Pour faire un bon cocktail pour une séduisante « une » politique en dehors de toute actualité électorale franco-française, de tout décès médiatique ou réel dans le paripoliticosme, un dimanche de pré-printemps, il faut (au moins) trois composantes :

– La photo : s’il n’y a pas quelque chose d’exotique genre Tombouctou, le Kremlin, ou le salon de l’agriculture, il faut inventer. Force est de reconnaitre au JDD que, si son montage sur internet n’osait qu’un écho très approximatif à « Drôles de Dames », si tout le monde préfèrerait ne pas voir le protestationnisme en premier plan sur son écran, et si l’ordre du « podium » affiché sur le net n’était pas celui du tiercé annoncé, il attirait plus agréablement l’oeil de geek qu’une image de ministre dans l’action à son bureau, un véhicule diesel en côte raide, ou une illustration du dialogue social autour d’une usine en difficulté.

  – Le sujet : non pas que les duels fratricides intra tel ou tel parti français, les duels « normaux » intra politicosme sur tel ou tel sujet français ou local, ou les duels intergénérationnels où untel ou tel autre pas encore totalement rangé des voitures officielles croit indispensable de rappeler qu’il reste « en réserve de la République au cas où, sur un malentendu … » et mélenronchonne virilement dans son porte-voix (les mots ont un sens, il y a le porte-fligue, et le porte-voix dans la valise de tout politicien ambitieux) avec relais de twittos, facebookeux et communicants, mais la plupart des citoyens, électeurs, et lecteurs ont compris que la guerre économique (écologique, aussi) mondiale est un sujet un peu important, même pour la France. Que ce n’est pas juste une abstraction, une question de transferts de fonds spéculatifs d’un paradis fiscal à l’autre avec variation quotidienne virtuelle de 1% du cours d’une devise, d’un indice ou d’un taux de ceci ou ceux-là, d’échange sur e-Bay de tel ou tel joueur ou club de foot, ou du communiqué final écrit d’avance de telle ou telle réunion de maîtres de l’univers en station de ski, bord de mer ou palais de capitale où les hôtels sont aux nouvelles normes globales (c’est peut-être un peu pour ça que tous les palaces parisiens sont racheté par des investisseurs étrangers).

– Le personnage : la femme préférée des Français, surtout si elle prend la peine de faire le job en avalant les décalages horaires et les réunions rarement très amusantes, de parler un excellent anglais en essayant qui plus est d’écouter et comprendre ses interlocuteurs, et de mettre une touche d’humour pour éviter de tout transformer en guerre d’égos et donner une bonne image de la France à l’international (il faudra vérifier s’il reste des fabricants de bérets made in France), même si c’est dans la catégorie « homme politique », c’est attractif.

Et si, en plus, il y a un petit côté nature, « out of the box » sinon franchement écolo, ça ne peut faire que plus de bien à l’image de la France que les atermoiements sur la niche fiscale du diesel …

« La femme la plus puissante du monde », selon le magazine allemand « Stern », c’est peut-être un peu flatteur, mais que le « parler vrai’ sur l’économie mondiale en général et française en particulier arrive en tête des sondages en France et soit apprécié à l’étranger, c’est une petite satisfaction dans un monde compliqué, même si la « une » du JDD ne fait pas le printemps.

Renaud Favier – 4 mars 2013 – Café du matin à Paris

PS : écouter quelques minutes d’itw en français de C Lagarde au dernier « Davos », ça ne peut pas nuire au neurone avec le café du lundi matin http://www.youtube.com/watch?v=5kiV7xkseyQ