Gaston Lagaffe ne se mettrait pas la rate au court-bouillon parce qu’une agence de notation américaine a gaffé en revenant en arrière sur sa saine réaction immédiate à l’abandon de la taxe sur les hôtels de luxe genre Carlton ou Sofitel. Parce qu’il a le sens de l’humour.
Lagaffe est tolérant. Il sait que ça peut arriver de faire une bourde.
Même une grosse bourde avec dommages colatéraux.
Même une énorme bourde dont les conséquences peuvent être catastrophiques.
Alors il (se) dirait qu’il n’y a quand même pas de quoi fouetter le chat.
Pas de quoi s’énerver et sombrer dans la violence verbale, voire barbare si affinités.
Surtout que personne ne sait où est le chat et ce qu’il a vraiment fait (ou pas).
Et qu’on trouve toujours une solution, sinon c’est qu’il n’y avait pas de problème.
Lagaffe est optimiste. Il sait que comme tous les diplômés en administration et autres professionnel(le)s de la politique française rivalisent pour le concours Lépine de l’ascenseur social qui redescendra toujours plus vite et que tous les citoyens électeurs mettront du leur à la grande cause nationale de l’Euro-CFA pour les Club-Med et de l’Europe allemande pour tout le monde sauf les Anglais, la France est bien partie même si Standard & Poors recule pour cette fois.
Lagaffe est optimiste. Parce qu’il sait que tous les concurrents internationaux du pays des 1% et des manifs par procuration, et toutes les agences de notation globales se mettent au boulot pour essayer de #occupy ailleurs, genre Italie, Grèce, Wall Street (on ne parle plus de l’Espagne et des indignados, ça va mieux là-bas ?) etc …, les caméras des chaines spécialisées en bourdes et absurdités économiques. Parce qu’il sait que nos zexperts ont 30 ans de réseautage d’avance avec les lobbyistes et une palanquée d’anciens combattants soixanthuitards ou autres autobronzés médiatiques qui assurent l’audimat avec les présentateurs TV.
Lagaffe est optimiste. Il connait son talent et il fait confiance à la France (con-France ?).
Lagaffe n’est pas trop inquiet de la réaction du patronat français : une erreur ou anticipation de Standard & Poors ne va pas traumatiser les épargnants chinois qui continueront à acheter
de l’Armagnac en solde des PME à marchés établis ou technologies prometteuses, ni désabracadrantesquer la fiscalité des heures supplémentaires ou le statut des jeunes entreprises innovantes.
Lagaffe n’est pas trop paniqué de la réaction des journalistes éco-politiques contrariés de devoir remettre au placard leurs papiers sur le déclassement de la France et se remettre devant leurs claviers et écrans alors que la météo du 11 novembre s’annonce excellente et que c’est le week-end prolongé ou jamais pour faire des soldes pour Noël ou planter quelques arbres fruitiers au cas où les temps deviendraient plus durs : les articles remisés serviront sans aucun doute à la prochaine reculade sur une mini-réforme fiscale, à la prochaine délocalisation massive ou au prochain tsunami sur les marchés financiers. Tout au plus faudra-t’il changer la date et peut-être le nom de l’agence de notation qui fera le sale boulot.
Lagaffe n’est vraiment pas impressionné par les gesticulations des (im)puissances publiques et des gendarmes de bourses (ou autres lieux aux hormones toxiques) : il sait que le principe du « responsable mais pas coupable », la jurisprudence « toc-toc » ou le non-lieu avec ou sans question préalable de constitutionnalité éviteront aux (ir)responsables de tester des carrés VIP derrières des barreaux et aux comptes publics la surpopulation carcérale.
