coulent comme à Trafalgar quand ils rencontrent des vaisseaux battant pavillon de leur Union Jack à eux, et que le Titanic est l’exception qui confirme la règle selon laquelle « Rule, Britannia ! Britannia, rules the waves! » ne s’inquiètent pas outre mesure de la concurrence de SeaFrance avec ou sans médiateur ou SCOP ou whatever France may invent that never works quand les syndicats professionnels et politiciens de l’étape, et vice-versa jouent le conservatisme des emplois militants hors de l’économie réelle en période de tension budgétaire et d’endettement contraint sous peine de faillite immédiate, parce qu’ils ont déjà vu le coup du « France » et l’histoire de la SNCM, pour ne rien dire de la marine marchande. Notre Sénat aura beau leur montrer la carte (électorale ?) de notre Outre-Mer et dire que leur Empire n’est plus qu’un Commonwealth encore moins gouverné que notre Union Européenne, leur Chambre des Lords perfidera que le Charles de Gaule actuel est plus souvent en révision à Toulon qu’en victoire navale et que celui d’avant fut plus longtemps en traversée du désert que Lawrence d’Arabie, plus victorieux à Londres qu’en Francophonie et presque mieux accueilli de son vivant en Irlande qu’en France … Quant à Napoléon, c’est un sujet qui fâche vraiment alors on préfère les uns et les autres minder notre own gap en se parlant d’entente cordiale d’un côté, d’Europe des tribus ; villages nations et autre bonnes blagues de l’autre pendant que les Allemands et les Asiatiques fabriquent des bateaux qui marchent (nec mergitur, really, eux) pour transporter les machins et les bidules qu’ils construisent pour exporter dans leurs Empires économiques du 21è siècle. Mind the gap …
Quant aux politiciens d’Outre-Manche qui avaient déjà un peu marmonné « shocking » quand Cameron avait été exclu des réunions « Euroland » au sommet de tous les dangers pour l’Euro(pe) à Bruxelles et qui ont rappelé au G20 de Cannes que les Anglais avaient découvert la Côte d’Azur et inventé le Bordeaux du dîner, ils pourraient nous narquoiser que si eux aussi ont un hiatus entre les frères Cameron, au moins le Royaume-Uni a-t’il clairement séparé les fonctions entre une famille royale qui représente mais ne chante ni ne gouverne et des dirigeants, par ailleurs pas toujours formés dans une école des gestion des administrations publiques et auxquels il peut arriver de retourner à une vie professionnelle normale, qui ont globalement renoncé au suffrage héréditaire. Ils pourraient nous ironiser au nez que chez eux le frère qui n’est pas aux manettes ne joue pas les financiers défaitistes dans les médias depuis chez Carlyle, fond d’investissement spéculatif américain par ailleurs souvent caisse de résonance d’intérêts américains particuliers et rarement considéré comme ayant comme objectif l’intérêt général du citoyen des restes du monde, la durabilité des emplois français ou la bonne santé des banques européennes (dont on rappellera que ça fait un ou deux mois que Christine Lagarde suggère la recapitalisation urgente par principe de précaution et que les idiots utiles procrastinants de la spéculation anti-Europe préfèrent attendre qu’encore un peu plus de capital ait changé de mains, plus ou moins propres, avant de changer demain …). On pourrait dire aux perfides lecteurs de The Economist de minder leur own family business mais il ne faudrait pas qu’ils nous demandent des nouvelles du reste de la famille, par exemple de l’autre frère, celui du Medef, dignitaire de la Légion d’Honneur pour s’être battu (et l’avoir été) pour le textile français entre un passage au Conseil Economique et Social et un mandat dans l’assurance complémentaire privée. Mind the gap …
God save the Queen France et … mind the gap.
©2011 Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 24 novembre 2011
Ps : les Anglais ont été un peu perplexes quand on a commencé à couper les têtes de 1% qui dépassaient à volonté il y a deux ou trois siècles et se sont un peu inquiétés quand le très efficace et chanceux sur terre en général (mais moins talentueux en mer, ce qui fut une grande satisfaction à Westminster) caporal Bonaparte s’est mis en tête de fédérer et si possible #occupy plus ou moins 99% de l’Europe après avoir traversé un pont à Arcole et vu les Pyramides, et ils ont presque levé un sourcil en entendant parler d’un projet de salon nautique en décembre à Paris et des ambitions d’un capitaine de pédalo et quelques autres politiciens professionnels pour 2012 et plus si affinités en France mais ils ont vite compris que nos révolutions, réformes et autres élections n’étaient pas des choses sérieuses, ni très graves, ni particulièrement durables, et que toute la famille du très écologiste Prince Charles pouvait dormir sur ses deux oreilles sans trop d’angoisse pour ses subventions européennes de la politique agricole commune et que les moutons veaux nobles grands d’Europe seront bien horse-guardés pendant que le Sénat français fête Thanksgiving en proposant le droit de vote local aux roturiers étrangers non diplômés européens en sachant très bien que le Président peut et va bloquer le projet et qu’il y a quand même d’autres urgences, même électorales, même institutionnelles, même franco-gauloises, peut-être. Mind the gap …
C’est fini pour aujourd’hui parce que c’est Thanksgiving et que comme on a gagné à Yorktown, nous, on à d’autres dindes (d’Inde ?) à célébrer avec ou sans sauce à la menthe.
By the way, les dindes twittent-t’elles aussi beaucoup pour Thanksgiving ?
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Hello Mr Favier, pas mal vos petits bulletins, comment fait-on pour recevoir vos billets regulierement, y’a un truc ? Faut que je demande a ma fille comment faire ?
Bien le bonjour du bout de l’Afrique (RSA) ou le parlement a adopte une loi pour museler la liberte de la presse, ca, c’est du lourd, mieux que Federer aux Masters. D’ailleurs, je vois bien Ferrer creer la surprise.
Bon courage ce w-e pour le clasico PSG – OM
Marc Gastaud
PS : je suis Marseillais he he he
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Sinon, il y a Twitter et surtout les e-books Net-Land-Art sur youscribe, moins multimédia mais plus téléchargeable http://www.youscribe.com/catalogue/tous/actualite-et-debat-de-societe/?sort=nb_reads%7c1
Cordialement RF
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