Georges s’indignait déjà au siècle dernier que c’était la crise, la faute aux ploutocrates et qu’il fallait aller chercher l’argent là où elle était. Il parlait déjà de valises, scandales et autres affaires financières d’état. Irait-il à la fête de l’Huma ou regarderait-il TF1 ce dimanche ?
Il voulait croire en des lendemains qui chanteraient grâce aux jeunesses révolutionnaires de France et du monde (les lecteurs, faute d’électeurs) : il serait certainement ravi que le sémillant sénateur Mélenchon tienne haut le flambeau de la main gauche pour allumer le feu des merguez rebelles annuelles et chauffer le public des tours de chants sympathisants même si les djeuns indignés avaient préféré rester danser en ville et si le jeune favori des primaires de la gauche de gouvernement avait piscine samedi tandis que l’autre jeune ex-favori du peuple de gauche, toujours un peu étudiant attardé, voulait réviser son interview TV de dimanche chez Claire Chazal. Que penserait Georges des djeuns rebelles 2011 ?
Georges savait reconnaitre un démocrate populaire réel et ne s’en laisserait pas conter par une bourgeoise à rang de perle flirtant au centre ou écrivant le brouillon du programme sécuritaire de la droite, moins encore par un technocrate auto-bronzé fana des caméras qui va apprendre l’anglais à l’Ouest plutôt que de réviser son marxisme pour les primaires. Que penserait-il en 2011 de la mode « vintage » et des héritiers des Bérégovoy, Delors ou autres Rocard tentant d’incarner une gauche « morale », une gauche sympa, un socialisme sans valises ni barbouzes, une gauche du 20ème siècle tendance utopies sixties ?
Il ne voulait pas désespérer Billancourt hier mais il serait désespéré par Billancourt aujourd’hui s’il voyait le bobo-restau éphémère de l’Île Séguin (le cirque d’il y a quelques semaines, ça l’aurait moins choqué, probablement, les cages et les chaines des animaux lui auraient rappelé le bon temps du Goulag et les clowns tristes celui du programme commun). Que dirait Georges aux travailleurs français du 21ème siècle (parlerait-il pas aux chômistes pas syndiqués ? Aux retraités pas affiliés au Parti ?) ? Nous ferait-il encore sourire ?
Ce qui l’a sauvé du désespoir et de l’assommoir et qui le sauverait encore aujourd’hui de la déprime et du prozac, probablement, c’est l’humour.
Le meilleur moyen de le savoir, ce serait d’aller visiter le siège du PC Place du Colonel Fabien pour les journées du patrimoine pour connaitre les vrais rêves de notre Petit Père des Peuples à nous.
Sinon, il y a bien la fête de l’Huma et ses vieilles gloires mais Joan Baez a déjà fait son tour de chant, Lavilliers est déjà reparti et il n’y a pas grand chose à part Yannick Noah aujourd’hui : pas sûr que Georges ne préfèrerait pas la Techno Pride, ou même la Fête de la Bière de Munich parce que l’Oktoberfest en septembre, c’est quand même plus révolutionnaire que le programme du Front de Gauche de la Fête de l’Huma 2011.
En tout cas, Georges dirait « merci » à la mondialisation du 3ème millénaire, parce que le match de rugby de la France à 10h30 du matin un dimanche (avant DSK chez Claire Chazal, ce second match de la journée étant également diffusé sur TF1), ça empêchera mieux que la loi de 1905 le bourgeois et les autres grenouilles (béni-tiers état ?) d’aller au golf ou à confesse, et ça n’interdit pas d’écouter une émission littéraire du temps de la perestroika avec Georges Marchais sur youtube en même temps. C’est mieux que du temps où on invitait n’importe quel paroissien corrézien au barbecue par fidélité à la légende selon laquelle Chirac distribuait l’Huma dans sa jeunesse (plus personne, surtout lui, ne s’en souvient, mais on n’est pas à une légende près en politique française).
C’est la
lutte finale.
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 18 septembre 2011
Oui sa truculence me manque
😉