Mais Lagaffe comprendrait la tristesse de Fantasio pour la France et l’Europe. Pas seulement parce que c’est le 11 Novembre et qu’il a comme tout le monde des ancêtres gravés sur les monuments aux morts. Pas seulement parce que les notables vivants (plutôt bien) envisagent d’oublier les citoyens morts (généralement pas dans leur lit) de l’avant-dernier suicide militaire européen par principe de simplification administrative (simplet ?) genre RGPP, avec agences de conseil en organisation et en communication. Pas seulement parce qu’il sait bien que personne ne réagira comme il faudrait à la « bourde » de Standard & Poors qui va devenir comme tout le reste un signal ignoré et vite oublié, enjeu de lobbying et contre-lobbying, otage des prochaines élections au canton français et victime des clientélismes et démagogies de toutes les rives des canaux historiques de Gaule (de de Gaulle aussi, hélas).
Tout cela n’empêcherait pas Gaston de se réjouir comme tout le monde que la France ait reconquis le titre de plus grand producteur mondial de vin cette année même si le millésime reflètera la médiocrité de la météo de l’été : ça fera plaisir aux exilés fiscaux et milliardaires étrangers propriétaires de grands crus et donnera aux viticulteurs chinois un nouveau record à battre, et il est même possible que des vignerons français trouvent des marchés sans que les prix ne soient trop tirés à la baisse par la hausse des volumes.
Cela n’empêcherait pas Gaston qui a toujours été vraiment écologiste de se dilater (un peu jaune quand même) la rate en voyant les professionnel(le)s de l’écologie politique faire la danse du ventre, à Solférino et ailleurs, et des stages de parachutisme pour obtenir quelques sièges confortables à l’assemblée nationale et compléter leurs quotas au Sénat et au Parlement Européen. Pendant que leur candidate à l’élection présidentielle parle de tout sauf du changement climatique réel, de la biodiversité en voie de disparition ou de l’agriculture responsable compétitive : il est vrai qu’elle est originaire des alentours d’Oslo, éternelle rivale un peu rustique de Copenhague où l’on parle une autre variante de Scandinave.
Cela n’empêcherait pas Gaston de se passionner pour les sondages et autres jeux
d’argent de hasard de la vie politique française.
Alors Gaston (se) dirait que rien n’est perdu et que le génie français permettra au pays des taxis de la Marne de surmonter les délocalisations des industries des transports, les sauts technologiques et les transitions énergétiques.
Alors Gaston (se) dirait que rien n’est perdu et que le génie français permettra au pays aux DOM-TOM sur toutes les mers du monde et aux et aux médiacrates champions de l’auto-bronzant de devenir le bronze-fesses du monde entier dés que la Grèce, l’Italie et l’Espagne auront mis des éoliennes sur toutes leurs plages pendant que les pays du jasmin imposeront le port du voile pour la baignade et la navigation en mer, fut-elle à vapeur.
Alors Gaston (se) dirait que le pire n’est pas certain et que le génie français permettra au pays de BHL et de l’art français de la guerre (économique ?) de continuer longtemps à écrire des livres que le monde entier nous envie
plus que les insultes à Gutenberg que sont les écrits politico-électoraux de rentrée écrits par des stagiaires et que les jurys des prix littéraires apprécient de lire commenter autour d’un bon banquet républicain.
Alors Gaston (se) dirait que le pire n’est pas certain si tout le monde pédale un peu (plus) dans le même sens sans trop mettre le pied sur le frein, mais que le scénario n’est pas écrit d’avance comme un bulletin Standard & Poors et que ça va être compliqué de ré-inventer le
couple tandem franco-allemand maintenant qu’on en revient au gazogène.
M’enfin !
Renaud Favier – renaudfavier.com – musique ! – 11 novembre 2011
Ps : Gaston (se) dirait quand même que quand on voit ce qu’on croit (voir), qu’on entend ce qu’on croit (entendre) et qu’on sait ce qu’on croit (savoir), il y aurait de quoi ne pas penser ce qu’on croit (penser).
C’est fini pour aujourd’hui, parce que le 11 Novembre est un jour férié et qu’un acquis social avantageux, ça doit se respecter.
Même Twitter est un peu en berne le 11 Novembre.


















































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