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Austerlitz symbolise les succès militaires bonapartistes, à tort ou à raison, alors qu’Arcole est à peine plus chanceuse, bien plus émouvante et surtout, républicaine (la mort de Muiron sauvant Bonaparte, commandant de l’Armée d’Italie, en faisant écran de son corps, c’est beau comme de l’antique et pour la République fille des Lumières, alors que les boucheries napoléoniennes d’ensuite, avec leurs maréchaux d’Empire vieillissant et/ou trahissant l’Empereur, sont grosses des guerres mondiales suicidaires pour l’Europe et pour ce qu’il restera de la France au début du XXè siècle, s’étourdissant de souvenirs de grandeurs entre bordels parisiens en et pour tous genres, tables pour rentiers provinciaux et politiciens déjà au-dessous de tout à quelques exceptions palliatives près, et terrasses pour archiducs et mondaines), et que d’autres victoires napoléoniennes furent au moins aussi importantes pour l’Empire.
Mais Austerlitz serait-il (elle ?) bling de droite ?
Au-delà de l’éternel débat sur la bonne étoile de Bonaparte soldat de la France, d’Arcole à Austerlitz, cette chance insolente dont l’aile frôla l’Empereur des Français (et de quelques autres) jusqu’à Waterloo, et des désolations sur les traitrises envers Napoléon, au premier rang desquelles celle du temps passé qui transforma généraux affamés de victoires en maréchaux anoblis errant de conquêtes sans gloire en rafistolages d’Histoire, Albion n’ayant été que le grand, forcément grand, mais avec un petit « g », complice au bras de la France petite, férocement petite, mais avec une grande bouche comme la grenouille de l’histoire, on peut/doit se demander, le 2 décembre, si Bonaparte était de gauche, Napoléon de droite, et/ou les deux, ou moins bas que ça ?
Mais Austerlitz (qui comme chacun(e) sait s’il/elle a ouvert un manuel scolaire français dans sa vie, est un éclatant triomphe français d’avant, du côté d’où se lève le(s) soleil(s), quelque part dans le temps, en Europe quand on parlait français partout où ça comptait, entre Gergovie, Marignan, la station taxi de la Marne et la bibliothèque de Tombouctou), c’est à/de gauche, ou à/de droite ?

Austerlitz est rive gauche, on peut y aller au soleil, notamment en métro aérien ou en Batobus – Crédit photo : Gamekult
«Il n’y a plus la gauche et la droite. Il y a les gens qui sont en haut et qui veulent voir les grands horizons parce qu’ils ont une très lourde et lointaine tâche à accomplir ; il y a les gens qui sont en bas et qui s’agitent dans les marécages» déclarait de Gaulle (qui ne tchatchait pas seulement que pour ne rien dire et être élu comme les politocards de maintenant) en 1948.
Vaste, shakespearienne question (et merci de ne pas polluer ce post avec des secondarités à la mode sur la sexualité de Shakespeare, ou les goûts (mauvais, forcément, férocement mauvais, ces gens mettent de la sauce à la menthe sur le gigot) d’autres Anglais dont personne n’ignore ce(ux) qu’ils sont, des adversaires aussi cordiaux que coriaces, le reste est littérature (pour) britannique (plus excitante à offrir comme cadeau de Noël que les tristes prix littéraires parisiens contemporains, même décorés aux couleurs de saison de rubans rouges ou breloques clinquantes, au demeurant), de Byron à Joyce en passant par qui vous voudrez, comme il vous plaira …
Quant à Austerlitz, la France a gagné, comme en 40, c’est tout ce que l’Histoire retiendra.
Renaud Favier – 2 décembre 2014